En 2015, HabiloMédias et PREVNet ont mené une étude (financée par TELUS) auprès d’élèves canadiens afin de savoir comment offrir aux jeunes de meilleurs conseils et un meilleur soutien lorsqu’ils sont témoins de cyberintimidation. Cette recherche, intitulée Les expériences de la cyberintimidation des jeunes Canadiens, visait à découvrir trois choses : quels sont les obstacles à l’intervention des témoins de la cyberintimidation, quelles sont les mesures incitatives qui augmenteraient la probabilité d’intervention, et quelles interventions sont plus ou moins susceptibles d’avoir des répercussions positives.
TELUS et HabiloMédias ont fait équipe pour mettre ces perspectives en pratique en créant Agis! Comment avoir une influence positive quand tu es témoin de cyberintimidation, un ensemble de ressources pour les élèves de la 7e à la 9e année qui offre aux jeunes des outils pratiques pour avoir une influence positive lorsqu’ils sont témoins de cyberintimidation.
Le programme Agis! comprend ce qui suit :
- un outil de prise de décisions virtuel et interactif étape par étape qui aide les élèves à choisir des stratégies efficaces pour intervenir dans différentes situations de cyberintimidation;
- une leçon en classe qui appuie l’outil de prise de décisions ainsi que des activités supplémentaires de jeux de rôle pour les élèves;
- un guide pour les parents, intitulé Aider nos enfants à composer avec la cyberintimidation, afin d’aider les parents à offrir un meilleur soutien à leurs enfants s’ils sont victimes ou témoins de cyberintimidation;
- une série d’affiches imprimables pour la classe qui font la promotion de façons peu risquées d’intervenir lorsque des élèves sont témoins de cyberintimidation.
Le programme Agis! s’inspire de trois conclusions clés provenant de l’étude sur la cyberintimidation : d’abord, les jeunes interviennent lorsqu’ils sont témoins de cyberintimidation, mais ont besoin de davantage de soutien pour le faire efficacement; ensuite, les efforts pour inciter les jeunes à intervenir doivent tenir compte de motivations et d’obstacles précis; et enfin, les jeunes sont grandement influencés par leur moralité personnelle et les normes sociales pour décider d’intervenir ou non et dans leur façon de le faire.
Nous avons choisi le titre « Agis! » pour deux raisons : d’abord, pour souligner que la méchanceté et la cruauté en ligne, même si « ce n’est qu’une blague » ou seulement un « drame », peuvent avoir des conséquences graves; et ensuite, pour aider les élèves à comprendre qu’ils peuvent avoir un impact lorsqu’ils sont témoins de cyberintimidation.
Selon l’une des conclusions clés de l’étude, même si un nombre important de jeunes veulent intervenir lorsqu’ils sont témoins de cyberintimidation, le nombre de ceux qui le font vraiment est sensiblement inférieur. Lorsque nous avons demandé aux élèves pourquoi ils hésitaient parfois à intervenir, ils répondaient fréquemment que cela ne les concernait pas.
Les relations peuvent également compliquer une situation : la moitié des élèves ont également dit qu’ils choisissaient parfois de ne pas intervenir lorsqu’ils ne savaient pas si la situation dont ils étaient témoins était de l’intimidation ou simplement une « situation dramatique ». Les « situations dramatiques » sont souvent utilisées par les jeunes plus âgés pour faire une distinction entre l’intimidation (de nombreux jeunes pensent que ce sont les plus jeunes qui adoptent ce comportement) et le type de conflit auquel ils prennent part, surtout en ligne. Si des jeunes estiment qu’une situation n’est qu’un « drame », plutôt que de l’intimidation, ils ne voudront peut-être pas intervenir s’ils considèrent que la situation n’est pas sérieuse, par exemple, ou qu’elle ne les regarde tout simplement pas. La catégorisation de l’intimidation comme « situation dramatique » n’est pas seulement un obstacle à l’intervention : elle peut également entraîner une situation très difficile dans laquelle les jeunes ont des liens avec les deux parties concernées et hésitent à prendre position ou risquent d’empirer la situation en perturbant « l’équilibre du pouvoir ».
Ces deux raisons de ne pas intervenir, voulant que la situation ne les concerne pas et qu’il ne s’agisse que d’une « situation dramatique », sont étroitement liées au désengagement moral et au manque d’empathie en ligne. Certains aspects de la communication numérique peuvent entraîner des « pièges de l’empathie » qui empêchent les jeunes de ressentir de l’empathie dans des situations où ce serait normalement le cas. Même si ce qui arrive en ligne peut avoir des conséquences réelles, les jeunes peuvent tout de même penser que la situation n’est pas « vraiment réelle », et le manque de rétroaction sensorielle peut nous rendre moins susceptibles de reconnaître les sentiments des autres lorsque nous sommes en ligne. Puisque ces situations se produisent généralement alors que nous sommes assis et concentrés devant un écran, nous pouvons même avoir de la difficulté à cerner nos propres émotions.
En tenant compte de ce que nous avons appris des jeunes, nous avons conçu le programme Agis! afin d’affronter directement des attitudes comme celles-ci par le biais d’affiches et de fiches-conseils qui indiquent clairement que la cyberintimidation fait du tort, même si ce tort n’est pas immédiatement visible, et que nous avons tous la responsabilité d’agir.
La composante principale du programme Agis! est une ressource interactive qui guide les jeunes dans leur processus décisionnel en posant des questions comme « Sais-tu exactement qui est l’intimidateur et qui est la victime? » et « Crois-tu que la victime est menacée ou en danger présentement? ». Nous avons conçu cet outil précisément pour les appareils mobiles afin que les jeunes puissent en fait le consulter pour obtenir de l’aide lorsqu’ils sont témoins de cyberintimidation. Toutefois, il est également la base d’une leçon en classe qui permet aux élèves de répéter et de jouer différents scénarios. Les efforts de lutte contre l’intimidation étant des plus efficaces lorsqu’une approche communautaire est adoptée, nous avons également produit des documents pour les parents afin de nous assurer que les élèves reçoivent le même message, et le même soutien, à la maison.
Les personnes qui vivent de l’intimidation, autant en tant que victimes que témoins, peuvent se sentir impuissantes, l’un des pires aspects de l’intimidation. La bonne nouvelle : il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi! Notre nouvelle ressource est conçue pour aider les jeunes à comprendre qu’ils peuvent, et devraient, avoir un impact en matière de cyberintimidation.