Conseils en matière de sécurité dans les médias : Phase intermédiaire de l’enfance (6 à 9 ans)
Risques liés aux médias
Les risques auxquels les enfants sont exposés dans les médias se répartissent en quatre catégories :
- les risques liés au contenu, lorsque les enfants sont exposés à des contenus préjudiciables comme la violence, la haine et les médias sexualisés, ou qu’ils s’y engagent;
- les risques liés au comportement, qui découlent de ce que font les enfants ou de leurs interactions avec d’autres utilisateurs;
- les risques pour les consommateurs liés à l’argent, à la publicité et à la collecte de données;
- les risques liés aux contacts avec d’autres personnes.
Contenu
Près de 8 enfants sur 10 de cet âge utilisent YouTube, et un tiers utilisent TikTok. Ils sont beaucoup plus susceptibles que les enfants plus jeunes de voir des contenus inappropriés, que ce soit en ligne ou dans les médias traditionnels.
Pendant cette période, les enfants restreignent généralement leurs centres d’intérêt et aiment bien s’améliorer dans différents domaines et sujets. Les deux tiers d’entre eux utilisent Internet pour en savoir davantage sur leurs loisirs. À cet âge, l’acquisition d’un niveau élevé de compétences ou de connaissances peut devenir une source de prestige, ce qui peut les amener à consulter un plus grand nombre d’applications et de sites Web, à la recherche d’informations anecdotiques ou de conseils d’expert.
Les enfants de cet âge sont capables de faire la différence entre la fiction et la réalité. Ils repèrent généralement avec précision les textes clairement irréels, comme les dessins animés, et les textes censés être considérés comme réels, tels que les actualités. Cependant, ils sont moins sûrs des œuvres plus réalistes. Tout ce qui brouille la frontière entre la réalité et la fiction, comme la téléréalité, sera probablement considéré comme réel.
Ils comprennent les morales simples des œuvres médiatiques et y réagissent, mais les messages plus complexes peuvent être mal compris. Ils accordent plus d’importance aux comportements qu’ils voient le plus souvent, comme lorsqu’un personnage adopte un comportement négatif pendant la majeure partie d’une émission et ne se comporte de manière positive qu’à la fin. Toutefois, une brève explication qui rend le message ou la morale explicite comble l’écart.
C’est en fait la tranche d’âge la plus susceptible d’être effrayée par des contenus qu’elle voit dans les médias. Contrairement aux enfants plus jeunes, ils sont conscients de la tension qui existe et peuvent être effrayés par des choses qui ne se sont pas encore produites, en particulier lorsqu’il y a des indices en ce sens comme une musique effrayante.
Comportement
C’est à cet âge que les habitudes liées à l’utilisation des écrans se mettent en place. Il est beaucoup plus facile de prendre de bonnes habitudes à cet âge que plus tard. Vous pouvez établir des règles et des routines quant aux moments et aux endroits où l’utilisation des appareils est autorisée, et la durée de leur utilisation.
Les enfants de cet âge utilisent les plateformes numériques pour communiquer avec leurs amis et leur famille. Un tiers d’entre eux ont été victimes de cyberintimidation, la moitié ont déclaré qu’ils en avaient été victimes dans le cadre d’un jeu en ligne, tandis qu’un quart d’entre eux ont déclaré en avoir été victimes dans un texto ou un message et un cinquième dans un réseau social. Un tiers d’entre eux ont déclaré qu’ils se tournaient vers leurs parents pour obtenir de l’aide lorsqu’ils en sont victimes. Un sur cinq dit ne rien faire pour montrer à l’intimidateur qu’il n’est pas affecté. Un autre cinquième dit qu’il espère simplement que l’intimidation va cesser.
Ils acquièrent la capacité de gérer leur pensée et leurs émotions et d’entretenir des relations plus complexes. Cependant, le besoin de s’intégrer au groupe devient également plus fort. Un enfant de cet âge sur six a déjà intimidé quelqu’un en ligne. La façon la plus courante de le faire (71 %) est d’injurier quelqu’un, mais un sixième des cyberintimidateurs ont publié ou partagé une photo embarrassante.
La raison la plus souvent invoquée pour justifier l’intimidation : il s’agissait d’une « simple plaisanterie ». Ils sont moins susceptibles que les enfants plus âgés d’essayer de se venger de quelqu’un qui les a intimidés ou de le faire parce qu’ils s’ennuyaient. Les enfants de cet âge se soucient généralement grandement de l’équité et de l’égalité et peuvent développer de l’empathie au cours de cette période si elle est favorisée et encouragée.
Contact
De nombreux enfants de cet âge utilisent des sites de diffusion de vidéos comportant des éléments de réseaux sociaux, comme YouTube et TikTok. Entre un cinquième et un quart d’entre eux utilisent des réseaux sociaux comme Instagram et Snapchat. Bon nombre jouent également à des jeux multijoueurs en ligne comme Roblox et Fortnite, où ils peuvent entrer en contact avec des personnes qu’ils ne connaissent pas hors ligne. Un peu plus de la moitié d’entre eux possèdent leur propre téléphone intelligent.
Les enfants de cet âge ont une compréhension plus complexe de la vie privée que les plus jeunes. Ils sont beaucoup plus susceptibles de partager des contenus personnels avec leurs amis, mais moins enclins à les partager avec d’autres personnes en général. S’ils protègent ainsi davantage leur vie privée, ils sont également susceptibles de partager des renseignements personnels avec un contact en ligne qu’ils considèrent comme un ami.
Un jeune sur cinq a déjà reçu un contenu en ligne qui l’a mis mal à l’aise. Lorsque c’est le cas, ils sont plus susceptibles (71 %) d’en parler à un parent ou à un tuteur. La moitié d’entre eux bloquent la personne qui leur a envoyé un tel contenu.
Consommateur
À cet âge, les enfants peuvent commencer à comprendre que les applications, les sites Web et les jeux, notamment, sont tous connectés. Ils commencent à comprendre l’idée des données sensibles ou des informations d’identification personnelle. Vous pouvez les aider à comprendre cette notion en parlant d’espaces privés (comme la salle de bain) ou de choses qu’ils ne voudraient pas que quelqu’un sache (comme les fois où ils ont été méchants envers quelqu’un ou raconté un mensonge).
Ils commencent à comprendre les risques liés au partage de renseignements en ligne, mais font encore majoritairement confiance aux autres, y compris aux applications et aux sites Web, pour respecter leur vie privée. La « vie privée » est encore perçue en termes très concrets (p. ex. numéro de téléphone, adresse, etc.). Ils ne comprennent pas que des éléments, comme les recherches ou ce qu’ils font en ligne, peuvent être vus par d’autres et influencer le contenu qu’ils voient.
Bon nombre des applications et des jeux destinés aux enfants de cet âge intègrent des achats en ligne. Les enfants peuvent ressentir la pression sociale qui les pousse à acheter, et l’application elle‑même peut également exercer une pression sur eux. (Dans certaines applications, des personnages encouragent les enfants à faire des achats ou montrent des personnages tristes s’ils ne le font pas.)
Ils peuvent commencer à se familiariser avec les droits d’auteur et l’utilisation équitable. C’est une période où l’utilisation éthique des contenus en ligne devient de plus en plus pertinente puisque les enfants commencent à utiliser Internet pour leurs projets de recherche scolaire.
Conseils de sécurité
Il existe quatre stratégies principales pour aider les enfants à devenir plus résilients face aux risques en ligne. Nous pouvons :
- sélectionner les expériences médiatiques de nos enfants;
- contrôler qui peut accéder à nos enfants et à leurs données;
- co-visionner les médias avec nos enfants;
- encadrer l’utilisation des médias de nos enfants.
Sélectionner
Prenez le temps de vous renseigner sur tout nouveau jeu ou application avant de les laisser les télécharger, même s’ils sont gratuits. Laissez-leur plus de temps pour des activités en ligne éducatives, créatives, actives ou véritablement sociales.
Les médias de qualité peuvent contribuer à l’acquisition de connaissances et de compétences. Aidez-les à trouver des médias adaptés à leurs besoins scolaires et personnels et utilisez des outils comme les signets, les listes de lecture et les moteurs de recherche personnalisés pour limiter l’exposition indésirable à des contenus inappropriés. Le filtrage d’Internet est utile, mais il est important d’aider votre enfant à trouver des sources d’information et de divertissement fiables et appropriées.
La plupart des enfants de cet âge ne vont jamais au-delà de la première page de résultats lors d’une recherche. De même, ils ne savent pas comment les recherches ou les contenus sont sélectionnés ou diffusés. Ils peuvent commencer à cerner les genres journalistiques, à reconnaître la structure et les rubriques d’un journal, à comprendre l’organisation d’une salle de presse (qui fait quoi, échéanciers, routine quotidienne, etc.). Ils peuvent également commencer à se familiariser avec les normes journalistiques de base.
Il est facile pour les parents de surestimer la capacité des enfants de cet âge de faire face à des contenus effrayants ou dérangeants. Soyez particulièrement vigilants lorsqu’ils partagent des médias avec leurs frères et sœurs plus âgés.
Les trois quarts des enfants obtiennent leur premier téléphone à ce stade. Dans la plupart des cas, c’est parce que leurs parents voulaient pouvoir les appeler ou les texter. Avant de décider de donner un téléphone à un enfant, demandez-vous s’il comprend les règles et les valeurs que vous attendez qu’il respecte lorsqu’il l’utilise. Si vous décidez de ne pas lui donner de téléphone, passez en revue les stratégies qu’il peut utiliser pour vous joindre en cas de besoin. (Ces stratégies seront également utiles lorsqu’ils seront plus âgés si la pile de leur téléphone est déchargée.) Vous pouvez aussi leur donner un téléphone « non intelligent » qui n’a pas d’applications ni d’accès à Internet. N’oubliez pas que pour les enfants, un téléphone est synonyme d’indépendance accrue. Si le téléphone de leur donne pas plus de liberté en ligne, il devrait leur en donner davantage hors ligne (comme la possibilité de se rendre dans des endroits ou de faire des activités avec des amis par eux‑mêmes).
Contrôler
En général, les enfants de cet âge sont moins susceptibles d’utiliser les paramètres de confidentialité que les plus âgés. Il est important de vérifier les contrôles de confidentialité des applications et des autres outils qu’ils utilisent, de commencer par les niveaux les plus stricts et à leur apprendre à gérer leur propre vie privée.
Utilisez des applications de messagerie ou de clavardage vidéo pour que vos enfants puissent parler à leurs amis lorsqu’ils jouent, sans avoir à utiliser le système de clavardage du jeu.
Les enfants de cet âge qui ont un téléphone sont moins susceptibles d’avoir un forfait de données que les enfants plus âgés et aussi de compter sur la technologie Wi-Fi. Les escrocs mettent parfois en place de faux réseaux Wi-Fi comportant des noms comme « Liberty Network » afin d’espionner les utilisateurs. Vous devriez donc aider vos enfants à trouver des sources de Wi-Fi public sécurisé et vous assurer qu’ils reconnaissent un réseau légitime.
Co-visionner
Visionner (et jouer) en compagnie de membres de la famille et d’amis peut être une expérience sociale positive, mais les enfants de cet âge ont encore besoin d’être incités et encouragés à s’engager de façon critique dans le contenu des médias. Lorsque vous regardez ou jouez en compagnie de vos enfants, n’hésitez pas à utiliser le bouton de pause pour parler de ce qui vous met mal à l’aise ou donner des exemples positifs.
Il peut être révélateur pour les enfants de réaliser que tous les médias sont écrits et créés par des personnes qui ont leurs propres partis pris et expériences, et que les créateurs sont eux-mêmes influencés par les médias qu’ils ont vus. Comprendre que les médias ne sont pas des « fenêtres sur la réalité », mais plutôt le résultat de choix faits par leurs créateurs, a un effet important sur l’impact des médias sur les enfants.
Vous pouvez donner des exemples de personnes qui ont participé à la création d’une œuvre médiatique que vous regardez ensemble : dans quelle mesure leurs choix, c’est-à-dire le contenu qui a été inclus ou omis et la façon dont il est présenté, ont-ils influencé l’impact de l’œuvre? La création d’un média peut également être une activité intéressante à faire ensemble puisqu’elle aide les enfants à comprendre que tous les médias ont été créés par des personnes.
Demandez aux enfants s’ils pensent que leur youtubeur, instavidéaste ou influenceur préféré a été payé pour promouvoir un jeu, un jouet ou un autre produit : « Penses-tu qu’elle a été payée pour déballer ce produit? Si ce n’est pas le cas, penses-tu que l’entreprise lui a donné le produit gratuitement? Si c’était le cas, ta façon de voir les choses changerait-elle? »
Les enfants de cet âge ont encore besoin d’être rassurés physiquement après avoir vu un contenu effrayant. Il est également possible de les aider à comprendre qu’une œuvre médiatique n’est pas réelle et à reconnaître les conventions, comme l’idée que le héros gagne toujours à la fin, qui leur permettront de relativiser une image ou un moment effrayant. Il peut également être utile de parler des moyens utilisés par les médias pour créer de la tension ou provoquer la peur (comme une musique effrayante) afin qu’ils puissent reconnaître à quels moments ils sont utilisés.
Encadrer
Les enfants de cet âge peuvent sembler à l’aise avec la technologie, mais 8 sur 10 d’entre eux pensent que leurs parents en savent plus qu’eux. Établissez des règles relatives à l’utilisation des appareils et aux comportements que les enfants peuvent, doivent et ne doivent pas adopter en ligne, et communiquez clairement ces règles. Ils comprennent les raisons qui sous-tendent les règles mais, parallèlement, ils sont plus susceptibles que les enfants plus jeunes de s’opposer à des règles qu’ils ne jugent pas raisonnables. Assurez-vous donc que les règles sont pratiques et reflètent des valeurs plutôt que d’être arbitraires.
Il est également important de revenir sur les règles établies précédemment et de rappeler aux enfants qu’ils doivent venir vous voir si quelque chose de désagréable leur arrive en ligne.
C’est également à ce stade que les enfants commencent à communiquer davantage avec leurs amis hors ligne par des moyens numériques comme la messagerie instantanée, mais ils doivent apprendre par des mécanismes d’adaptation et s’entraîner explicitement à gérer l’absence d’indices émotionnels dans ce média. Rappelez-leur de prêter attention à des éléments comme la tension et le rythme cardiaque pour identifier ce qu’ils ressentent lorsqu’ils utilisent les médias. Aidez-les à développer des stratégies conscientes pour éviter, minimiser et résoudre les conflits en ligne, par exemple en présumant le meilleur de l’autre personne, en discutant en personne et en faisant une pause avant de répondre.
Devorah Heitner, experte en parentalité numérique, suggère de poser les questions suivantes.
- Que ferais-tu si tu faisais partie d’un groupe de messagerie et qu’un des membres te disait qu’il veut relancer le groupe sans toi?
- Que ferais-tu si quelqu’un disait quelque chose de méchant à propos d’un enseignant ou d’un autre ami?
- De quelle façon pourrais-tu dire à un ami qui t’envoie trop de messages que tu as besoin d’une pause?
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