La journée mondiale sans cellulaire, à go on débranche

Marie-Josée ArchambaultParfois je me dis que le monde a bien changé depuis mon adolescence. Lorsque je regarde mon ado, aujourd’hui âgé de 13 ans, perpétuellement connecté à son téléphone, comme si celui-ci lui était greffé à la main, il m’arrive d’avoir l’impression que mille ans nous séparent (minimum comme dirait l’autre!)

Et la question se pose! Est-il possible aujourd’hui de ne pas être connecté quasi en permanence à son téléphone portable? Constamment, un bip d'un courriel ou d'une alerte vient récupérer notre attention défaillante. Ou faut-il banalement se résoudre à accepter l’émergence de générations à venir dont l’autonomie est tout aussi restreinte que les piles de nos bidules électroniques?

Il y a quelques semaines, je me suis moi-même vue quitter la maison en oubliant mon précieux téléphone. Dire combien je me suis sentie démunie relèverait de l’euphémisme! Mais je l’avoue, l’expérience m’a amenée à réfléchir à cette présence que jusqu’à un certain point, on finit presque par assimiler à un membre de la famille.

Le 6 février, ce sera la Journée mondiale sans téléphone portable.  L’événement a lieu chaque année depuis son lancement en 2001 par l’écrivain français Phil Marso. Le moment idéal d’instaurer de nouvelles règles à la maison afin d’éviter que le téléphone ne finisse par prendre une place de plus en plus envahissante et démesurée. Des règles d’autant plus essentielles, je trouve, pour mon ado qui, comme les jeunes de sa génération et des suivantes, n’a jamais connu cet «avant». Époque pas si lointaine, quoi qu’on en dise, alors qu’il était normal d’envoyer une lettre et d’attendre des semaines avant d’obtenir une réponse, par exemple. Une génération, celle de mon ado et de ceux qui viendront, qui vraisemblablement ne connaîtront jamais toutes ces choses qui, il y a peu, faisaient la banalité de notre quotidien; qui aujourd’hui peuvent sembler un peu absurdes.

Par exemple, s’ennuyer, se perdre en se rendant à un nouvel endroit, connaître par cœur les numéros de téléphone de notre entourage au grand complet. Ou encore, tout banalement, parler à nos amis au téléphone. Parce que de façon un peu paradoxale, je suis toujours un peu perplexe en voyant mon ado devenir soudainement excessivement anxieux juste à l’idée de devoir répondre au téléphone. Ou pire, devoir téléphoner à un ami pour prévoir une activité. Un peu comme si l’idée d’utiliser un téléphone pour téléphoner, c’était la nouvelle version des anciennes plaies d’Égypte, une catastrophe annoncée (j’exagère mais à peine!).

Alors je l’avoue, cette idée d’une journée sans téléphone le 6 février prochain, ça me tente. Ne serait-ce que pour prendre un peu plus concrètement conscience de l’ampleur de notre dépendance à tous! Et qui sait si mon ados ne comprendra pas enfin ce que je m’évertue à lui dire. Soit que la vie se passe dans le réel bien plus qu’en réseau perpétuel.

On peut rêver non ?

Pour aller plus loin sur la place prise par les écrans dans nos vies, HabiloMédias offre sur son site internet une mine d’informations pertinentes pour alimenter la réflexion. Par exemple, sur l’importance de réfléchir aux impacts du numérique dans nos vies et d’ainsi se réserver des moments sans écrans. Et, dans son document «Aider nos jeunes à utiliser leur téléphone intelligent de façon sécuritaire», HabiloMédias propose par ailleurs un outil que j’ai pour ma part trouvé super intéressant. Une entente familiale sur l’utilisation d’internet mais qu’il est facile d’adapter pour l’utilisation du téléphone. Ne serait-ce que pour trouver des façons de fixer des règles et des limites à l’utilisation pour éviter que celle-ci ne devienne excessive.

Alors à Go, on débranche ?