Techniques publicitaires
Voici quelques-unes des techniques les plus courantes utilisées par les annonceurs pour nous amener à nous souvenir de leurs produits, à les aimer et à les acheter.
Appâts publicitaires
Les techniques publicitaires les plus facilement reconnaissables sont celles qui donnent une « raison » d’acheter un produit ou de préférer un produit à un autre[3].
Qualité
La qualité du produit est la « raison » la plus élémentaire : la voiture est rapide, la barre de chocolat est savoureuse, la pile dure longtemps, etc. Ces arguments sont plus courants dans les publicités destinées aux enfants (qui sont encore en train de développer leurs préférences en matière de marques), celles annonçant de nouveaux produits ou encore celles pour des produits bon marché.
Voici quelques façons dont les annonceurs peuvent envoyer un message trompeur sur la qualité.
- « Le meilleur » est mieux que « meilleur » : Les annonceurs n’aiment pas dire qu’un produit est « meilleur » qu’un autre parce que c’est une affirmation qui peut être mesurée et qui pourrait constituer une publicité mensongère (lorsqu’ils ont recours à ce type d’affirmations, elles sont très précises : cinq personnes interrogées sur six ont préféré X). La plupart des produits d’une catégorie sont souvent essentiellement identiques. Il est donc plus sûr de dire qu’un produit est « le meilleur ».
- Créer un problème, vendre la solution : Ces publicités vous causent de l’anxiété à l’égard d’une chose ou vous la font craindre, et vous présentent ensuite le produit comme une solution. Parfois, elles « activent » une peur ou de l’anxiété que nous avons déjà, comme la mauvaise haleine. Parfois, elles créent des angoisses qui n’existaient même pas auparavant. Les premiers antisudorifiques étaient commercialisés auprès des chirurgiens et des artisans comme moyen de garder les mains sèches, mais ce n’est que lorsque les publicités ont suggéré que l’odeur des aisselles pouvait gâcher les chances de mariage d’une femme qu’ils ont connu du succès[4]. (Voir la section « Appâts émotionnels » ci‑dessous pour en savoir plus sur la façon dont ils s’y prennent.)
- Raconter une histoire : Si les annonceurs n’ont pas d’allégation de qualité spécifique à faire sur leur produit, ils peuvent plutôt choisir de raconter une histoire qui en fait la démonstration. Par exemple, une publicité peut montrer comment un produit serait utile dans une situation particulière, sans parler précisément de sa qualité.
- Termes équivoques : Ces mots permettent aux annonceurs de donner l’impression de faire une déclaration sans en faire réellement une.
- Les termes équivoques « amélioré », « premium » et « naturel » sonnent bien, mais ne veulent rien dire.
- Des mots comme « croustillant » ou « juteux » donnent l’impression qu’un produit est bon, mais ne peuvent être ni prouvés ni réfutés (comment mesure-t-on le caractère croustillant d’un produit?).
- Dire qu’un produit « combat » quelque chose ou « aide » à faire quelque chose signifie seulement qu’il affecte ces choses d’une certaine manière.
- Certaines publicités utiliseront également des phrases équivoques. Une céréale sucrée peut « faire partie d’un petit-déjeuner équilibré » (si vous la prenez avec du lait, des fruits et du beurre d’arachides) tandis qu’une gomme à mâcher peut stopper la mauvaise haleine « jusqu’à » six heures durant (possiblement beaucoup moins).
Valeur
Dire qu’un produit a un bon rapport qualité-prix est une autre des affirmations les plus fondamentales. Environ un tiers des consommateurs sont principalement motivés par le prix et la valeur[5].
Cependant, il existe des moyens pour les annonceurs de rendre un prix plus attractif sans pour autant vous faire faire une meilleure affaire[6].
- Ajouter une option plus coûteuse : Lorsqu’il y a plus d’une option, nous regardons les prix les uns par rapport aux autres. L’ajout d’une option plus coûteuse fait paraître tous les autres prix plus bas.
- Confondre l’acheteur : L’ajout d’un grand nombre d’options peut inciter les acheteurs à choisir celle qui est la plus simple. Si vous avez une douzaine de choix à faire dans un restaurant rapide, il est tentant d’opter pour un « repas économique » plutôt que de faire le calcul pour savoir s’il est vraiment moins cher. Même les produits haut de gamme utilisent parfois cette technique : bien que les produits Apple soient plus chers que ceux de ses concurrents, une partie de ses arguments de vente repose sur leur facilité d’utilisation et le fait que vous ayez moins de choix à faire lorsque vous en achetez un.
- Offrir moins de valeur pour le même produit : Les spécialistes du marketing savent que nous détestons les hausses de prix des produits que nous achetons. Plutôt que d’augmenter les prix, ils réduisent souvent le coût notamment en réduisant la taille du produit ou en utilisant un emballage moins cher.
- Laisser tomber les frais d’expédition et de manutention ainsi que la taxe : Le prix d’origine est susceptible de subsister dans notre mémoire, et au moment où nous sommes prêts à acheter, il est peu probable que nous changions d’avis, surtout lorsque nous faisons des achats en ligne.
- Afficher les prix en petits caractères : C’est peut-être difficile à croire, mais nous pensons instinctivement qu’un prix en petits caractères est plus bas!
Pour les articles à bas prix
- Garder le premier chiffre le plus bas possible : Lorsque nous faisons un petit achat, comme des produits d’épicerie, nous ne prêtons généralement attention qu’au premier chiffre. Ainsi, même si 5,99 $ ne représente qu’un centime de moins de 6 $, nous considérons qu’il est beaucoup moins cher.
- Il est préférable d’indiquer le prix avant le produit puisque nous sommes plus susceptibles de vouloir un bon rapport qualité-prix lorsque nous achetons des articles bon marché.
Pour les articles coûteux
- Être aussi précis que possible : À des prix élevés, des chiffres très précis comme 2 978 $ semblent plus « honnêtes » que des chiffres arrondis comme 2 900 $.
- Il est préférable de montrer le produit avant le prix pour nous donner le temps de réfléchir à quel point nous désirons le produit avant de savoir combien il coûte.
Promotion de produits
La promotion d’un produit par une personne que le client apprécie et respecte est l’un des arguments publicitaires les plus anciens et les plus efficaces. Si, historiquement, les promotions de produits ont surtout été le fait de musiciens, d’acteurs et d’athlètes, aujourd’hui, les promotions des « influenceurs » des médias sociaux sont inestimables pour rejoindre les enfants[7].
Ces publicités fonctionnent grâce à ce que l’on appelle une relation parasociale entre le promoteur et le consommateur, c’est-à-dire lorsque nous avons l’impression de connaître quelqu’un que nous n’avons jamais rencontré, mais que nous avons vu dans les médias, même s’il s’agit d’un personnage fictif, comme un superhéros de bande dessinée ou une mascotte de céréales[8]. S’il est possible de nouer une relation parasociale par le biais des médias traditionnels[9], la nature interactive des réseaux sociaux et d’autres plateformes numériques les rend « plus organiques, plus intimes et plus intégrés dans notre vie quotidienne, en grande partie parce que nos relations "réelles" sont déjà de plus en plus virtuelles[10] ».
Les enfants et les adolescents sont particulièrement susceptibles de former des relations parasociales[11]. Lorsque les enfants ont une « relation » positive avec un influenceur, ils sont plus susceptibles d’être fidèles à une marque[12]. Les enfants qui voient des influenceurs faire la promotion de la malbouffe sont plus susceptibles de manger des collations malsaines[13].
Allégations santé et halos de santé
Certains produits présentent des allégations relatives à la santé, mettant en valeur les nutriments contenus dans les aliments ou les avantages d’un appareil comme un moniteur d’activité physique. Ces allégations peuvent être trompeuses de différentes manières. Les publicités ou les emballages peuvent indiquer qu’un produit est dépourvu de certains éléments (« sans matières grasses ») sans pour autant affirmer qu’il est globalement bon pour la santé, ou encore faire une allégation qui ne fait pas de différence pour la santé de la plupart des consommateurs, comme indiquer que des croustilles sont « sans gluten ».
Les allégations santé ne se contentent pas de nous donner des informations : elles confèrent au produit un « halo de santé » qui nous donne l’impression qu’il est bon pour nous en général. Par exemple, le jus d’orange a souvent été commercialisé comme une boisson santé qui cache le fait qu’il s’agit essentiellement d’une boisson à laquelle des vitamines ont été ajoutées[14]. En fait, une étude a révélé que la plupart des produits qui présentent des allégations santé sont riches en matières grasses, en sel ou en sucre[15]. Cependant, les halos de santé ne proviennent pas seulement des allégations nutritionnelles. Des images de fruits, des emballages en papier brun, des couleurs « naturelles » et même une bouteille « galbée » peuvent nous faire penser qu’un produit est bon pour la santé[16]. Certaines marques sont entièrement conçues pour donner un halo de santé à la malbouffe, comme les Peatos (des Cheetos faits à partir de pois), qui ne sont pas plus sains que leurs équivalents en dépanneur[17].
Autres techniques publicitaires
S’il est assez facile d’aider les enfants à reconnaître les publicités qui donnent une « raison » d’acheter, il peut être plus difficile pour eux de voir l’intention persuasive des publicités qui ne font pas d’allégation spécifique sur le produit de la publicité. Il est important de s’assurer qu’ils comprennent que de nombreuses publicités ont d’autres objectifs et de leur apprendre à reconnaître les moyens qu’utilisent les annonceurs pour atteindre ces objectifs.
Appâts émotionnels
Souvent, les publicités nous influencent sans faire d’allégation spécifique : elles nous font ressentir quelque chose. La publicité « optimiste » décrit le type de marketing émotionnel le plus connu : la campagne classique « I’d Like to Buy the World a Coke » (j’aimerais acheter un Coke au monde entier), qui utilise de la musique et des images pour évoquer une émotion positive et l’associer au produit, en est un exemple. Les appâts émotionnels sont plus efficaces lorsqu’ils évoquent des émotions plus spécifiques et que l’acheteur potentiel dispose d’un temps limité pour prendre une décision[18].
Mais les publicités ne doivent pas nécessairement nous faire sentir bien pour nous influencer. En fait, tous les « catalyseurs » émotionnels, comme la peur, la colère, la joie et même le dégoût, peuvent déclencher une réaction utile aux annonceurs[19].
Toutefois, il est important que l’émotion soit déclenchée au bon moment : « La clé pour créer des souvenirs forts chez les consommateurs dans une publicité ou une campagne de marketing est de montrer la marque ou le produit vendu au moment précis où nous ressentons de vives émotions[20]. » Pour les publicités numériques, il est même possible de jumeler un tel appât avec l’émotion qu’un spectateur ressent (probablement) déjà[21].
Techniques d’appâts émotionnels
- Couleur : La couleur est l’un des éléments les plus fondamentaux, mais aussi les plus importants de presque toutes les publicités[22]. Les couleurs vives et éclatantes peuvent rendre un produit plus mémorable et plus emballant[23], alors que le brun ou d’autres couleurs fades peuvent le faire paraître sain ou écologique.
- Publicités « optimistes » : Ces publicités suscitent des émotions positives à l’égard d’une marque ou d’un produit en les associant à des choses qui vous font sentir bien ou bien dans votre peau. Une publicité pour un restaurant peut montrer une famille ou un groupe d’amis s’amusant ensemble, tandis qu’une publicité d’aliments pour chiens peut montrer un chien courant joyeusement pour saluer son maître.
- Les « anti-publicités » ou « anti-marques » attirent votre attention et flattent votre intelligence en vous disant que vous êtes trop intelligent pour vous faire avoir par une publicité. L’exemple le plus connu au Canada est la marque « Sans nom » qui utilise un emballage noir et jaune pour tous ses produits. Cette technique permet aux annonceurs « d’avoir le beurre et l’argent du beurre ». Cette publicité de « Lait d’homme » se moque de la façon dont la masculinité est utilisée, mais l’utilise tout de même pour vendre un produit qui pourrait être considéré comme peu masculin (le lait au chocolat).
- Publicité pour une cause : Les gens considèrent que les publicités qui parlent de valeurs plutôt que de produits sont davantage dignes de confiance[24]. Il s’agit d’un type de publicité « optimiste » qui peut être très efficace pour susciter des sentiments positifs, ainsi que d’autres catalyseurs émotionnels. Par exemple, prendre position contre quelque chose que les consommateurs considèrent comme injuste peut susciter la colère, tandis que suggérer que l’achat d’un produit peut améliorer quelque chose d’important peut donner de l’espoir aux gens.
Dans certains cas, une marque peut être si fortement liée à une cause que son achat fait partie de l’identité politique des gens (voir la section « Vendre l’identité » ci-dessous).
- Il est important d’apprendre aux enfants à s’assurer que les entreprises « passent de la parole aux actes » et ne se livrent pas à des pratiques comme l’écoblanchiment (prétendre à tort à des avantages environnementaux ou mettre l’accent sur des actions positives tout en cachant d’autres impacts négatifs).
- Certaines publicités caritatives ne mentionnent que la marque, et non le produit, comme la campagne « La vraie beauté » de Dove ou « Cause pour la cause » de Bell. Si ces campagnes peuvent en effet faire du bien, les enfants doivent comprendre qu’il s’agit tout de même de publicités pour la marque.
- Humour : Créer une publicité drôle est un moyen de la rendre mémorable, de la rendre virale et de nous faire associer la marque ou le produit à des émotions positives.
- Musique : La musique est l’un des outils les plus importants de l’arsenal des annonceurs. Qu’il s’agisse d’une vieille chanson pop qui nous rend nostalgiques de notre jeunesse, d’un refrain que nous ne pouvons pas nous sortir de la tête ou d’une chanson tristounette qui nous fait pleurer même si nous savons que nous sommes manipulés, la musique a un effet émotionnel puissant sur nous.
- Variété : Outre le rapport qualité-prix et la fidélité à la marque, la variété arrive au troisième rang des raisons pour lesquelles les gens décident d’acheter, ce qui explique le défilé sans fin de nouvelles saveurs de croustilles et de boissons gazeuses, de nouveaux gadgets pour les rasoirs et d’autres caractéristiques « nouvelles » et « améliorées » qui amènent le supermarché moyen à proposer cinq fois plus d’articles différents aujourd’hui qu’en 1980[25].
- Toutefois, les spécialistes du marketing doivent faire attention : s’il y a trop d’options, les acheteurs opteront souvent pour le choix de plus simple (voir la section « Appâts publicitaires » ci-dessus). C’est pourquoi les entreprises arrêtent souvent la production d’anciennes variétés lorsqu’elles en ajoutent de nouvelles, créant ainsi l’impression d’une plus grande variété sans donner trop de choix à l’acheteur.
Renforcer la fidélité à la marque et sa notoriété
Les publicités axées sur la marque, plutôt que sur le produit, ont deux objectifs : sensibiliser les clients à la marque et les fidéliser à cette dernière.
Les marques ont un puissant impact sur nous. Les participants à un test de goût entre Coca-Cola et un autre cola ont massivement choisi Coke. Ce n’est qu’une fois le test terminé qu’ils ont appris que le cola mystère de qualité inférieure était aussi du Coca-Cola, mais sans toute l’imagerie, les publicités, la musique et les expériences liées à son logo et à sa bouteille distinctive[26].
Si l’image de marque fait partie de la publicité depuis ses débuts, l’auteure canadienne Naomi Klein a constaté une évolution vers la création de marques comme principale forme de publicité dans son ouvrage No Logo publié en 2000. À son avis, le milieu des années 1980 a vu naître un nouveau type d’entreprises, à savoir Nike, Calvin Klein et Tommy Hilfiger, pour n’en citer que quelques-unes, dont l’objectif premier est passé de la fabrication de produits à la création d’une image pour leur marque[27].
Les spécialistes du marketing plantent les graines de la reconnaissance de la marque chez les très jeunes enfants dans l’espoir que ces graines se transforment en relations à vie. Dès l’âge de six mois, les bébés peuvent se faire une image mentale des logos et des mascottes des entreprises. La fidélité à une marque peut être établie dès l’âge de deux ans et, au moment où les enfants entrent à l’école, la plupart peuvent reconnaître des centaines de logos de marques[28]. Ces efforts sont récompensés par une forte fidélité aux marques : lorsque les jeunes adolescents sont en mesure de dépenser leur propre argent, plus de la moitié leur sert à acheter leurs marques préférées[29].
Les jeux en ligne qui s’articulent autour de marques, de produits ou de personnages liés à une marque, communément appelés « publidivertissements », sont le véhicule idéal pour établir des liens entre les enfants et les marques. En général, les jeunes ne reconnaissent pas le publidivertissement comme des publicités en ligne : la plupart croient qu’il s’agit de « simples jeux ». Amusants, dynamiques et interactifs, il est facile de voir l’énorme avantage des publidivertissements par rapport aux publicités ordinaires. Ces publicités immersives offrent aux annonceurs ce qu’ils appellent des utilisateurs « persistants », c’est-à-dire des utilisateurs qui restent sur le site pendant de longues périodes.
Alors que les restaurants rapides et les entreprises de jouets et de vêtements cultivent depuis des années la reconnaissance des marques chez les enfants, les entreprises orientées vers les adultes, comme les banques et les constructeurs automobiles, s’y mettent à leur tour. L’image de marque est particulièrement importante dans les catégories où il y a peu de différence réelle entre les produits concurrents[30].
Mascottes
La mascotte est un type de valorisation de la marque particulièrement courant dans les publicités destinées aux enfants. Des personnages mémorables et attrayants, comme Tony le Tigre, peuvent créer une relation parasociale et susciter des émotions positives à l’égard d’une marque qui perdurent à l’âge adulte. En fait, une étude a révélé que les parents étaient plus susceptibles de considérer une céréale comme saine si elle présentait une mascotte qu’ils ont reconnue dans leur enfance[31]. L’utilisation de personnages issus d’autres médias peut également être un moyen efficace d’intéresser les enfants à un produit.
Différentiation
L’image de marque permet également aux spécialistes du marketing de cibler plus précisément leurs publicités, ce qui peut parfois être aussi simple que d’avoir des marques distinctes de rasoirs roses et bleus, bien qu’elle puisse parfois aussi se fonder sur des aspects plus complexes de notre image de soi.
Les marques destinées aux enfants essayeront souvent de se différencier en indiquant qu’elles sont exclusivement destinées aux enfants et non aux adultes. Par exemple, les adolescents peuvent être attirés par un « contenu qui ne signifie absolument rien pour les adultes qui les entourent puisque le contenu le plus drôle et le meilleur est celui qu’eux seuls comprennent[32] ».
Vendre l’identité
L’une des formes les plus efficaces de publicité consiste à vendre une identité par le biais de la marque. Les adolescents, qui sont encore en train de développer leur identité et sont très sensibles à la façon dont leurs pairs les perçoivent, y sont particulièrement vulnérables[33].
Parfois, la vente d’une identité dépend de la manière dont vous voulez que les autres vous perçoivent : la Toyota Prius a dépassé les ventes d’autres voitures hybrides en partie parce que son apparence se distinguait de celle des voitures ordinaires, et que d’en posséder une envoyait un message plus fort de préoccupation pour l’environnement[34]. De même, les marques de luxe comme Apple peuvent charger plus cher parce qu’elles sont un signe reconnaissable pour les autres personnes que vous pouvez vous permettre de l’acheter.
D’autres fois, l’achat d’une identité est lié à l’image que nous voulons donner de nous-mêmes. Les publicités qui mettent en scène des personnes populaires ou séduisantes déclenchent un sentiment d’insécurité (voir « Appâts émotionnels » ci-dessus) et font miroiter l’idée que l’achat du produit peut nous rendre semblable à ces personnes. Même certaines publicités qui ont l’air de revendiquer une valeur sont en fait des publicités identitaires : une publicité qui met en avant la capacité d’un véhicule utilitaire sport de faire du tout-terrain, par exemple, s’adresse davantage aux personnes qui veulent croire qu’elles feront du tout-terrain qu’aux personnes qui le font réellement.
Certaines publicités font également appel à une identité que les gens ont déjà, ce qui peut sembler spécifique, comme l’utilisation du hockey pour attirer les Canadiens, mais le plus souvent, il s’agit de faire appel à une identité politique ou à un type de personnalité plus général.
Parfois, il est important qu’une marque vous aide à préserver votre identité. Dans les années 1950, de nombreuses femmes hésitaient à utiliser des préparations instantanées pour gâteaux parce que la tâche semblait trop facile : elles n’avaient pas l’impression de faire leur travail de mère. La marque Betty Crocker a résolu ce problème en encourageant les femmes à considérer la préparation du gâteau comme une partie du processus, en publiant des publicités et même des livres de cuisine qui présentaient des gâteaux dont les glaçages et les décorations étaient élaborés[35]. Plus récemment, des produits traditionnellement destinés aux femmes, comme le savon, ont été déclinés en versions « masculines » afin de cibler les hommes qui auraient pu être réticents à les acheter.
Clientèle fidèle et réaffirmation
Certaines publicités peuvent être efficaces même après que vous ayez acheté l’objet de la publicité. Voir une publicité pour un produit que vous avez récemment acheté peut être un moyen de transformer un achat ponctuel en une fidélité à vie de la marque. Dans le cas de produits coûteux, le fait de voir une publicité peut rassurer les personnes qui ont acheté quelque chose en leur montrant qu’elles ont « pris la bonne décision. La publicité agit comme un baume sur la légère baisse d’enthousiasme qui suit l’achat, et fait d’eux des ambassadeurs itinérants du produit[36] ».
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Ressources pour les parents
Ressources pour les enseignants
[1] Kunkel, D. (2010). Commentary: Mismeasurement of children’s understanding of the persuasive intent of advertising.
[2] Stanley, S.L., et Lawson, C.A. (2018). « Developing discerning consumers: an intervention to increase skepticism toward advertisements in 4-to 5-year-olds in the US ». Journal of Children and Media, 12(2), 211-225.
[3] O’Reilly, T.E., et Tennant, M. (2009). The age of persuasion: How marketing ate our culture. ReadHowYouWant.com.
[4] Peck, E. (2012). « How Advertisers Convinced Americans They Smelled Bad ». Smithsonian Magazine.
[5] Moss, M. (2021). Hooked: food, free will, and how the food giants exploit our addictions. Random House.
[6] Kolenda, N. (sans date). Psychology of Pricing.
[7] Williams, R. (2019) « Social media users trust fellow consumers more than brands, study finds. MarketingDive ». Consulté à l’adresse : https://www.marketingdive.com/news/social-media-users-trust-fellow-consumers-more-than-brands-study-finds/552994/
[8] Brunick, K.L., Putnam, M.M., McGarry, L.E., Richards, M.N., et Calvert, S.L. (2016). « Children’s future parasocial relationships with media characters: The age of intelligent characters ». Journal of Children and Media, 10(2), 181‑190.
[9] Horton, D., et Richard Wohl, R. (1956). « Mass communication and para-social interaction: Observations on intimacy at a distance ». psychiatry, 19(3), 215-229.
[10] Adegbuyi, F. (2021). « The Blurred Lines of Parasocial Relationships ». Cybernaut. Consulté à l’adresse : https://every.to/cybernaut/the-blurred-lines-of-parasocial-relationships. [traduction]
[11] Brunick, K.L., Putnam, M.M., McGarry, L.E., Richards, M.N., et Calvert, S.L. (2016). « Children’s future parasocial relationships with media characters: The age of intelligent characters ». Journal of Children and Media, 10(2), 181‑190.
[12] Chung, S., et Cho, H. (2017). « Fostering parasocial relationships with celebrities on social media: Implications for celebrity endorsement ». Psychology & Marketing, 34(4), 481-495.
[13] Coates, A.E., Hardman, C.A., Halford, J.C., Christiansen, P., et Boyland, E.J. (2019). « Social media influencer marketing and children’s food intake: a randomized trial ». Pediatrics, 143(4).
[14] Braun, A. (2014). « Misunderstanding Orange Juice as a Health Drink ». The Atlantic. Consulté à l’adresse : https://www.theatlantic.com/health/archive/2014/02/misunderstanding-orange-juice-as-a-health-drink/283579/.
[15] Siddique, H. (2021). « More than half of snacks marketed as healthy are high in fat, salt or sugar ». The Guardian. Consulté à l’adresse : https://www.theguardian.com/food/2021/mar/09/snacks-marketed-as-healthy-high-in-fat-salt-sugar.
[16] Krieger, E. (2019). « How food companies use packaging to fool you into thinking an item is healthful ». The Washington Post.
[17] Chaker, A.M. (2019). « The Junk Food That Wants to Have It Both Ways ». The Wall Street Journal. Consulté à l’adresse : https://www.wsj.com/articles/the-junk-food-that-wants-to-have-it-both-ways-11571847252.
[18] Kolenda, N. (sans date). The Psychology of Emotions in Advertising.
[19] McDuff, D., et Berger, J. (2020). « Why do some advertisements get shared more than others?: Quantifying facial expressions to gain new insights ». Journal of Advertising Research, 60(4), 370-380.
[20] Moss, M. (2021). Hooked: food, free will, and how the food giants exploit our addictions. Random House. [traduction]
[21] Kolenda, N. (sans date). The Psychology of Emotions in Advertising.
[22] Milosavljevic, M., et Cerf, M. (2008). « First attention then intention: Insights from computational neuroscience of vision ». International Journal of advertising, 27(3), 381-398.
[23] Moss, M. (2021). Hooked: food, free will, and how the food giants exploit our addictions. Random House.
[24] Bowler, H. (2021). « People trust ads that talk about values, not products, finds Nielsen ». The Drum. Consulté à l’adresse : https://www.thedrum.com/news/2021/12/13/people-trust-ads-talk-about-values-not-products-finds-nielsen.
[25] Moss, M. (2021). Hooked: food, free will, and how the food giants exploit our addictions. Random House.
[26] O’Reilly, T.E., et Tennant, M. (2009). The age of persuasion: How marketing ate our culture. ReadHowYouWant.com.
[27] Klein, N. (2000). No Logo. Penguin Random House.
[28] Kinsky, E.S., et Bichard, S. (2011). « "Mom! I’ve seen that on a commercial!" US preschoolers’ recognition of brand logos ». Young Consumers.
[29] (2021). « Young Teens Are Different: How to Effectively Reach the Influential 13-16 Market ». SuperAwesome. Consulté à l’adresse : https://www.superawesome.com/young-teens-are-different-report/.
[30] O’Reilly, T.E., et Tennant, M. (2009). The age of persuasion: How marketing ate our culture. ReadHowYouWant.com.
[31] Krashinsky, S. (2014). « The effects of ads that target kids shown to linger into adulthood ». The Globe and Mail. Consulté à l’adresse : https://www.theglobeandmail.com/report-on-business/industry-news/marketing/lovable-marketing-icons-retain-their-power-into-adulthood/article17479332/.
[32] (2021). « Young Teens Are Different: How to Effectively Reach the Influential 13-16 Market ». SuperAwesome. Consulté à l’adresse : https://www.superawesome.com/young-teens-are-different-report/.
[33] Pechmann, C., Levine, L., Loughlin, S., et Leslie, F. (2005). « Impulsive and self-conscious: Adolescents’ vulnerability to advertising and promotion ». Journal of Public Policy & Marketing, 24(2), 202-221.
[34] Champniss, G., et autres (2015). « Why Your Customers’ Social Identities Matter ». Harvard Business Review. Consulté à l’adresse : https://hbr.org/2015/01/why-your-customers-social-identities-matter.
[35] Mikkelson, D. (2008). « Requiring an Egg Made Instant Cake Mixes Sell? ». Snopes. Consulté à l’adresse : https://www.snopes.com/fact-check/something-eggstra/.
[36] O’Reilly, T.E., et Tennant, M. (2009). The age of persuasion: How marketing ate our culture. ReadHowYouWant.com. [traduction]