Comment les jeunes interagissent avec l’information

Même si les jeunes consomment et interagissent avec l’information différemment des générations plus âgées, ils continuent d’accorder de l’importance à des valeurs comme la fiabilité et l’équité[1].

Principales sources et supports d’information

Les jeunes se tournent avant tout vers les médias sociaux pour s’informer[2]. Une proportion importante des Canadiens de moins de 30 ans (39 %) suit régulièrement l’actualité sur des applications comme TikTok, contre 17 % de l’ensemble des adultes[3]. De même, 36 % des 18 à 44 ans accèdent principalement à l’information en ligne par l’entremise des médias sociaux, un contraste marqué avec les 17 % des 45 ans et plus. Ce groupe d’âge (18-44 ans) privilégie aussi les médias sociaux plutôt que de consulter directement les sites Web ou les applications d’information[4].

Certaines plateformes sont particulièrement populaires auprès des jeunes :

  • Instagram est utilisé par 20 % des francophones et 24 % des anglophones âgés de 18 à 44 ans pour s’informer.
  • TikTok est utilisé par 22 % des francophones et 15 % des anglophones de 18 à 44 ans pour s’informer.
  • YouTube est également très utilisé par les jeunes pour regarder des vidéos en ligne liées à l’actualité, tandis que les 55 ans et plus privilégient plutôt les sites Web ou les applications d’information[5].

Préférences de contenu et modes d’engagement

Les jeunes privilégient la concision et la dimension divertissante de l’information, ce qui les amène souvent à consommer de courtes vidéos liées à l’actualité, comme des sketchs rejouant des décisions de la Cour suprême ou des vidéos de promotion politique. Les créateurs de ces plateformes « mettent l’actualité en scène » pour la rendre plus attrayante aux yeux des algorithmes[6].

Lorsqu’ils interagissent avec l’information, les jeunes :

  • Préfèrent écouter les nouvelles en ligne : 20 % des 18-24 ans favorisent l’audio en ligne, contre seulement 8 % des 55 ans et plus[7].
  • Interagissent davantage en ligne : les Canadiens commentent plus volontiers l’actualité sur les médias sociaux (12 %) que sur les sites d’information (8 %). Toutefois, les discussions sur l’actualité ont encore lieu plus souvent en personne (33 %) qu’en ligne (15 %)[8].
  • N’utilisent pas massivement l’IA pour des utilisations liées directement à l’actualité : en 2024, la majorité des personnes, y compris les jeunes, n’avaient pas recours fréquemment à l’IA pour suivre l’actualité, s’informer sur les politiciens ou les enjeux politiques, ou orienter leurs choix électoraux. Ils l’utilisaient plutôt pour approfondir des sujets précis, obtenir des réponses factuelles ou trouver des solutions à des problèmes du quotidien[9].

Défis et perceptions

Les jeunes ont des attitudes et des perceptions particulières à l’égard de l’information, ce qui pose des défis spécifiques en matière d’accès et d’évaluation :

Perception de « l’information viendra à moi » : les jeunes s’attendent généralement à ce que les nouvelles importantes leur parviennent par leurs fils de médias sociaux, plutôt que d’aller les chercher activement[10]. Cette perception, alimentée par les nouvelles relayées par leurs pairs ou par les recommandations algorithmiques, les amène à croire qu’ils peuvent rester informés sans démarche active de recherche. Toutefois, elle est associée à une moins bonne connaissance de la politique et des affaires publiques, au partage de fausses informations, à un intérêt moindre pour la politique et à une participation électorale réduite[11].

Méfiance et évitement de l’information : il devient de plus en plus difficile pour les médias d’attirer et d’engager les jeunes publics, qui manifestent une baisse durable de l’intérêt et de la confiance envers l’information, ainsi qu’une tendance accrue à l’éviter. À l’échelle mondiale, seulement environ un tiers des jeunes de 15 à 24 ans font confiance à l’exactitude des médias nationaux et internationaux[12]. L’évitement de l’information chez les jeunes s’est accentué. Ce désengagement peut accentuer les fractures sociales et réduire la participation à la vie politique. Les raisons invoquées par les jeunes pour éviter l’information incluent la masse d’information, le poids émotionnel des manchettes négatives et une méfiance générale envers les médias[13].

Perceptions d’une couverture médiatique inéquitable : les jeunes sont moins enclins que leurs aînés à considérer la couverture médiatique de leur groupe d’âge comme équitable[14]

Préoccupations liées à la désinformation : bien que les utilisateurs de TikTok fassent confiance à la vérification collaborative des faits dans les commentaires (souvent les plus « aimés »), ils prennent parfois des mesures supplémentaires pour vérifier un contenu qui leur paraît douteux[15]. Les diffuseurs de désinformation exploitent la crédibilité des sources traditionnelles en sortant des faits de leur contexte et en les reformulant de manière trompeuse (par exemple, en alimentant le doute sur les vaccins ou en exagérant la criminalité), ce qui les rend plus difficiles à écarter[16].

Perceptions de l’IA : les jeunes font généralement preuve d’un plus grand optimisme à l’égard des nouvelles technologies et les utilisent davantage. Ils ont aussi tendance à accorder plus de confiance à l’utilisation de l’IA par les journalistes que les générations plus âgées. Toutefois, malgré une utilisation plus répandue, leurs connaissances factuelles sur l’IA demeurent souvent limitées. Ils déclarent également avoir davantage de préoccupations à l’égard de l’IA que leurs aînés[17]


[1] Centre d’Études sur les Médias. (2025) Regard sur les pratiques d’information au Canada.

[2] Dimri, A. (2025) This is the News From TikTok. The Atlantic.

[3] Dimri, A. (2025) This is the News From TikTok. The Atlantic.

[4] Centre d’Études sur les Médias. (2025) Regard sur les pratiques d’information au Canada.

[5] Centre d’Études sur les Médias. (2025) Regard sur les pratiques d’information au Canada.

[6] Dimri, A. (2025) This is the News From TikTok. The Atlantic.

[7] Centre d’Études sur les Médias. (2025) Regard sur les pratiques d’information au Canada.

[8] Centre d’Études sur les Médias. (2025) Regard sur les pratiques d’information au Canada.

[9] Mitova, E., Blassnig, S., Strikovic, E., Urman, A., Hannak, A., de Vreese, C., & Esser, F. (2025). Exploring Public Attitudes Toward Generative AI for News Across Four Countries. Journal of Quantitative Description: Digital Media, 5.

[10] Campbell, S. W., & Hawkins, I. (2025). Social (media) psychology of the “news-finds-me” perception: habits, mindsets, and beliefs. Journal of Computer-Mediated Communication, 30(5), zmaf010.

[11] Campbell, S. W., & Hawkins, I. (2025). Social (media) psychology of the “news-finds-me” perception: habits, mindsets, and beliefs. Journal of Computer-Mediated Communication, 30(5), zmaf010.

[12] Eddy, K. A., & Fletcher, R. (2024). Exploring perceptions of fairness in news coverage across 45 countries. Journalism, 14648849251362459.

[13] Newman, N. (2025) Overview and key findings of the 2025 Digital News Report. Reuters Institute.

[14] Eddy, K. A., & Fletcher, R. (2024). Exploring perceptions of fairness in news coverage across 45 countries. Journalism, 14648849251362459.

[15] Dimri, A. (2025) This is the News From TikTok. The Atlantic.

[16] Goel, P., Green, J., Lazer, D., & Resnik, P. S. (2025). Using co-sharing to identify use of mainstream news for promoting potentially misleading narratives. Nature Human Behaviour, 1-18.

[17] Mitova, E., Blassnig, S., Strikovic, E., Urman, A., Hannak, A., de Vreese, C., & Esser, F. (2025). Exploring Public Attitudes Toward Generative AI for News Across Four Countries. Journal of Quantitative Description: Digital Media, 5.