Ma voix est plus forte que la haine

Ma voix est plus forte que la haine, la plus récente ressource de HabiloMédias, utilise des outils de narration numérique et de création de mèmes pour encourager les jeunes à intervenir face à la haine en ligne.

Les jeunes n’ont pas besoin d’être confrontés à des discours haineux explicites pour être exposés à la haine en ligne. En fait, les cultures de la haine, c’est-à-dire des communautés dans lesquelles le racisme, la misogynie et d’autres formes de préjugés sont normalisés, sont beaucoup plus courantes. Ces communautés et plateformes deviennent non seulement des environnements hostiles et parfois dangereux pour les membres des groupes ciblés, mais les semeurs de haine « trollent » souvent les sites grand public, faisant des commentaires haineux pour provoquer une réaction ou susciter des commentaires favorables.

L’exposition aux préjugés et à la haine en ligne peut avoir des effets beaucoup plus graves que le simple fait de mettre les gens mal à l’aise ou de les importuner : des études ont montré que le fait de subir de la discrimination en ligne peut provoquer du stress, de l’anxiété et des symptômes de dépression. De plus, la nature connectée et réseautée des communautés en ligne, ainsi que les bassins potentiellement illimités de recrues et de cibles potentielles qu’elle fournit, permet aux mouvements haineux de faire en sorte que ces discours haineux semblent plus acceptables dans les espaces virtuels. Il est important d’enseigner aux jeunes à intervenir face à toutes les formes de haine en ligne parce que même les soi‑disant « préjugés fortuits » (comme les mèmes racistes qui ne visent pas une personne en particulier) peuvent contribuer à la propagation des mouvements haineux.

« J’aurais aimé en apprendre davantage sur les préjugés fortuits à l’école. Je ne pense pas que la plupart des adolescents savent qu’ils sont victimes de préjugés en raison de ce qu’ils disent en ligne. » [traduction] – Répondant, Les jeunes Canadiens en ligne : repoussant la haine

Les adolescents et les jeunes adultes sont des cibles de choix pour les groupes haineux puisque bon nombre d’entre eux sont à la recherche de groupes ou de causes qui leur donneront un sentiment d’identité. La recherche d’identité est un aspect naturel de l’adolescence, mais poussée à l’extrême, elle peut servir de tremplin aux semeurs de haine et aux groupes haineux de toutes sortes qui sont habiles pour trouver des jeunes susceptibles d’être vulnérables aux messages haineux.

Contrairement à d’autres ressources de HabiloMédias sur la haine en ligne, Ma voix est plus forte que la haine cible spécifiquement les préjugés fortuits en ligne, c’est-à-dire lorsqu’une personne dit ou fait des choses négatives envers un groupe en particulier (et qui ne visent pas une personne en particulier). Par exemple, une personne pourrait utiliser un terme raciste dans un commentaire, ou partager un mème d’une personne handicapée pour faire une blague.

Selon une étude récente réalisée par HabiloMédias, bien que les jeunes estiment qu’il est important d’intervenir lorsqu’ils sont témoins de haine en ligne, bon nombre d’entre eux hésitent à le faire parce qu’ils ne savent pas quoi faire, ont peur d’empirer la situation, ne sont pas sûrs qu’il s’agisse véritablement d’un préjugé, ou estiment qu’une intervention enfreint les normes sociales et compromet la cohésion sociale. Le programme Ma voix est plus forte que la haine est conçu pour exposer « l’illusion de la majorité », qui peut faire en sorte que les préjugés semblent normaux en ligne, et vise à donner aux jeunes les moyens de faire partie des voix les plus fortes qui définissent les valeurs d’une communauté.

Dans toute communauté, en ligne ou hors ligne, les normes sociales, c’est-à-dire ce qui est considéré comme acceptable et inacceptable, sont largement définies par le décile supérieur des membres les plus engagés. Les membres de ce segment sont souvent ceux qui ont les opinions et les croyances les plus fortes, qui peuvent aller des préjugés à la haine pure et simple. Par conséquent, si les membres de la communauté ne s’opposent pas activement à la haine et aux préjugés, ces croyances peuvent finir par être considérées comme la norme pour cette communauté, entraînant un cercle vicieux qui rend de plus en plus difficile la dénonciation des préjugés et de la haine. Parallèlement, il est prouvé que des efforts relativement modestes pour lutter contre le discours haineux peuvent être efficaces s’ils sont perçus comme provenant de la communauté.

Ma voix est plus forte que la haine se concentre sur les facteurs qui rendent les jeunes plus susceptibles de dénoncer le discours haineux en ligne afin de leur donner les moyens de s’y opposer : s’ils savent que la haine en ligne est véritablement blessante, s’ils pensent que la plupart de leurs pairs sont d’accord avec eux, s’ils ont vu d’autres personnes agir, s’ils ont vu des personnes subir des conséquences après avoir publié du contenu haineux, et s’ils savent clairement comment utiliser les outils de la plateforme pour réagir. La plateforme multimédia aide les élèves de la 9e à la 12e année à explorer différentes façons de réagir aux préjugés en ligne. Ils apprendront comment d’autres personnes ont réagi à la haine, apprendront et s'entraîneront à réagir dans différentes situations, et partageront leurs propres réflexions et expériences.

La plateforme offre un outil de narration numérique qui permet aux élèves de combiner des images, du texte, de la musique et de la narration pour créer des histoires numériques, ainsi qu’un créateur de mèmes qui permet aux élèves de réagir aux préjugés de façon plus légère. Elle est accompagnée de deux plans de leçons.

  • La leçon L’impact de la haine permet aux élèves d’explorer la façon dont les interactions par le biais des médias numériques peuvent parfois blesser les sentiments de quelqu’un plus facilement et faire en sorte qu’un comportement blessant ou porteur de préjugés semble normal dans les espaces virtuels. Ils apprendront comment les jeunes Canadiens se sentent et réagissent aux préjudices fortuits en ligne et utiliseront ensuite l’outil multimédia Ma voix est plus forte que la haine pour créer une histoire numérique qui aidera les gens à comprendre que la haine en ligne blesse tous ceux qui en sont témoins.
  • La leçon S’opposer à la haine permet aux élèves d’explorer les avantages et les inconvénients d’être des « citoyens à part entière » en ligne. Ils découvriront les raisons pour lesquelles les jeunes Canadiens ne réagissent pas toujours lorsqu’ils sont témoins de préjugés fortuits en ligne et utiliseront ensuite l’outil interactif Ma voix est plus forte que la haine pour appliquer différentes manières de réagir. Les élèves analyseront des mèmes comme moyen de communication et de réaction à la haine ou à d’autres comportements blessants en ligne, puis utiliseront l’outil interactif Ma voix est plus forte que la haine pour créer un mème qu’ils peuvent utiliser pour s’opposer aux préjudices fortuits.

Aussi, les ressources s’accompagnent d’un atelier de formation pour préparer les enseignants à dispenser ces leçons et à gérer les conversations difficiles qui peuvent en découler, d’un guide de l’enseignant, lequel oriente une discussion approfondie sur des sujets tels que la haine en ligne, les préjugés fortuits, la déshumanisation et la cybercitoyenneté, ainsi que d’instructions détaillées sur la façon de présenter les leçons d’une manière sûre sur le plan émotionnel pour les élèves.

Il ne fait aucun doute que les élèves canadiens veulent faire la bonne chose lorsqu’ils font face à la haine et aux préjugés en ligne. Grâce à Ma voix est plus forte que la haine, les enseignants peuvent les préparer à faire la différence.

Le programme Ma voix est plus forte que la haine a été rendu possible grâce aux contributions financières du Fonds pour la résilience communautaire de Sécurité publique Canada.