Sur Facebook, je suis toujours effarée de voir le nombre de fausses nouvelles et de rumeurs qui circulent. Et je ne parle même pas ici de ces études bidon qui sont légion sur internet! Ces nouvelles qui ont l’air d’être tout à fait scientifiques mais qui la plupart du temps, s’avèrent être du n’importe quoi.
Et, il faut bien le dire, du fait de l’instantanéité permise par nos réseaux sociaux modernes, il en faut souvent bien peu malheureusement pour que les rumeurs, même les plus insensées, se propagent à une vitesse complètement démente.
La plus récente ? Cette nouvelle, relayée des milliers de fois sur Twitter, qui annonce rien de moins qu’une lune verte pour la fin avril ou la fin mai… Un phénomène qui serait attribué à l’influence d’Uranus, une première depuis 1847. Un Hoax que le site internet Le vrai du faux numérique s’est attelé à démonter. Mais qui continue néanmoins de circuler allègrement !
Un peu ironiquement, une étude américaine a révélé récemment que Facebook était bien souvent la principale, parfois même la seule source d’information que les jeunes admettent consulter. Et, que d’une façon un peu pernicieuse, c’était précisément lorsque les renseignements provenaient de Facebook qu’ils se forçaient le moins… pour en vérifier la justesse et la pertinence.
Clairement, tout ce qui brille n’est pas de l’or comme l’a d’ailleurs si justement découvert HabiloMédias lors de ses recherches sur le sujet. Les jeunes ayant clairement démontré en effet qu’ils se sentaient parfois un peu perdus au moment de savoir démêler le vrai du faux en matière d’information en ligne. Et que ce qu’ils souhaitaient le plus apprendre en matière de littéracie numérique finalement, c’était justement de savoir comment authentifier la validité des informations auxquelles ils avaient accès sur le web.
Si, nous adultes, avons parfois de la difficulté à distinguer le vrai du faux de cette avalanche d’information dont nous sommes constamment les cibles, je n’ose même pas imaginer ce qu’il en est pour nos enfants, ceux-ci étant peu habitués à remettre en doute les informations qu’ils trouvent sur le web. Toutefois, de bonnes pratiques existent afin de tenter de mettre toutes les chances de notre côté avant de cliquer sur ce fameux bouton «Envoyer» sur lequel nous avons bien souvent la gâchette un peu trop facile !
Parmi les premières questions à se poser, qui publie cet article? Est-ce un blogue ? Un média reconnu, tel un grand journal ? Est-ce que ça vient d’un organisme officiel, un gouvernement par exemple ? Puis, quelle est la raison d’être du site en question ? Donner de l’information crédible ? Divertir ou persuader ? Vendre un produit ? Ou la simple parodie, comme c’est le cas du site du Journal de Mourreal, parodie du Journal de Montréal dont les fausses nouvelles circulent bien souvent sur Facebook comme si elles étaient de nature officielle.
Aussi, il est intéressant de s’arrêter à la date de publication de l’article. Combien de vieilles nouvelles reprennent vie d’une façon un peu étrange alors qu’elles datent pourtant de quelques années, tout juste parce que quelqu’un quelque part les ressort et les partage sur les réseaux sociaux ?
Mais encore ? Est-ce que les hyperliens nous dirigent vers des sources crédibles ?
Et surtout, l’article est-il écrit dans un français qui semble correct. Cela peut sembler banal mais s’il est malheureusement vrai que la langue est de plus en plus massacrée sur internet et sur les médias sociaux, il est plus vrai encore qu’un texte bourré de fautes d’orthographe et mal écrit est là l’un des signes les plus susceptibles de trahir une publication non professionnelle.
De laquelle il serait justement judicieux de se méfier !
Au-delà de ces premiers réflexes qui peuvent nous éviter de diffuser de fausses informations, il faut aussi penser au croisement des sources. Est-ce que cette nouvelle qu’on a tellement envie de partager est diffusée ailleurs ? Avec les outils de recherche offerts par le web, Google en tête de liste, cela devient un jeu d’enfant, au moyen de mots clé, de trouver rapidement confirmation ou infirmation d’une nouvelle ou d’une étude.
Pourquoi se priver?
Il ne faut jamais oublier que la raison d’être de ces fausses rumeurs, nouvelles, légendes urbaines, c’est en premier lieu de nous convaincre de les partager d’une part. Mais surtout, de fausser notre jugement, d’une certaine façon, sur une question ou une autre. À titre d’exemple, ces fausses nouvelles que l’on a vu circuler en période de guerre alors qu’il y a quelques années, les États-Unis souhaitaient convaincre la population de la nécessité d’intervenir en Irak... Des nouvelles dans lesquelles par exemple, on racontait que les Irakiens avaient bombardé un hôpital pour enfants. Une nouvelle fausse dont le but recherché était, on s’en doute, de convaincre la population de la justesse de la décision du gouvernement américain de faire des « attaques préventives » en Irak…
Enfin, il est facile de croire que de partager des informations (ou même des photos, certaines d’entre elles devenant parfois virales bien que nous découvrions par la suite qu’elles ont été trafiquées) qui ne sont pas nécessairement justes, ou pire, qui peuvent s’avérer péjoratives ou nuisibles pour certaines personnes ou organismes, c’est un peu sans conséquence. Mais c’est oublier là que de partager ces rumeurs, c’est un peu aussi engager sa propre parole. Et du coup, c’est également dégrader sa réputation. Surtout quand les informations en question ciblent un groupe en particulier. Comme ce fut le cas notamment l’automne dernier avec cette fausse nouvelle qui prétendait que les Syriens qui arrivaient au Québec avaient un passe-droit. Ceux-ci obtenant d’office et gratuitement un permis de conduire de la part du gouvernement…. La nouvelle, comme on peut l’imaginer, ayant eu pour effet de provoquer les commentaires racistes et de susciter certaines réactions vives de la part d’une partie de la population plus opposée à la base à cette arrivée massives d’immigrants.
Alors ? La prochaine fois, on partage ou pas ?
À voir !