L'art d'être un Père Noël branché

Malgré son grand âge, le Père Noël sait rester tendance. Cette année encore, sous le sapin, il y aura immanquablement de beaux gadgets technologiques, et bien sûr un ou deux jeux vidéo –une industrie qui se rit de la crise économique : au Canada, elle a réalisé une hausse des ventes de 36 pour cent entre 2007 et 2008.

Quel jeu vidéo choisir ?

La liste est longue, et les parents ne sont pas tous des joueurs… Pour vous aider, vous pouvez vous référer à la sélection que propose le quotidien France Soir. Bien sûr, un titre vous a sûrement été suggéré par le ou les intéressé/e/s. Mais comment savoir s'il est approprié à l'âge de votre enfant ? Comme pour les films, il existe un système de cotation pour les jeux vidéo, élaboré par le Entertainment Software Ratings Board (ESRB). Le système de cotation est expliqué dans la partie Jeux vidéo de la section Pour les parents de notre site. Ce système est un premier pas pour faire des choix éclairés. Des sites tel Youtube présentent aussi des bandes-annonces des jeux vidéo les plus populaires comme celle-ci par exemple, et souvent aussi des vidéos amateurs prises par les joueurs eux-mêmes pendant le jeu. Tout cela peut vous donner une meilleure idée de la teneur du jeu que vous envisagez d'acheter.

Pourquoi choisir un jeu vidéo ?

L'évolution que les jeux vidéo ont subie ces dernière années, notamment au niveau technique, les rend extrêmement diversifiés, propres à favoriser toute une gamme de comportements, depuis l'activité physique ou la dextérité jusqu'à l'imagination et la socialisation. Et du point de vue de la socialisation, les jeux en ligne massivement multi-joueurs sont particulièrement intéressants. Dotés de « chats » (messages en temps réel), ils permettent de communiquer avec son équipe en ligne tout au long de l'aventure –une sorte de Donjons et Dragons virtuel, avec une valeur ajoutée : vous ne percevez vos camarades de jeu que par le biais de leur avatar. Le joueur est-il une femme ? Un homme ? Lors des interactions, on ne peut tenir compte, finalement, que du sexe de l'avatar auquel on s'adresse Incarner un personnage du sexe opposé au sien, c'est donc faire l'expérience de l'altérité comme elle ne pourrait jamais se faire dans le monde réel. (Si le sujet vous intéresse, je vous invite à écouter l'entretien que j'ai donné à l'Office national du film, qui traite de cette nouvelle avenue que représentent les MMOG pour les rôles et comportements liés au genre.)

Et la violence, dans tout ça ? Il est vrai qu'un grand nombre de jeux vidéo comporte, à divers degrés, de la violence. Maude Bonenfant, dans son article Violence et éthique du joueur, introduit la question de manière holistique, à savoir la façon dont la pratique du jeu tout entier, et non pas son seul contenu, influe sur le joueur : « (…) un joueur s'abandonnant à une pratique compulsive, excessive de Tetris expérimente certainement une violence plus grande que celui qui s'autorise le plaisir mesuré de jouer à Grand Theft Auto. Dans les deux cas, les rapports affectifs que les joueurs lient avec le jeu ont des effets sur leur corps et sur leur esprit, donc sur leur manière d'être. Mais peut-être le premier joueur ne possède-t-il pas les moyens – la force – nécessaire pour connaître ce rapport, pour le réfléchir : il expérimente alors une violence dont les effets ne se limitent pas à sa seule pratique du jeu. Car en ne maîtrisant pas son rapport au contexte du jeu, il est maîtrisé par lui et s'en trouve décomposé non pas en tant que simple joueur, mais en tant qu'individu. »

Dans la même veine, Michael Stora, psychanalyste au centre médico-psychologique de Pantin, en Seine-Saint-Denis (France), insiste sur le caractère cathartique de certaines situations ludiques : « Plutôt que de prendre un antidépresseur, nombre d'entre nous gagneraient à jouer aux jeux vidéo. Excellents exutoires, ils permettent surtout de vivre des situations valorisantes, d'éprouver des sentiments de victoire, et, petit à petit, d'affronter des situations habituellement esquivées ou mal vécues. »

Finalement, pour le jeu vidéo comme pour tout autre média, le plus important est que le joueur réfléchisse à sa propre pratique, à ses propre choix. Et s'il s'agit de jeunes joueurs, c'est aux parents et aux éducateurs de les aider à réaliser cette démarche et ces choix. Le Réseau a développé des ressources pour aider parents et enseignants à mieux comprendre les enjeux liés aux jeux vidéo, et à les aborder avec les jeunes joueurs.

Un site français vient aussi de voir le jour sur ce sujet : Pédagojeux accessible en ligne depuis lundi, est un site d'information et de sensibilisation sur le jeu vidéo.

Avec une telle abondance de ressources, le Père Noël devrait pouvoir faire des choix à la fois tendance et responsables. Et l'étape suivante sera de jouer au jeu avec le jeune -si cette étape n'est pas optionnelle, le costume rouge et blanc, en revanche, l'est !