La pub bannie… mais pas tout à fait

Tanya O'CallaghanAffiché par Tanya O'Callaghan

Quelqu’un m’a récemment envoyé une chronique, parue en décembre dernier dans le Globe and Mail, sur les méfaits de la pub destinée aux enfants.

« Mais on n’a pas le droit de faire de la pub directement aux enfants au Canada! » lui ai-je répondu.

Quelle surprise pour moi d’apprendre qu’en effet les publicités destinées aux enfants sont permises au Canada… sauf au Québec.

J’ai grandi au Québec, et j’y vis encore. Depuis mon enfance, les publicités à but commercial destinées aux enfants sont bannies ici. Aucune annonce pour des céréales sucrées ou le plus récent joujou entre les émissions du samedi matin ici. (Admettons que ça peut toutefois parfois soulever toutes sortes d’autres questions quand les pubs entre deux émissions offrent des produits vraiment pas pour enfants…  les questions au sujet des rasoirs pour femmes ou des Always ne sont pas toujours plus faciles à répondre! Mais bon, ça, ce pourrait être le sujet de tout un autre billet en soi).

Au fin fond de moi-même, je sais très bien que juste parce que la loi interdit les annonces commerciales qui leurs sont destinées, mes filles ne sont pas pour autant complètement à l’abri de l’influence publicitaire. Si les annonces sont bannies, c’est certain que les annonceurs ont trouvé d’autres moyens d’influencer ce marché si lucratif pour eux.

Un reportage pour l’émission Enjeux, à la télévision de Radio-Canada, identifie la panoplie de tactiques que les annonceurs utilisent pour présenter leurs messages et produits aux jeunes : des placements de produits ou de messages au sein d’émissions populaires; la création de série de télévision pour promouvoir la vente d’un jouet. Et ces tactiques sont omniprésentes avec la place croissante que prend Internet pour nos jeunes.

Chez moi, les filles ont très peu d’opportunités d’être influencées par la pub plus traditionnelle : pas de câble ou de télé satellite, et pas de pubs (encore!) sur Netflix. En auto, nous écoutons presqu’uniquement Radio-Canada.

Mais leurs activités en ligne, c’est toute une autre histoire. Elle s’infiltre partout. Certes, il y a les bandes annonces. Mais il y a aussi la promotion à l’intérieur des « apps » et les sites, les applications ou même les vidéos entièrement dédiés à un produit.

J’ai fait un petit retour sur l’historique de la navigation de mes filles au cours des dernières semaines pour voir à quel point elles auraient été sujettes à cette pub destinées aux enfants, dans notre province où celle-ci est, ostensiblement, bannie.

  • Netflix, mes filles ont dévoré des vidéos de Littlest Pet Shop (comme si elles avaient besoin d’agrandir leur obsession pour ces petits animaux en plastique!).
  • Le site web Barbie, où elles ont créé de nouvelles tenues virtuelles pour la poupée blonde, elles ont été exposées à de maintes annonces pour les derniers produits de cette ligne de jouets.
  • Sur leur iPad, certains jeux comme Dragon City contient quotidiennement des offres pour acheter des items additionnels pour le jeu, alors que d’autres contiennent tout bonnement des publicités mobiles (quoique ces dernières ne sont pas nécessairement destinées aux enfants).

Et tout ça, ça ne tient pas compte de tous les sites visités remplis de pubs style bannières.

 J’ai beau généralement être au courant des sites que les filles visitent, je n’avais jamais vraiment pensé à toute la pub (surtout celle cachée!) à laquelle elles étaient assujetties. On comprend donc qu’elles non plus n’y avaient pas pensé. En fait, j’ai été étonnée que les deux, pourtant bien consciente de tant de choses autour d’elles, sont si peu conscientes de la présence et de l’influence d’annonces publicitaires.

Elles savent, par exemple, ne pas donner leur vrai nom ou leurs coordonnées – mais c’est plus par sécurité que par compréhension que ces informations pourraient aussi être utilisés pour des fins commerciales. Elles savent aussi ne pas cliquer sur pubs au sein d’une application – mais encore, c’est plutôt parce qu’on leur a raconté des histoires d’horreur de parents qui recevaient des factures pour des milliers de dollars. Le concept qu’on tenterait de leur vendre quelque chose ne leur a jamais vraiment traversé l’esprit.

J’ai définitivement du travail à faire à la maison.

J’ai commencé avec le jeu « Jouer sans se faire jouer : la première aventure des Trois Petits Cochons dans le cyberespace ». Elles se sont amusées, et je pense qu’elles commencent à comprendre le principe de la publicité. Ce n’est qu’un début – nous devrons définitivement avoir d’autres conversations à ce sujet.

En attendant, je réalise que je devrais mettre à l’essai certains logiciels pour bloquer les pubs en ligne. Je m’y mets, et je vous reviens dans un prochain billet!