Cyberintimidation, éducation aux médias, et classe démocratique

En 2007, la cyberintimidation a été le sujet non académique numéro un dans les écoles canadiennes.

Intimider sur Internet est plus facile qu'intimider dans la réalité: on peut opérer anonymement, sans peur des représailles, et on ne voit pas les conséquences de ses actes sur autrui – comme l'a joliment exprimé mon fils : « On n'a jamais vu un ordinateur pleurer ! »

Donc ici, encore plus que dans l'intimidation classique, la clé du problème réside dans le développement de l'empathie chez les jeunes.

La Dre Shaheen Shariff de l'Université McGill, experte mondiale en matière de cyberintimidation, souligne que les politiques « parapluie » de type réactif, telles les expulsions et autres mises à pied, ne font pas reculer le problème.

Selon Shariff, ce qui peut tendre à le réduire relève du dialogue ouvert dans l'école, lequel permettrait la recherche de solutions avec les jeunes eux-mêmes (et non simplement pour eux) : aborder le sujet en classe, amener les élèves à réfléchir sur des règles d'éthique qui d'ailleurs ne se cantonneraient pas au seul univers Internet. Et finalement donner l'occasion aux jeunes de vivre ces règles au jour le jour.

C'est l'objet de la classe démocratique.

Une classe démocratique est une classe où l'empathie se pratique quotidiennement ; l'emphase est mise sur les interactions sociales et le dialogue, tant entre pairs qu'entre l'enseignant et ses élèves. L'enseignement est donc centré sur l'apprenant, plutôt que sur la tâche. La pratique de la classe démocratique implique aussi des périodes de réflexion communes sur le fonctionnement de la classe et plus largement sur les enjeux du monde moderne. Ces réflexions amènent l'élève à appliquer un jugement critique constructif sur son univers scolaire et extra-scolaire, et à y jouer un rôle actif.

Le « cahier des charges » d'une classe démocratique correspond trait pour trait à celui de l'éducation aux médias tel que le préconise le Réseau : « Donner aux jeunes la pensée critique pour qu'ils puissent s'engager activement dans les médias et y jouer un rôle constructif ».

En d'autres termes, enseigner selon le principe de la classe démocratique, c'est jeter de facto les bases d'un usage critique et responsable des médias, et réduire ainsi la possibilité de voir apparaître la cyberintimidation.

De nouvelles ressources pour la classe destinées à contrer la cyberintimidation

Ces leçons développées par le Réseau permettent à l'élève de faire le bilan personnel de sa vie en ligne ; il dresse la carte de ses activités sur le Web, et y évalue la qualité relationnelle de ses communications. Respectueuses, ou pas ? Et si non, pourquoi ? Qu'est-ce qui fait qu'on se permet de dire, sur Internet, des choses qu'on n'imaginerait pas dire si la personne était en face de nous ? Dans ces leçons, on s'attache, non à enseigner des faits, mais à former des attitudes, voire à les réformer, en développant la capacité d'empathie des jeunes.

Cliquez ici pour en savoir plus sur la classe démocratique :

http://www.tolerance.org/teach/activities/activity.jsp?ar=921&pa=2 (Site en anglais seulement)

Pour un aperçu de la classe démocratique en action, consultez la toute nouvelle trousse d'activités S'investir dans nos communautés en citoyennes et citoyens du monde

« Parce que penser la citoyenneté, c'est s'interroger sur ses valeurs, les premières activités pédagogiques du guide S'investir dans nos communautés invitent les jeunes à découvrir comment les valeurs d'écologie, de démocratie, de pacifisme et de solidarité contribuent à l'avènement d'un avenir viable ».

Pour se procurer la trousse, contacter info@ctf-fce.ca