Médias et éthique

Imaginez que vous entendiez des propos que vous trouviez choquants, à la radio où à la télévision. Que faites-vous ?

En parler avec votre conjoint(e), votre voisin de palier ou votre épicière peut être une bonne façon de faire baisser votre taux d'adrénaline, mais cela s'arrête là...

Petit tour d'horizon du mécanisme des plaintes à la radio-télévision

Lorsque quelque chose vous choque à la radio ou à la télévision, la première étape est de le faire savoir par écrit au radiodiffuseur en cause. Soit -et c'est le cas le plus courant- sa réponse vous donne satisfaction, et le sujet est clos, soit vous n'êtes pas satisfait.

Vous avez alors la possibilité de vous tourner vers le CCNR : le Conseil canadien des normes de la radiotélévision, dépositaire des codes d'éthique de la profession, est aussi l'instance qui traite des plaintes du public. Vous pouvez lui adresser « une Demande de décision ou signaler par un autre moyen que vous êtes insatisfait de la réponse que le radiodiffuseur a faite à la plainte que vous avez présentée à l'origine ». Si le CCNR a déjà, par le passé, statué sur la question que vous soulevez dans votre plainte, et n'y a trouvé aucune violation du code de déontologie, le CCNR rendra une décision sommaire, et vous enverra une lettre où il vous cite des décisions précédentes du CCNR dans lesquelles aucune violation d'un code n'a été constatée dans le cas d'une émission semblable.

Si par contre votre plainte décrit une nouvelle situation, le CCNR rassemble un Comité décideur pour examiner celle-ci. Le comité est constitué pour moitié de représentants de l'industrie de la radiodiffusion, l'autre moitié étant constituée de représentants du public.

Enfin, si votre plainte se rapporte à des radiodiffuseurs qui ne sont pas membres du CCNR ou concernent des questions dont les codes du CCNR ne s'occupent pas, votre plainte est acheminée vers le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Et s'il s'agit d'une plainte à l'encontre d'une publicité, c'est le NCP (Normes canadiennes de la publicité) qui vous répondra.

De quoi se plaint-on au Canada ?

En 2006-2007, le CCNR a traité 1 138 dossiers de plaintes, dont près de 70 % portaient sur des émissions de télévision. C'est du Québec qu'émane le plus grand nombre de plaintes, suivi par l'Ontario. Quant aux motifs de plaintes, la vaste majorité concerne des commentaires inappropriés (412), des contenus à caractère sexuel (322), la représentation des femmes (312) et la discrimination fondée sur le sexe (218).

La violence, dont on pourrait croire qu'elle constitue un sujet d'inquiétude constant chez les parents, ne totalise que 171 plaintes sur l'année. Est-ce la preuve que les médias sont devenus irréprochables de ce côté-là, ou serait-ce plutôt l'indice d'un « aquoibonnisme » fataliste de la part du public ?

A quoi bon ?

Déposer une plainte à l'encontre d'un contenu radiophonique ou télévisuel peut s'avérer un réel acte de citoyenneté. Pris dans le flot d'informations quotidien, pressé par la cadence effrénée des salles de nouvelles, tenu de réagir juste face l'impondérable des « réponses en direct », le journaliste peut éprouver des difficultés à maintenir un cap déontologique irréprochable. Or qu'on le veuille ou non, de par leur impact, les communications de masse éduquent la société, la rendant perméable aux idées qui y sont présentées. Voulons-nous être éduqués par les médias lorsque ceux-ci propagent des stéréotypes, ou lorsqu'ils créent l'agenda social et politique, comme ce fut le cas pour la « crise» des accommodements raisonnables ? Non, et c'est pourquoi nous, le public, avons un rôle de vigilance face à tout débordement médiatique nuisible à la cohésion sociale. Nous sommes, dans certains cas, le dernier garde-fou.

Au-delà d'une éthique des médias –qui existe déjà à travers les codes de déontologie de la profession-, il s'agit de créer une éthique médiatique, c'est-à-dire le sens d'une co-responsabilité réelle du public dans le façonnage des médias.

Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR)

Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC)

Normes canadiennes de la publicité (NCP)


Si vous voulez creuser le sujet …

Le 3 octobre 2008, le pôle Discriminations et insertion du Centre d'études ethniques des universités montréalaises (CEETUM) organise une journée de : De la crise d'Oka aux accommodements raisonnables : rapports ethniques et responsabilité sociale des médias. Cet événement réunira des journalistes, universitaires et membres d'organismes, tels que le Conseil de Presse et le Réseau Éducation-Médias, pour discuter des rapports ethniques et de la responsabilité sociale des médias.

Confirmez votre présence : CEETUM