Gérer l’utilisation des médias durant la phase intermédiaire de l’enfance (de 6 à 9 ans)
Aider les enfants à développer des habitudes numériques sécuritaires et responsables
Les parents peuvent soutenir les enfants de cet âge dans une exploration sécuritaire du numérique en privilégiant des expériences de qualité, en établissant des limites claires et en leur apprenant à reconnaître quand quelque chose ne tourne pas rond.
Il existe quatre grandes stratégies pour aider les enfants à devenir plus résilients face aux risques en ligne. Nous pouvons :
Sélectionner les expériences médiatiques de nos enfants;
Contrôler qui peut accéder à nos enfants et à leurs données;
Co-visionner les médias avec nos enfants;
Encadrer l’utilisation des médias de nos enfants.
Sélectionner
Les médias de qualité peuvent contribuer à l’acquisition de connaissances et de compétences. Aidez-les à trouver des médias adaptés à leurs besoins scolaires et personnels et utilisez des outils comme les signets, les listes de lecture et les moteurs de recherche personnalisés pour limiter l’exposition indésirable à des contenus inappropriés. En fonction du niveau de contenu sélectionné sur des plateformes comme YouTube, les enfants voient des chaînes et des vidéos correspondant à leur groupe d’âge.
Durant cette période, les enfants tendent généralement à préciser leurs centres d’intérêt et prennent plaisir à se perfectionner dans différentes compétences et divers domaines. Les deux tiers utilisent Internet pour en apprendre davantage sur leurs loisirs. (HabiloMédias, 2022, Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La vie en ligne.) Cette curiosité peut les mener vers une plus grande variété de contenus, notamment pour trouver des informations ou des conseils d’experts. Les parents peuvent encourager cette curiosité tout en utilisant des outils comme l’historique de visionnement et les listes de lecture pour surveiller ce que leurs enfants aiment regarder. Accordez-leur davantage de temps pour les activités en ligne qui sont éducatives, créatives, actives ou véritablement sociales.
Certains contenus médiatiques ne sont pas adaptés aux enfants de cet âge. Utilisez les outils intégrés, comme les profils YouTube Kids, les expériences supervisées, les listes de lecture et les contrôles parentaux, pour encadrer ce que votre enfant voit. Vous pouvez également vous assurer que la lecture automatique est désactivée afin qu’il doive choisir chaque vidéo qu’il regarde. (Pour ce faire sur un ordinateur ou un téléviseur, repérez l’option Lecture automatique au bas de la page de visionnement et sélectionnez « Lecture automatique désactivée ». Sur un appareil mobile, cliquez sur les trois points horizontaux, puis sur « Lecture automatique désactivée ».)
Contrôler
De nombreux enfants de cet âge aiment communiquer avec leurs amis par l’entremise de jeux en ligne ou de plateformes vidéo. Les parents peuvent les guider vers des plateformes qui offrent des communications sécuritaires. Par exemple, les expériences supervisées sur YouTube limitent les fonctionnalités sociales et proposent des recommandations adaptées à l’âge.
Ils sont beaucoup plus susceptibles de partager du contenu personnel avec leurs amis, mais moins enclins à le faire avec des inconnus. Bien que cela les rende globalement plus soucieux de leur vie privée, cela signifie aussi qu’ils peuvent partager des renseignements personnels avec un contact en ligne qu’ils perçoivent comme un ami. Ils utilisent moins souvent les paramètres de confidentialité que les jeunes plus âgés. (HabiloMédias, 2022, Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La vie en ligne.) Il est important de vérifier les paramètres de confidentialité de toutes les applications ou de tous les outils qu’ils utilisent, de les régler au niveau de protection le plus strict dès le départ et de commencer à leur apprendre à gérer eux-mêmes leur vie privée. Utilisez des applications de messagerie ou d’appel vidéo pour que vos enfants puissent parler avec leurs amis lorsqu’ils jouent, sans avoir à utiliser le système de clavardage intégré au jeu.
S’ils voient ou reçoivent quelque chose qui les met mal à l’aise, la meilleure réaction est d’en parler immédiatement à un parent. Rassurez-les en leur disant que le fait d’en parler ne leur attirera pas d’ennuis. Les parents devraient se référer aux règles communautaires des plateformes en ligne pour savoir comment gérer ce type de situation.
À cet âge, les enfants commencent à comprendre que les applications, les sites Web, les jeux, etc., sont tous interconnectés. Bien qu’ils commencent à percevoir certains risques liés au partage d’information en ligne, ils font encore majoritairement confiance aux autres, y compris aux applications et aux sites Web, pour respecter leur vie privée. La notion de « vie privée » est encore comprise de façon très concrète, par exemple le numéro de téléphone, l’adresse, etc. Ils ne comprennent pas encore que leurs recherches ou leurs activités en ligne peuvent être vues par d’autres et influencer les contenus qui leur sont proposés. Vous pouvez les aider à comprendre cela en leur parlant d’espaces privés (comme la salle de bain) ou de choses qu’ils ne voudraient pas que tout le monde sache (comme un moment où ils ont été méchants avec quelqu’un ou ont dit un mensonge).
Vous pouvez également choisir des plateformes comme YouTube Kids qui n’utilisent pas de publicité personnalisée et ne permettent pas la collecte de données à des fins de publicité ciblée. Sur YouTube, vous pouvez activer ou désactiver des éléments comme l’historique de visionnement et de recherche ou la publicité personnalisée à partir de la page Vos données dans YouTube (https://myaccount.google.com/yourdata/youtube).
Co-visionner
Visionner (et jouer) en compagnie de membres de la famille et d’amis peut être une expérience sociale positive, mais les enfants de cet âge ont encore besoin d’encouragement et d’accompagnement pour adopter un regard critique sur les contenus médiatiques. Lorsque vous regardez ou jouez en compagnie de vos enfants, n’hésitez pas à utiliser le bouton de pause pour parler de ce qui vous met mal à l’aise ou donner des exemples positifs. Explorez les sujets que votre enfant aime, de la nature à l’art en passant par les sciences, et parlez avec lui de ce qu’il remarque.
Il peut être révélateur pour les enfants de réaliser que tous les médias sont écrits et créés par des personnes qui ont leurs propres partis pris et expériences, et que les créateurs sont eux-mêmes influencés par les médias qu’ils ont vus. Comprendre que les médias ne sont pas des « fenêtres sur la réalité », mais plutôt le résultat de choix faits par leurs créateurs, a un effet important sur l’impact des médias sur les enfants. Vous pouvez donner des exemples de personnes qui ont participé à la création d’une œuvre médiatique que vous regardez ensemble : dans quelle mesure leurs choix, c’est-à-dire le contenu qui a été inclus ou omis et la façon dont il est présenté, ont-ils influencé l’impact de l’œuvre? La création d’un média peut également être une activité intéressante à faire ensemble puisqu’elle aide les enfants à comprendre que tous les médias ont été créés par des personnes.
À cet âge, les enfants sont capables de faire la différence entre la fiction et la réalité. Ils identifient généralement avec justesse les contenus clairement irréels, comme les dessins animés, et ceux considérés comme réels, comme les nouvelles. Toutefois, ils sont moins certains lorsqu’il s’agit d’œuvres plus réalistes. Tout ce qui brouille la frontière entre le réel et la fiction, comme la téléréalité, sera probablement perçu comme réel. Regarder des contenus ensemble et discuter de la façon dont les histoires sont construites les aide à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas.
C’est aussi l’âge où il convient de commencer à expliquer que certains contenus en ligne sont créés pour informer, d’autres pour divertir et d’autres encore pour vendre. Les enfants peuvent apprendre à reconnaître les contenus commandités ou les vidéos de type déballage et comprendre que les créateurs reçoivent parfois des produits gratuits. Demandez-leur, par exemple, s’ils pensent que leur créateur préféré a été payé pour faire la promotion d’un jeu, d’un jouet ou d’un autre produit : « Penses-tu qu’elle a été payée pour déballer ce produit? Si ce n’est pas le cas, penses-tu que l’entreprise lui a donné le produit gratuitement? Si c’était le cas, ta façon de voir les choses changerait-elle? »
Il est facile pour les parents de surestimer la capacité des enfants de cet âge de faire face à des contenus effrayants ou dérangeants. Soyez particulièrement vigilants lorsqu’ils partagent des médias avec leurs frères et sœurs plus âgés. Les enfants de cet âge ont encore besoin d’être rassurés physiquement après avoir vu un contenu effrayant. Si une scène fait peur, mettez sur pause et prenez le temps d’en parler. Aidez-les aussi à reconnaître la musique, le montage, les effets visuels et autres techniques médiatiques qui rendent une scène plus intense.
Encadrer
Les enfants de cet âge peuvent sembler très à l’aise avec la technologie, mais huit sur dix d’entre eux pensent que leurs parents en savent plus qu’eux. (HabiloMédias, 2022, Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La vie en ligne.)
C’est à cet âge que se construisent les habitudes liées à l’utilisation des écrans. Les enfants de tous âges peuvent découvrir de nouveaux intérêts, apprendre grâce à des points de vue diversifiés et développer un sentiment d’appartenance en explorant l’univers des vidéos en ligne. Il est beaucoup plus facile de prendre de bonnes habitudes à cet âge que plus tard : Établissez des règles relatives à l’utilisation des appareils et aux comportements que les enfants peuvent, doivent et ne doivent pas adopter en ligne, et communiquez-les clairement. Ils comprennent les raisons qui motivent ces règles, mais sont aussi plus enclins que les jeunes enfants à les remettre en question s’ils ne les jugent pas raisonnables. Assurez-vous donc que ces règles soient concrètes, cohérentes et qu’elles reflètent vos valeurs plutôt que d’être arbitraires. À ce stade, les enfants peuvent participer à l’élaboration des règles numériques de la famille, ce qui favorise leur sentiment de responsabilisation tout en renforçant les limites. Il est également important de revenir sur les règles établies précédemment et de rappeler aux enfants qu’ils doivent venir vous voir si quelque chose de désagréable leur arrive en ligne.
C’est également à ce stade que les enfants commencent à communiquer davantage avec leurs amis hors ligne par des moyens numériques comme la messagerie instantanée, mais ils doivent apprendre par des mécanismes d’adaptation et s’entraîner explicitement à gérer l’absence d’indices émotionnels dans ce média. Leur capacité à gérer leurs pensées et leurs émotions et à naviguer dans des relations plus complexes s’accroît. Parallèlement, le besoin d’appartenir au groupe devient aussi plus fort.
Un tiers des enfants de cet âge ont déjà été la cible de cyberintimidation. Parmi eux, la moitié ont déclaré que cela s’est produit dans un jeu en ligne, le quart par message texte ou messagerie, et un cinquième sur un réseau social. Un tiers d’entre eux ont déclaré qu’ils se tournaient vers leurs parents pour obtenir de l’aide lorsqu’ils en sont victimes. Un sur cinq dit ne rien faire pour montrer à l’intimidateur qu’il n’est pas affecté. Un autre cinquième dit qu’il espère simplement que l’intimidation va cesser. (HabiloMédias, 2022, Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La méchanceté et la cruauté en ligne.)
Rappelez-leur de porter attention à ce qu’ils ressentent lorsqu’ils utilisent les médias. Aidez-les à développer des stratégies conscientes pour éviter, minimiser et résoudre les conflits en ligne, comme présumer de la bonne intention de l’autre, privilégier une discussion en personne et prendre une pause avant de répondre. Encouragez-les à vous dire si quelque chose en ligne leur semble méchant ou troublant. Les enfants de cet âge se soucient généralement grandement de l’équité et de l’égalité et peuvent développer de l’empathie au cours de cette période si elle est favorisée et encouragée.
Un enfant de cet âge sur six a déjà intimidé quelqu’un en ligne. La forme la plus fréquente de cyberintimidation est de loin l’injure (71 %). (HabiloMédias, 2022, Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La méchanceté et la cruauté en ligne.) Sur des plateformes comme YouTube, les commentaires sont désactivés pour les contenus « destinés aux enfants » afin de protéger les plus jeunes. Les parents devraient rappeler à leur enfant que, s’il voit ou vit une situation dérangeante en ligne, il doit leur en parler ou s’adresser à un autre adulte de confiance.
L’experte en parentalité numérique Devorah Heitner suggère d’aider les enfants à se préparer à des situations difficiles en leur posant les questions suivantes :
- Que ferais-tu si tu faisais partie d’un groupe de messagerie et qu’un des membres te disait qu’il veut relancer le groupe sans toi?
- Que ferais-tu si quelqu’un disait quelque chose de méchant à propos d’un enseignant ou d’un autre ami?
- De quelle façon pourrais-tu dire à un ami qui t’envoie trop de messages que tu as besoin d’une pause?
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