Que font les enfants des autres sur Internet?

Tanya O’CallaghanAffiché par Tanya O'Callaghan

Comme parent, c’est parfois difficile, voire même impossible, de ne pas comparer nos enfants à ceux des autres. Bébés, c’était l’âge auquel ils ont fait leurs premiers pas ou prononcé leurs premiers mots.

L’an passé, alors que j’essayais de décider si je devrais laisser mes deux filles, alors âgées de 7 et 8 ans, partir seules en vélo pour l’école, j’ai mentalement fait le tour des autres familles du quartier, me demandant quel niveau de liberté et d’autonomie était accordé à leurs enfants.

Cette année, la grande question, c’est que font les autres en ligne?

Comme la plupart des enfants de leur âge, mes filles passent déjà pas mal de temps à naviguer sur Internet. Elles reçoivent des courriels de leurs cousins, elles jouent à des jeux comme Minecraft avec leurs amis. Bien qu’elles nécessitent bien sûr un certain niveau de surveillance, leurs activités en ligne sont, à date, assez innocentes.

Récemment, par contre, elles me sont revenues de l’école en parlant d’un tel qui suit Justin Bieber sur Twitter, et d’une autre qui a un compte Facebook – deux choses qui ne sont toujours pas permises chez moi. Mais, je me demande, suis-je « cette maman, » la seule, la dernière, celle qui prive inutilement ses enfants des activités en ligne que la plupart des autres font déjà?

Suite à un sondage de 5 436 élèves de la 4e à la 11e année dans chaque province et territoire effectué en 2013, HabiloMédias a récemment publié un rapport illustrant les activités et les opinions des jeunes en ligne, et les conclusions sont des plus intéressantes. Entre autre, j’ai trouvé la réponse à ma question sur l’accès à Facebook : il paraît que le tiers des enfants de la quatrième à la sixième année ont un compte Facebook, et ce, en dépit des conditions d’utilisation qui interdisent aux enfants de moins de 13 ans d’utiliser ce site. Les abonnés du même âge à Twitter sont moins nombreux à 16 pour cent, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y en a probablement plusieurs d’autres (dont ma benjamine que j’ai attrapée un jour) qui accèdent aux fils publics Twitter de leurs vedettes favorites sans toutefois avoir leur propre compte.

Plus que l’accès à Facebook ou Twitter, par contre, les résultats de l’étude m’ont forcée à bien songer au monde dans lequel nos enfants grandissent. On sait tous que les jeunes d’aujourd’hui sont branchés. Après tout, ce sont mes filles qui ont montré à leur grand-mère comment on achète de nouvelles « apps » sur son nouveau iPad. Et c’est à cause de mes filles que j’en connais trop sur les vidéos de chats sur Internet.

Mais saviez-vous que 99 pour cent de nos jeunes ont accès à Internet à l’extérieur de l’école? Un pourcentage autrement plus élevé que la moyenne canadienne, selon une étude de l’Autorité canadienne pour les enregistrements Internet, qui estime que « seulement »  un peu moins de 80 pour cent de la population accède à Internet.

Pas surprenant, près de la moitié des enfants de la quatrième à la sixième année ont accès à un téléphone cellulaire (le leur ou celui d’un proche). Après tout, je ne connais à peu près pas d’enfant qui n’a jamais demandé à ses parents s’il pouvait jouer à Angry Birds en attendant en ligne à l’épicerie ou chez le médecin. Mais comme maman d’une enfant de quatrième année, ce qui m’a coupé le souffle, c’est qu’un quart – 24 pour cent – des enfants de cet âge ont leur propre téléphone. Moi qui me trouvais permissive parce que les miennes ont des iPod Touch…

D’autres conclusions du rapport sont peut-être un peu moins surprenantes. Par exemple, ce sont les activités sociales qui dominent les activités en ligne les plus fréquentes des jeunes :

  • jouer à des jeux en ligne (59 %);
  • télécharger ou diffuser de la musique, des émissions de télé ou des films (51 %);
  • lire ou publier sur les sites de réseautage social d'autres personnes (52 %);
  • publier sur leur propre site de réseautage social (41 %);
  • publier sur leur propre compte Twitter (21 %);
  • suivre des amis ou des membres de la famille sur Twitter (21 %);
  • suivre des vedettes sur Twitter (20 %);
  • jouer un tour à quelqu'un (20 %).

Parmi les sites préférés, YouTube est en tête de liste (rappelons, comme mentionné ci-dessus, l’amour de mes enfants pour les vidéos de drôles de chats…) Pas surprise non plus que Facebook, Twitter, Tumblr, Instagram, Minecraft et Hotmail figurent sur la liste.

Comme le rappelle l’étude, par contre, ces sites permettent aux utilisateurs de publier et partager de l'information et du contenu, ce qui souligne la nécessité d'enseigner aux jeunes des compétences leur permettant de comprendre les notions de vie privée, de permanence numérique, de prise de décision éthique et de protection des renseignements personnels.

Selon l’étude, environ 90 pour cent des jeunes croient savoir se protéger en ligne – une marque de confiance peut-être un peu exagérée, surtout lorsqu’on lit que 30 pour cent des enfants de la quatrième à la sixième année ne sont jamais en présence d’un adulte lorsqu’ils naviguent sur Internet.

J’avoue que mes filles me surprennent par leur compréhension des dangers potentiels d’Internet, et je suis fière des précautions qu’elles ont su prendre et du jugement qu’elles ont démontré à date. Ceci dit, pour l’instant, peu importe ce que font les autres, et la liberté que leurs parents leur accorde en ligne, les données du sondage m’ont confirmé que je suis bien heureuse de faire la mère poule et de limiter ou strictement surveiller les activités Internet de mes filles. Ce sont, après tout, des moments privilégiés pour les éduquer au sujet de leur vie numérique pour le jour où je n’aurai pas le choix que de couper ce cordon ombilical virtuel.

Vous pouvez consulter le rapport La vie en ligne au complet à l’adresse : http://habilomedias.ca/jcmb/vie-en-ligne