Intervention des pairs sur le web

Au cours des dernières années, notre compréhension du phénomène de l’intimidation s’est grandement transformée, essentiellement grâce à notre prise de conscience quant à l’importance des témoins, ou spectateurs, dans ce type de situation. Les recherches sur l’intimidation hors ligne ont montré que, dans le déroulement d’un acte d’intimidation, les témoins peuvent jouer un rôle tout aussi important que les victimes ou les auteurs. Cela est d’autant plus vrai dans les cas de cyberintimidation, où les témoins peuvent choisir d’intervenir de nombreuses façons : ils peuvent décider de demeurer invisibles, de se mêler à la situation de manière anonyme ou de victimiser à nouveau la cible en retransmettant le matériel, ou alors ils peuvent choisir d’intervenir, d’offrir leur soutien à la victime et de témoigner de ce qu’ils ont vu.

Au cours de l’été 2015, TELUS s’est associée à PREVNet et à HabiloMédias pour mener un sondage à l’échelle nationale auprès de 800 jeunes âgés de 12 à 18 ans, afin d’en apprendre davantage à propos de leurs expériences et de l’attitude qu’ils adoptent devant l’intimidation par voie électronique. Comme très peu de recherches ont été faites à ce sujet, nous avons voulu découvrir les facteurs qui influencent les jeunes à intervenir ou à ne pas intervenir lorsqu’ils sont témoins de cyberintimidation et connaître leur point de vue sur l’utilité de différentes manières d’agir.

Les réponses des jeunes participants dressent un portrait complexe du rôle des témoins et des choix qu’ils font dans de telles situations. Elles nous offrent également de précieux renseignements sur la façon dont les adultes peuvent leur offrir un meilleur soutien. Ces résultats, de même que leurs conséquences, seront présentés de façon détaillée dans le rapport complet.

Les points suivants présentent les résultats clés de la recherche.

Expériences de cyberintimidation

  • Il y a énormément de cyberintimidation. Au cours des quatre semaines précédant le sondage, 42 % des jeunes ont été victimes de cyberintimidation et 60 % ont été témoins de situations de cyberintimidation.
  • Les garçons et les jeunes issus des minorités étaient plus susceptibles d’avoir subi ou exercé de l’intimidation en ligne.
  • Les jeunes d’un âge plus avancé étaient plus susceptibles d’être victimes de cyberintimidation que les jeunes moins âgés.
  • Les jeunes qui sont victimes de cyberintimidation sont également plus enclins à faire subir à d’autres de la cyberintimidation.

Intervention en cas de cyberintimidation

  • La bonne nouvelle, c’est que les jeunes veulent aider : 71 % des jeunes qui ont été témoins d’intimidation en ligne sont intervenus à au moins une occasion.
  • L’âge et le sexe ne font pas de différence dans la volonté d’intervenir.

Facteurs qui motivent les jeunes à intervenir ou qui les retiennent

  • La volonté des jeunes d’intervenir lorsqu’ils sont témoins d’une situation de cyberintimidation dépend de la relation qu’ils entretiennent avec la victime. En effet, 90 % d’entre eux ont indiqué qu’ils interviendraient si un membre de leur famille était victime de cyberintimidation, alors que seulement 37 % le feraient dans un cas où ils ne connaissent pas la victime personnellement.
  • On a demandé aux participants de classer 17 stratégies d’intervention dans une situation de cyberintimidation. La majorité d’entre eux croit qu’il serait utile de réconforter la victime en privé, de parler de la situation à un adulte de confiance et de discuter de la manière de gérer la situation avec un parent ou des amis.
  • Ils ont indiqué que les stratégies les moins efficaces seraient de lire le message d’intimidation et de ne rien faire, ou d’en rire.
  • Lorsqu’on les a interrogés au sujet des facteurs qui les inciteraient à intervenir, les participants ont indiqué qu’ils seraient davantage motivés à poser un geste si l’intimidation était clairement méchante ou blessante.
  • Il est également important pour les jeunes de pouvoir agir de façon anonyme et de croire que leur intervention donnera des résultats et changera réellement les choses.
  • Les récompenses et les éloges reçus à la suite d’une intervention ne sont pas perçus comme un facteur important.
  • Lorsqu’on leur a demandé s’ils étaient en accord ou en désaccord avec un certain nombre d’énoncés à propos des obstacles qui freineraient leur intervention, la plupart des jeunes ont indiqué qu’ils croyaient que des mesures pouvaient être adoptées pour faire face à l’intimidation en ligne. Ils ne sont toutefois pas persuadés que leurs inquiétudes seront prises au sérieux ou que les adultes les aideront. Ils ont également peur d’empirer les choses pour la victime ou de se transformer eux-mêmes en victimes.
  • Contrairement aux jeunes qui n’avaient pas subi de cyberintimidation, les jeunes qui en avaient été victimes au cours des quatre semaines précédant le sondage étaient plus susceptibles de croire qu’il y aurait des conséquences négatives s’ils intervenaient.

Invitation à passer à l’action

Ces résultats doivent pousser les adultes à agir. Bien qu’il y ait bon nombre de résultats positifs, certaines réponses représentent pour eux une invitation à passer à l’action. La cyberintimidation demeure un problème important et beaucoup trop de jeunes en sont victimes. Des messages clairs ressortent du sondage :

  1. Les jeunes doivent pouvoir agir de façon autonome et participer pleinement à la prévention de la cyberintimidation et à la démarche d’intervention.
  2. Les adultes doivent agir davantage et encourager les jeunes à faire face au problème en éliminant les obstacles perçus et en les incitant à intervenir.
  3. L’entretien de relations saines et fondées sur le respect de la diversité garantira que les droits de tous les jeunes seront respectés et soutenus de façon active.