Stratégies de lutte contre la cyberintimidation

La cyberintimidation est l’affaire de tout le monde, et la meilleure réponse réside dans l’action et la prévention. La base qui permettra de minimiser les risques liés à l’utilisation d’Internet est d’instaurer le plus tôt possible un échange ouvert avec son enfant sur ses activités en ligne, et d’établir avec lui des règles qui évolueront avec son âge. La cyberintimidation est fortement liée au désengagement moral[1], c’est-à-dire à la façon dont nous pouvons nous tromper en pensant qu’il est normal de faire quelque chose que nous savons être mal ou de ne pas faire quelque chose que nous savons être juste. Favoriser l’empathie et le jugement moral chez les enfants est donc un aspect important pour la prévenir en ligne et hors ligne[2].

Recommandations à l’intention des plateformes

Les recherches sur la cyberintimidation ont permis de cerner différentes mesures que les plateformes comme les jeux en ligne et les réseaux sociaux peuvent prendre pour lutter contre la cyberintimidation, notamment :

  • inviter les jeunes à participer à l’élaboration de nouveaux outils et de nouvelles fonctionnalités. Les jeunes sont les experts de leur propre expérience et de la manière dont leurs pairs et eux utilisent les plateformes[3]. Il est également important de veiller à ce qu’une diversité de jeunes soit représentée, en particulier les groupes identifiés comme étant les plus à risque;
  • faire comprendre aux jeunes que l’intimidation et les autres comportements similaires ne sont pas normaux sur la plateforme. Les utilisateurs de jeux et de réseaux sociaux sont souvent victimes d’une ignorance pluraliste: s’ils pensent que certains comportements sont répréhensibles, ils croient à tort que la plupart des autres membres de la communauté ne sont pas d’accord. Plus de la moitié des jeunes Canadiens seraient plus susceptibles de réagir à des préjugés en ligne s’ils pensent que la plupart des autres utilisateurs sont d’accord avec eux[4];
  • s’assurer que les utilisateurs connaissent les règles et les politiques de la plateforme, en particulier lorsqu’ils s’y inscrivent la première fois, et expliquer clairement comment ces règles seront appliquées[5]: « Lorsqu’un jeune se connecte pour la première fois à une nouvelle plateforme ou application, son expérience donnera le ton à la manière dont il l’utilisera ou interagira avec lui à l’avenir[6]. » Les participants à l’étude de HabiloMédias ont déclaré qu’ils seraient plus enclins à signaler des incidents comme des insultes si les règles étaient claires et qu’ils avaient la preuve que la plateforme les appliquait[7];
  • présenter des « messages d’empathie » qui rappellent aux utilisateurs de réfléchir à l’impact que peuvent avoir leurs paroles ou actions sur d’autres personnes[8], et fournir aux utilisateurs de l’information et du soutien dans la gestion de leurs émotions et la résolution des conflits[9];
  • informer les parents sur les façons dont la cyberintimidation et les conflits en ligne peuvent se produire sur leurs plateformes et les moyens de préparer les enfants à y faire face[10];
  • promouvoir les utilisateurs populaires connus pour leur comportement positif. Par exemple, moins de 5 % des jeunes âgés de 6 à 12 ans ont cité un youtubeur comme source d’inspiration de gentillesse[11], mais ce sont précisément ces personnes qui sont susceptibles d’avoir un impact sur la perception qu’ont les jeunes de ce qui est normal et acceptable au sein d’une communauté[12].

Ces bonnes pratiques ne profitent pas seulement aux jeunes, mais aussi aux plateformes : la cyberintimidation et les autres comportements « toxiques » dans les jeux en ligne, par exemple, peuvent coûter à une entreprise jusqu’à un tiers de son chiffre d’affaires potentiel[13].

Stratégies pour les maisons et les écoles

Afin de combattre efficacement la cyberintimidation, il faut changer la culture dans laquelle elle se produit, en commençant par aider les enfants à comprendre que ce qui peut sembler une blague au départ peut avoir un effet profond sur quelqu’un d’autre. Il est également important de leur apprendre que la cyberintimidation est moins commune qu’ils ne pourraient le croire[14]. Lorsque les jeunes croient que la cyberintimidation est un comportement normal, ils sont plus susceptibles d’en faire et de la tolérer – et lorsqu’ils comprennent qu’il s’agit d’un comportement peu commun en réalité, les cas de cyberintimidation diminuent[15].

Les stratégies à la maison

  • Tant l’école que les parents devraient établir une entente ou un contrat d’utilisation de l’ordinateur, en collaboration avec les jeunes. Veillez à ce que votre entente comprenne des règles claires sur le comportement éthique en ligne. Les recherches de HabiloMédias ont montré que les enfants sont moins susceptibles d’adopter des comportements de cyberintimidation s’ils savent qu’ils sont contraires aux règles imposées à la maison[16]. Vous pouvez utiliser notre fiche-conseil Entente familiale sur l’utilisation d’Internet ou nos Lignes directrices familiales sur les nouveaux appareils technologiques pour établir des règles appropriées pour votre famille.
  • Il est important de sensibiliser les jeunes aux règles de l’école et de la maison concernant l’intimidation : plutôt que de se concentrer sur les sanctions, assurez-vous qu’ils savent clairement quel comportement est attendu d’eux. Les règles doivent être souples et viser à résoudre la situation, plutôt qu’à punir l’auteur des faits. Les politiques de tolérance zéro et les punitions sévères rendent les jeunes moins susceptibles de signaler l’intimidation lorsqu’elle se produit, et la criminalisation d’un comportement normal, comme les taquineries mutuelles, les amène à ne pas respecter la loi. Des procéduresclaires et bien établies qui permettent aux jeunes de savoir quoi faire lorsqu’ils sont témoins ou la cible d’intimidation sont encore plus importantes que des lois strictes.
    • Une règle est plus importante que les autres : les enfants devraient venir vous voir lorsqu’ils ont un problème en ligne, et vous devez leur promettre de les soutenir et de les aider à trouver une solution plutôt que d’adopter une approche punitive. Mais cela ne fonctionne que si les règles écrites sont les mêmes que les règles implicites. Si nous disons aux enfants de venir nous voir lorsqu’ils ont un problème, mais que nous les punissons lorsqu’ils le font (p. ex. en coupant leur accès à Internet ou en leur retirant leur cellulaire), ils apprendront rapidement quelles sont les véritables règles[17].
  • Pour les enfants plus jeunes, il est essentiel de les aider à développer leur empathie et leur santé émotionnelle. Encouragez-les à réfléchir à ce que les expériences en ligne peuvent faire ressentir à d’autres personnes, par exemple lorsqu’ils partagent une photo avec un membre de la famille en ligne[18]. Il est également important de leur communiquer clairement nos attentes en matière de comportement et de les aider à développer une pensée morale davantage axée sur les règles et les codes sociaux que sur la peur de la punition.
  • En aidant les enfants à développer leur vocabulaire émotionnel et en leur donnant l’habitude de parler de leurs sentiments, vous les rendrez plus résilients aux expériences négatives en ligne comme la cyberintimidation[19].
  • Les règles destinées aux plus jeunes enfants devraient porter sur les interactions en ligne dans le cadre de jeux. Si les enfants jouent à un jeu en ligne avec des amis qu’ils connaissent hors ligne, encouragez-les à désactiver la fonction de clavardage du jeu et à utiliser un autre moyen de communication (comme une application de discussion vocale ou vidéo).
  • Une fois qu’ils ont atteint l’âge de la préadolescence et de l’adolescence, nous devons commencer à leur enseigner les relations saines, et comment reconnaître les relations malsaines. C’est à cet âge que les enfants sont les plus sensibles aux normes sociales. Leur faire prendre conscience de la rareté de la cyberintimidation, et travailler à la rendre socialement inacceptable, est l’approche la plus efficace. Parallèlement, nous devons pousser les adolescents à développer une moralité personnelle moins légaliste et indépendante des règles sociales. (Dans une étude, les élèves des écoles intermédiaires qui exprimaient une conviction morale personnelle selon laquelle l’intimidation était inadmissible étaient les seuls à s’y opposer systématiquement.)[20]
    • À mesure que les préadolescents et les adolescents deviennent plus indépendants et soucieux de leur vie privée, aidez-les à repérer d’autres sources de soutien que vous. Demandez-leur à qui ils pourraient s’adresser si quelque chose les préoccupe et qu’ils ne sont pas à l’aise de vous en parler. Assurez-vous qu’ils connaissent les services de conseils en ligne comme Jeunesse, J’écoute.
    • De bonnes habitudes de sommeil sont essentielles à la santé mentale des préadolescents et des adolescents, et les rendent moins susceptibles d’être victimes de cyberintimidation[21]. Ne laissez pas les écrans dans la chambre des enfants et veillez à ce que l’heure du coucher soit régulière.
  • Pour les adolescents, les activités sociales en ligne sont intenses. C’est le moment de discuter de la nature des interactions en ligne de votre enfant et, plus particulièrement, de son utilisation responsable d’Internet. Des recherches ont montré que les enfants qui pensent à ce que leurs parents penseraient de ce qu’ils font en ligne sont beaucoup moins susceptibles de s’adonner à la cyberintimidation[22].

« Ma mère et mon père m’ont toujours appris à respecter les autres, même en ligne. Je dirais donc que c’est parce que je ne veux pas les décevoir[23]. » – Garçon de 12 ans

  • L’accent mis sur l’empathie et la santé émotionnelle est utile pour éviter que le drame ne se transforme en harcèlement et prévenir la forme de conflit mutuel de la violence relationnelle. Les recherches ont montré que les jeunes qui sont aptes à déterminer ce que ressentent les victimes et les intimidateurs sont moins susceptibles de se livrer à l’intimidation et plus enclins à soutenir la victime s’ils en sont témoins[24].
    • Encouragez les enfants à ne jamais publier ou répondre à quelqu’un sous le coup de la colère, mais plutôt à « s’éloigner » de la situation et à attendre qu’ils se calment.
    • Dites-leur de se souvenir qu’une grande partie des indices que nous utilisons pour savoir si quelqu’un plaisante (ainsi que ceux que nous utilisons pour savoir si nous avons blessé quelqu’un) n’existe pas lorsque nous communiquons en ligne, et qu’il faut donc toujours commencer par supposer le meilleur de l’autre personne et ensuite parler des conflits en personne plutôt qu’en ligne.
    • Rassurez vos enfants en leur disant qu’ils n’ont pas à vivre cette situation seuls. Parlez-leur des problèmes en ligne dès le début, avant que les choses tournent mal, et continuez d’en parler à mesure qu’ils grandissent pour qu’ils sachent qu’ils peuvent venir vous voir en cas de problème : « Les adolescents demanderont de l’aide à leurs parents pour des problèmes sociaux s’ils pensent que leurs parents les écouteront sans les juger[25]. »
      • Tout cela est également vrai en ce qui concerne les relations amoureuses : il faut apprendre aux préadolescents et aux adolescents à reconnaître les signes avant-coureurs d’une relation malsaine (p. ex lorsqu’un partenaire tente de contrôler, d’isoler ou d’humilier l’autre). 
    • Les jeunes se tournent également vers les normes sociales, notamment leur famille, leurs pairs et les médias, pour savoir ce qui est normal dans les relations amoureuses. Lorsque les enfants commencent à s’intéresser aux relations, assurez-vous de savoir ce qu’ils regardent, à quoi ils jouent et ce qu’ils écoutent et soyez prêt à parler de la façon dont ces médias dépeignent les relations : les émissions de télévision, la musique, les jeux vidéo et la publicité peuvent tous présenter comme étant normales des attitudes malsaines comme la possessivité, les conflits et même la violence,[26] mais nous pouvons aussi mettre en lumière les moments où les personnages des médias font preuve de gentillesse, de compassion et de soutien[27] et, pour les plus jeunes, expliquer clairement les leçons morales présentées dans les médias[28].

Nous devons également apprendre aux enfants comment réagir lorsque quelqu’un est méchant avec eux en ligne. Montrez‑leur la fiche-conseil « Que faire si quelqu’un est méchant envers toi en ligne » et assurez-vous qu’ils en comprennent les points essentiels.

  • Ne riposte pas. Souvent, l’intimidateur cherche à te faire fâcher. En ripostant, il obtient exactement ce qu’il souhaitait. En bloquant ou en mettant en sourdine les auteurs de ces comportements, il peut être plus facile de résister à l’envie de leur répondre, tout comme le fait de quitter la plateforme ou de s’éloigner de l’appareil où l’incident a lieu[29].
  • Enregistre les éléments de preuve. Dite à votre enfant de s’assurer d’enregistrer les preuves si quelqu’un a été méchant envers eux en ligne. Si quelque chose leur a été envoyé directement, assurez-vous qu’ils en fassent une sauvegarde. Si c’est quelque chose qui peut être effacé (un micromessage, une mise à jour de statut, etc.) demandez-leur de faire une capture d’écran (commentcamarche.net/faq/398-capture-d-ecran).
  • Parles-en à quelqu’un. Assurez-vous que vos enfants sachent qu’ils venir vous voir ou aller voir un autre adulte en qui ils ont confiance en tout moment s’ils ont des ennuis : se sentir soutenu à la maison et à l’école peut faire une grande différence dans les conséquences de la cyberintimidation sur les jeunes[30]. S’ils n’ont personne à qui parler hors ligne, rappelez-leur qu’ils peuvent contacter Jeunesse, J’écoute (http://www.jeunessejecoute.ca) et se confier à un de leurs conseillers spécialement formés.
  • Ne vous sentez pas coupable. Rappelez vos enfants que ce n’est pas de leur faute s’ils sont victimes de cyberintimidation. Il n’y a rien dans leur façon d’agir qui puisse justifier que quelqu’un soit méchant envers eux et il n’y a rien dans leur personne qui puisse justifier que quelqu’un soit méchant envers eux.

Si vous apprenez que votre enfant a intimidé quelqu’un en ligne, aidez-le à comprendre que ce comportement « fait du tort et provoque des souffrances dans le monde réel[31] ». Appliquez une conséquence appropriée comme des excuses ou une forme de restitution. Priver votre enfant de l’appareil ou de la plateforme où l’incident s’est produit ne doit être envisagé qu’en dernier recours puisque cette mesure pourrait dissuader votre enfant de se tourner vers vous à l’avenir.

Lorsqu’un enfant a été impliqué dans un incident de cyberintimidation, que ce soit comme victime, auteur, témoin ou une combinaison des trois, les parents doivent « prêter encore plus attention à leur utilisation de la technologie » et parler plus souvent avec les jeunes de ce qu’ils font en ligne. En général, ce n’est pas une bonne idée d’espionner les enfants, que ce soit en utilisant un logiciel de surveillance ou en vérifiant secrètement leurs comptes « puisque cette mesure témoigne d’une méfiance et peut encourager les jeunes à aller plus loin dans la clandestinité[32] ». Si vous décidez qu’il s’agit d’une condition nécessaire pour qu’ils puissent utiliser un appareil ou avoir accès à une plateforme en particulier, assurez-vous qu’ils le sachent et expliquez-leur clairement comment ils peuvent regagner votre confiance[33].

Consultez notre Guide de la cyberintimidation à l’intention des parents pour en savoir davantage et notre section Ressources pour parents pour obtenir des outils pratiques pour aider vos enfants à éviter et à traiter de la cyberintimidation.

Les stratégies à l’école

Les écoles ont commencé à adopter une approche plus proactive pour confronter l’intimidation, mais trop souvent, ces efforts tombent dans le stéréotype, mettent l’accent sur les pires scénarios et les plus invraisemblables, et se limitent à une intervention unique. Les jeunes interrogés dans le cadre de l’étude Jeunes Canadiens dans un monde branché effectuée par HabiloMédias, ont dit à maintes reprises avoir suivi des programmes de lutte contre la cyberintimidation – habituellement une conférence unique – qui non seulement n’ont trouvé aucun écho chez eux, mais qui leur ont aussi fait prendre la question moins au sérieux. Très souvent, ils hésitent à signaler l’intimidation parce qu’ils estiment que la présence d’un enseignant va envenimer la situation, peut-être parce que les enseignants doivent appliquer les politiques de tolérance zéro.[34]

Les jeunes surestiment souvent la fréquence de l’intimidation (et donc leur niveau d’acceptation sociale), et cela a un effet sur la fréquence à laquelle ils adoptent ce comportement. La bonne nouvelle est que lorsqu’ils sont mis au courant de la fréquence peu élevée de l’intimidation, ils sont moins susceptibles d’adopter ce comportement.[35] Il est également possible de changer les normes sociales, et les taux d’intimidation, grâce aux jeunes qui sont des « référents sociaux », c’est-à-dire des jeunes qui ne sont pas nécessairement les plus populaires, mais ceux dont le « comportement est observé par bon nombre d’autres jeunes[36] » et à des gens qui sont des modèles de rôle pour les jeunes de dénoncer l’intimidation.

Par contre, les programmes d’intervention s’adressent à toute l’école ; après un incident, ils offrent un soutien tant aux jeunes ciblés qu’aux intimidateurs ; et ils fonctionnent à divers niveaux – dans la classe, à la grandeur de l’école et de concert avec les parents et la communauté.[37] C’est pourquoi il est également important que les écoles aident les parents à comprendre les risques et les réalités de la cyberintimidation et des médias sociaux en général[38].

De quelle façon les écoles devraient-elles réagir à la cyberintimidation? Les spécialistes en cyberintimidation Samir Hinduja et Justin Patchin recommandent, dans leur ouvrage Bullying Beyond the Schoolyard: Preventing and Responding to Cyberbullying, les étapes suivantes :

  • déterminer s’il existe une menace immédiate pour qui que ce soit;
  • s’assurer que la victime est en sécurité;
  • apporter du soutien et faire preuve de compassion et d’empathie envers la victime;
  • surveiller l’auteur présumé, s’il est connu, et le tenir à l’écart de la victime;
  • recueillir toutes les preuves disponibles;
  • communiquer avec les parents ou tuteurs;
  • communiquer avec la plateforme en ligne où l’incident s’est produit;
  • communiquer avec les forces de l’ordre, le cas échéant;
  • faire respecter les règlements de l’école, le cas échéant;
  • communiquer avec le conseiller juridique de l’école, du conseil ou du district scolaire, le cas échéant[39].

Il est également prouvé que « l’utilisation de principes réparateurs comme l’écoute active, l’empathie et la prise de décision collective » en réaction à la cyberintimidation peut être plus efficace que l’identification d’une victime ou d’un auteur précis[40], notamment en se concentrant sur la restitution et la réconciliation plutôt que sur l’imposition d’une sanction[41].

Consultez notre section Ressources pour les enseignants pour obtenir des outils pratiques pour apprendre aux élèves à se comporter de façon éthique en ligne et pour savoir comment traiter de la cyberintimidation dans votre école. Il est également important d’enseigner aux élèves des compétences numériques connexes comme « la gestion des paramètres de confidentialité et de sécurité, la connaissance des mécanismes de blocage et de signalement sur différentes plateformes et la prise en compte de leurs pratiques de partage de renseignements et des contacts (publics) qui sont ajoutés à leurs comptes[42] » et comment « trouver, évaluer et partager des renseignements de manière responsable et engager une conversation constructive avec d’autres personnes d’horizons divers[43] » ainsi que la lutte contre les stéréotypes de genre qui peuvent amener les jeunes à excuser ou même à encourager certains comportements d’intimidation[44]. La création d’œuvres médiatiques par les élèves peut aussi être un moyen de leur apprendre l’empathie et la prise de perspective[45]. Consultez le cadre d’éducation aux médias numériques de HabiloMédias pour des leçons sur ces sujets ainsi que d’autres thèmes connexes comme la haine en ligne.

Stratégies pour habiliter les témoins

Les témoins de cyberintimidation jouent un rôle important. Lorsqu’ils interviennent, ils peuvent mettre fin à ces actes, en atténuer les conséquences douloureuses pour la cible et même changer la culture des espaces en ligne. Cependant, malgré le fait que la majorité des jeunes Canadiens et Canadiennes veulent intervenir lorsqu’ils sont témoins de cyberintimidation, ils choisissent souvent de ne pas le faire. La plupart du temps, c’est parce qu’ils s’inquiètent d’empirer les choses pour la cible ou de devenir eux-mêmes une cible.[46]

La bonne nouvelle est que de nombreux jeunes qui sont témoins d’intimidation interviennent. Selon le sondage, 64 % des élèves ayant participé à l’étude de HabiloMédias ont déclaré avoir fait quelque chose pour aider une personne qui était victime de méchanceté en ligne[47].

C’est un fait bien établi que lorsque des témoins d’intimidation défendent la victime, cela peut faire une différence énorme et positive, mais pas dans toutes les situations. Il y a probablement tout autant de cas où une intervention peut faire plus de tort que de bien à la victime, au témoin, ou aux deux, et les témoins peuvent avoir un certain nombre de raisons valides de ne pas vouloir signaler un cas d’intimidation lorsqu’ils en voient un. Il ne fait également aucun doute qu’il soit possible que les témoins fassent plus de tort que de bien, soit en se joignant directement à l’intimidation, en encourageant l’auteur ou même en revictimisant la cible en partageant une vidéo ou un message intimidant.

Afin d’habiliter nos enfants et nos adolescents à être des témoins actifs et éthiques, nous devons leur donner de meilleurs conseils. Il ne suffit pas de leur dire de « défendre » une victime. Chaque situation de cyberintimidation est différente et complexe, et nous devons enseigner aux enfants le principe voulant que les témoins ne causent pas de tort : avant de faire quoi que ce soit comme témoin, ils doivent réfléchir à la façon dont leur intervention pourrait aggraver la situation. Imaginons un instant qu’un jeune hétérosexuel ou homosexuel « dans le placard » soit harcelé de commentaires homophobes et qu’un témoin bien intentionné le défende en disant qu’il n’y a rien de mal à être homosexuel. Malgré ses bonnes intentions, le témoin aura involontairement contribué à l’intimidation.

En plus de leur apprendre à réfléchir avant d’agir, nous pouvons leur enseigner à prendre certaines mesures lorsqu’ils sont témoins d’intimidation : plus les jeunes disposent d’outils et de stratégies, plus ils sont susceptibles d’intervenir[48]. Confronter l’auteur publiquement peut être efficace, mais cette intervention peut parfois mettre l’auteur sur la défensive (surtout s’il estime être une victime) : une confrontation privée peut être plus efficace, surtout entre amis.

Il existe une approche qui s’applique à la fois à la cyberintimidation et aux formes moins graves de haine en ligne : enseigner aux jeunes à interpeller plutôt qu’à dénoncer. Pour ce faire, il faut partir du principe que la personne n’avait pas l’intention de blesser qui que ce soit, et lui expliquer clairement que ce qu’elle a dit ou fait a blessé une autre personne et pourquoi. L’interpellation se fait généralement en privé (p. ex. en envoyant un message privé) afin que la personne n’ait pas honte ou ne soit pas embarrassée. Elle peut se faire en utilisant des phrases comme « je suis sûr que tu ne voulais pas blesser personne, mais as-tu pensé que quelqu’un d’autre pourrait voir la situation différemment? » ou « je suis vraiment surpris de t’entendre dire une telle chose parce que ça ne te ressemble pas ».

Lorsque les situations dramatiques penchent du côté du harcèlement, il peut être important d’agir comme médiateur. Documenter le cas d’intimidation et le signaler peuvent également être des mesures appropriées, surtout dans les cas où le processus de signalement des cas d’intimidation est clair. Assurez-vous que les jeunes savent comment signaler un cas d’intimidation dans un environnement en ligne, comme les réseaux sociaux et les jeux virtuels, et qu’ils connaissent la procédure de leur école s’il en existe une. Réconforter la victime peut avoir un effet extraordinaire : les recherches ont démontré que les victimes d’intimidation souvent jettent souvent le blâme sur elles-mêmes si personne ne les soutient.[49]

Agis! Comment avoir une influence positive quand tu es témoin de cyberintimidation est une ressource qui peut être utilisée à la maison ou en salle de classe pour encourager et habiliter les jeunes à agir lorsqu’ils sont témoins de cyberintimidation.

Agis! a été créé suite à une étude sur les expériences de la cyberintimidation des jeunes Canadiens menée par HabiloMédias et PREVNet, l’autorité canadienne sur la recherche et les ressources portant sur la prévention de l’intimidation. Cet ensemble de ressource vise à habiliter les jeunes à faire face à la cyberintimidation en leur fournissant une gamme de stratégies pour agir, à leur donner une occasion de pratiquer le déploiement de ces stratégies et à les aider à choisir les stratégies appropriées à des situations différentes. Nous avons choisi le titre « Impact » pour deux raisons : en premier lieu pour souligner que la méchanceté et la cruauté en ligne – même quand c’est « juste pour rire » ou dans le contexte d’une situation dramatique – peuvent avoir de graves conséquences; en second lieu pour faire comprendre aux élèves qu’ils peuvent exercer un impact lorsqu’ils sont témoins de cyberintimidation.

La pièce maîtresse du programme Impact! est un outil interactif qui guide les jeunes dans leur processus de prise de décision en leur posant des questions telles que « Sais-tu clairement qui fait l’intimidation et qui en est la cible? » et « Penses-tu que la cible est menacée ou en danger dans l’immédiat? ». Chaque réponse guide l’élève vers une liste d’options appropriées pour la situation en question et des exemples de phrases à dire lorsqu’ils parlent aux cibles ou aux intimidateurs.

Cet outil est complété par un plan de cours pour les jeunes de la 7e à la 9e année (secondaire 1 à secondaire 3) qui comprend des jeux de rôle[50] pour développer leur empathie et permettre aux élèves de pratiquer les stratégies qu’ils apprendront ainsi qu’un ensemble d’affiches pour la salle de classe qui remettent en question les raisons que les élèves donnent souvent pour ne pas intervenir, par exemple « Je veux dire quelque chose, mais je ne sais pas si ça va faire une différence » et « J’ai peur qu’en défendant cette personne je devienne la prochaine cible ».

Dilemmes moraux liés à la cyberintimidation

Nous pouvons aider les jeunes à développer une moralité personnelle qui les guidera à prendre de bonnes décisions en discutant des dilemmes moraux qui touchent aux différents aspects de la question. Il est important qu’un dilemme moral n’ait pas de réponse correcte claire afin que les jeunes pratiquent leur raisonnement moral.

Pour aider les jeunes à savoir quoi faire lorsqu’ils sont témoins de situations d’intimidation, nous pouvons utiliser un dilemme moral comme celui-ci :

Alors qu’il joue à un jeu en ligne, François constate que son ami Michel est harcelé par un autre joueur, Alain, qui « tue » le personnage de Michel et lui tend une embuscade chaque fois qu’il retourne au jeu (ce que l’on appelle « camper », une violation grave de l’étiquette dans la culture du jeu). Cependant, François sait que Michel a abusé verbalement Alain dans le passé, lui criant des noms et refusant de le laisser se joindre à des équipes. Bien que François et Michel jouent souvent ensemble, François n’a jamais rien fait lorsque Michel intimidait Alain. Que devrait-il faire?

L’enfant peut alors se poser de nombreuses questions :

  • Michel a-t-il « mérité » le traitement en raison de ce qu’il a fait à Alain?
  • Quelle différence de gravité y a-t-il entre les deux comportements (abus verbal et exclusion par rapport à l’impossibilité de jouer au jeu)?
  • Est-il important de savoir que le comportement de Michel est fréquent et accepté dans la culture du jeu alors que celui d’Alain ne l’est pas?
  • François devrait-il prendre en considération les conséquences possibles de dénoncer Michel ou Alain aux modérateurs du jeu?

En vous rappelant que les jeunes donnent habituellement plus de poids à un argument moral à un niveau supérieur au leur, vous pourriez suggérer à un enfant du stade I ou II de son développement moral (motivé par l’espoir d’une récompense ou la peur d’une punition) comment il croit que le comportement de Michel et d’Alain, et toute mesure prise par François, affectera la communauté au sein du jeu et la capacité de tous de s’amuser. Un enfant du stade III ou IV (qui se soucie principalement des lois et des codes sociaux) peut être encouragé à considérer quelle mesure correspondrait le mieux à l’esprit des règles du jeu (lesquelles visent toutes à s’assurer que tous peuvent jouer au jeu et s’amuser) ou au principe voulant que tous aient droit au respect.

En plus d’être témoin d’intimidation, les jeunes peuvent être tentés d’adopter un comportement intimidant.

Imaginons qu’Emma, alors qu’elle édite une vidéo pour la danse de l’école pour l’album annuel, trouve des séquences d’une fille prénommée Geneviève qui ne sait apparemment pas qu’elle a une large tache de sauce à pizza sur son t-shirt. Geneviève faisait autrefois partie du cercle d’amis d’Emma, mais en a été exclue au cours des derniers mois et est devenue la cible de beaucoup de taquineries. Emma sait que si elle publie la vidéo, tous ses amis la partageront et « l’aimeront » et que Geneviève, en raison de la tache de sauce à pizza, se fera taquiner beaucoup sur son poids. Que devrait faire Emma?

Voici quelques questions à se poser :

  • Cela fait-il une différence que la vidéo ait été faite lors d’un événement public et que les gens puissent avoir déjà vu la tache?
  • La situation est-elle pire parce que Geneviève était auparavant l’amie d’Emma?
  • La situation est-elle pire parce qu’Emma a trouvé la vidéo pendant qu’elle faisait un travail scolaire plutôt que de l’avoir filmé elle-même?

Les enfants du stade I ou II peuvent être encouragés à penser s’il est bon pour un groupe de tourner le dos à ses membres, et à se demander si la même chose pourrait arriver à Emma si elle encourage ce type de comportement. Les enfants du stade III ou IV peuvent se demander si Emma devrait se sentir davantage responsable parce qu’elle utilise l’équipement de l’école et a été mise en position de confiance (elle n’aurait pas accès aux séquences si elle ne travaillait pas sur l’album annuel) et si les gens ont le droit à la dignité, même s’ils renversent de la sauce à pizza sur leur t-shirt. Qu’est-ce qu’Emma voudrait que Geneviève fasse si les positions étaient inversées?

Cette question montre que ce ne sont pas seulement les témoins et les auteurs d’intimidation qui font face à des dilemmes moraux, mais les cibles d’intimidation également.

Imaginons que Florence, une élève dont les vidéos de danse ont reçu de nombreux commentaires méchants d’un élève plus âgé nommé Daniel et de ses amis, visite sa page Facebook au laboratoire d’informatique de l’école et constate que Daniel avait utilisé l’ordinateur pour visiter sa propre page Facebook et qu’il n’a pas fermé sa session. Elle a maintenant l’occasion de voir toutes ses photos privées, d’envoyer des messages méchants en prétendant être Daniel ou de changer son mot de passe pour lui barrer l’accès à son compte. Que devrait-elle faire?

Les enfants du stade I ou II du développement moral peuvent être encouragés à penser à l’impact que la situation aura sur d’autres personnes et l’école en général (les gens pourraient vraiment être blessés par les faux messages, et Facebook pourrait être bloqué à l’école) et à propos du fait que Facebook a établi des règles strictes contre la personnification d’une autre personne. Ceux du stade III ou IV peuvent se demander si le droit de Daniel de contrôler sa propriété rend la personnification pire que ces commentaires méchants sur YouTube (essentiellement un espace public) et si le principe voulant qu’on ne guérisse pas le mal par le mal s’applique dans cette situation.


[1] Lo Cricchio, M. G., García-Poole, C., te Brinke, L. W., Bianchi, D., & Menesini, E. (2021). Moral disengagement and cyberbullying involvement: A systematic review. European Journal of Developmental Psychology, 18(2), 271-311.

[2] Meter, D. J., & Bauman, S. (2018). Moral disengagement about cyberbullying and parental monitoring: Effects on traditional bullying and victimization via cyberbullying involvement. The Journal of Early Adolescence, 38(3), 303-326.

[3] Digital Wellness Lab at Boston Children’s Hospital (2023). Creating a Positive Foundation for Greater Civility in the Digital World. Boston, MA: Boston Children’s Hospital. https://digitalwellnesslab.org

[4] Brisson-Boivin, Kara. (2019). « Les jeunes Canadiens en ligne : repoussant la haine. » HabiloMédias. Ottawa.

[5] Matias, J.N., et al. (2022) Study Results: How well do harassment prevention interventions transfer between communities? CatLab. https://citizensandtech.org/2022/08/harassment-prevention-across-communities/

[6] Digital Wellness Lab at Boston Children’s Hospital (2023). Creating a Positive Foundation for Greater Civility in the Digital World. Boston, MA: Boston Children’s Hospital. https://digitalwellnesslab.org [traduction]

[7] Brisson-Boivin, Kara. (2019). « Les jeunes Canadiens en ligne : repoussant la haine. » HabiloMédias. Ottawa.

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