Le marketing de la peur auprès des parents et des adultes

En tant qu'adultes concernés, nous devons également reconnaître quand nos peurs par rapport à la violence dans les médias sont utilisées pour nous vendre l'idéologie et une variété de produits associés à la censure générale.

La violence dans les médias est un problème social populaire qu’il est facile de s’approprier, surtout lorsqu’il se pose dans le contexte des jeunes et des enfants. En tant qu’adultes et parents cherchant à promouvoir des habitudes saines en ce qui a trait à la consommation des médias et à l’éducation aux médias, nous devons faire attention de ne pas tomber dans le piège des beaux discours chargés d’émotion conçus pour nous effrayer au lieu de nous éclairer.

Les polémiques chargées d’émotivité au sujet du film violent du mois ou du tout nouveau jeu vidéo choquant servent à propulser les enjeux comme la violence dans les médias sous les projecteurs, mais elles n’apportent que rarement, voire jamais, les outils dont les parents, les enfants et les citoyens ont besoin pour s’engager par rapport aux médias violents auxquels ils sont confrontés. Au contraire, la violence dans les médias, qu’il s’agisse de nouvelles ou de fiction, provoque des craintes à la fois exagérées et faussées. Par exemple, en se concentrant surtout sur les tueries de masse, la couverture de la violence armée favorise l’émergence d’idées fausses à ce sujet et n’aborde pas les grands enjeux sociaux ou les approches de santé publique[1], alors que la consommation accrue de médias axés sur la criminalité entraîne une peur accrue du crime ainsi qu’un soutien pour la peine de mort et des lois plus strictes quant aux peines imposées, comme la « loi des trois fautes »[2].

En plus d’être exploitée à des fins politiques, la peur provoquée par les médias est utilisée pour vendre la surveillance, qu’il s’agisse d’adopter la surveillance gouvernementale à l’école[3] ou d’acheter des dispositifs de surveillance pour espionner sa propre maison[4]. Les recherches de HabiloMédias montrent depuis plus de 10 ans que la couverture médiatique de l’exploitation sexuelle en ligne, laquelle dénature l’identité des « prédateurs », la façon dont ils approchent leurs victimes, et les personnes susceptibles d’être ciblées[5], incite les parents à surveiller leurs enfants de façon électronique[6]. Cependant, cette surveillance pourrait entraîner une perte de confiance entre les parents et les enfants qui, ironiquement, expose davantage ces enfants à des risques[7].

 

 

 

[1] Jashinsky, J. M., Magnusson, B., Hanson, C., & Barnes, M. (2017). Media agenda setting regarding gun violence before and after a mass shooting. Frontiers in public health, 4, 291.

[2] Eyal, K., Metzger, M. J., Lingsweiler, R. W., Mahood, C., & Yao, M. Z. (2006). Aggressive political opinions and exposure to violent media. Mass Communication & Society, 9(4), 399-428.

[3] Simon, J. (2007). Governing through crime: How the war on crime transformed American democracy and created a culture of fear. Oxford University Press.

[4] Haskins C. (2019) How Ring Transmits Fear to American Suburbs. Motherboard. Consulté sur le site https://www.vice.com/en/article/ywaa57/how-ring-transmits-fear-to-american-suburbs

[5] Roberts, S. (2011). An analysis of the representation of internet child luring and the fear of cyberspace in four Canadian newspapers (Doctoral dissertation, UOIT)..

[6] Steeves, V. (2012) Jeunes Canadiens dans un monde branché, Phase III : Parler de la vie en ligne avec les jeunes et les parents. HabiloMédias. Consulté sur le site https://habilomedias.ca/sites/default/files/pdfs/publication-report/full/JCMBIII-jeunes-parents.pdf

[7] Lyon, D. (2008). Surveillance Society. Fesitval del Diritto, Piacenza, Italia. Septembre 2008. Consulté sur le site le 7 mai 2012 http://www.festivaldeldiritto.it/2008/pdf/interventi/david_lyon.pdf.