L’amour, la vie de famille et les relations humaines au temps de l’infobésité

Marie-Josée Archambault

L’infobésité, vous avez déjà entendu parler de ce concept?

On parle ici de ce qu’on pourrait presque qualifier de pathologie de surcharge informationnelle. Un terme global pour définir ce grand courant dans lequel nous sommes tous aspirés au quotidien en raison de l’accès toujours croissant à une multitude de canaux de télévision ou de radios, de sites internet, et autres outils de communications que sont notamment nos portables et autres tablettes. Des outils technologiques qui font de nous des êtres surconnectés.

Et cela est loin d’être sans conséquence, j’en ai bien peur!

Vous savez, ce sentiment d’être complètement saturé face à l’avalanche d’information que tous, nous devons aujourd’hui traiter, et ce, de façon quotidienne.

Aussi, lorsque je suis partie en vacances en août dernier, pour la première fois de ma vie, j’ai eu cette impression d’être complètement saturée tant au cours de la dernière année, les médias, écrans et autres technologies numériques se sont incrustés dans ma vie. C’est pourquoi j’étais déterminée à déconnecter totalement du numérique pendant ces deux semaines d’arrêt. Et qui plus est ! J’avais même fait ce projet un peu fou d’entraîner toute ma famille dans le sillage de mes bonnes résolutions…

J’ai vite déchanté toutefois en réalisant que la chose était sans doute pas mal moins évidente à implanter dans la réalité que sur papier! Plus encore, j’ai été totalement consternée  de réaliser à quel point la chose était loin d’être évidente, tant les technologies sont en train d’envahir toutes les sphères de nos vies!

À ce titre : une anecdote dans laquelle tout parent se reconnaîtra peut-être ! Car bien sûr, c’est probablement comme ça que ça se passe dans bien des familles n’est-ce pas ? Junior qui un beau matin ensoleillé pendant les vacances, sitôt la voiture sortie de l’entrée du garage, demande à avoir le téléphone cellulaire afin de pouvoir s’immerger dans des jeux vidéo! Mais cette fois-ci, déterminée que je l’étais à déconnecter, et surtout, avec en réserve des tonnes d’arguments pour le convaincre, j’ai tenté de le persuader que ce serait sympa de regarder ce qui se passait autour.

  • Maman, est-ce que je peux avoir le téléphone?

Que ce serait génial de passer un moment à ne rien faire d’autre que d’observer les panneaux qui défilent le long de la route.

  • Maman, est-ce que je peux avoir le téléphone?

De se raconter des histoires

  • Maman, est-ce que je peux avoir le téléphone? 

Que si jamais il se perdait, de pouvoir reconnaitre son environnement – parce qu’il l’aurait « vu » de nombreuses fois – ça pourrait lui permettre de retrouver son chemin et de savoir où il se trouve

  • Maman, est-ce que je peux avoir le téléphone?…

Bref, vous voyez le genre !

Soupirs !

J’en suis bien consciente; nous sommes probablement nombreux dans cette situation ! Sauf que, complètement découragée, la maman en moi a fini – cette fois-ci - par lâcher prise !

N’en demeure pas moins que j’en suis venue à me demander comment, en tant que parent, il était possible d’insuffler une certaine hygiène de vie à nos enfants. Et cela, dans la mesure ou la chose semble désormais relever du plus pur fantasme, presque digne de la quête du Saint Graal, en cette ère ou pour les enfants, rien d’autre n’existe que le « virtuel ».

Pour la simple raison que comme Obélix dans la potion, ils sont carrément tombés dedans lorsqu’ils étaient petits!

Ainsi, sans doute est-il illusoire finalement d’espérer revenir à cette époque ou toute la famille, en voiture, profitait du moment pour discuter. Et que finalement, au lieu de « se battre contre la machine », nous aurions avantage à faire avec. MAIS en osant encadrer la consommation numérique de la famille au moyen de règles.

Des règles claires, précises, connues.

À ce titre, dans une recherche publiée le printemps dernier et intitulée Jeunes Canadiens dans un monde branché, HabiloMédias avait d’ailleurs identifié une corrélation directe entre le fait d’avoir des règles à la maison en ce qui a trait aux comportements en ligne. Versus une diminution des comportements à risque chez les enfants bénéficiant de ces directives. Autrement dit et malgré ce qu’on pourrait en penser, les règles, clairement ça fait une différence !

Parmi les éléments qui peuvent constituer des pistes pour élaborer des règles, l’importance de garder en tout temps un œil ouvert sur ce que font, consomment et voient nos enfants sur internet et les autres technologies auxquelles ils ont accès. Discuter avec eux de l’utilisation de ces contenus. Définir les moments où on va sur Internet et s’y tenir. Et finalement, du souci que chacun devrait avoir à favoriser le sommeil et les relations humaines.

Mais surtout, et peut-être plus encore, en donnant soi-même l’exemple. En trouvant par exemple le moyen de se ménager des moments « sans »…

Sans téléphone. Sans courriels. Sans réseaux sociaux.

Cela, de manière à faire en sorte que les divers écrans n’en viennent à prendre la place de tout le reste.

Ce serait peut-être déjà beaucoup !