Image corporelle – Introduction

La croyance populaire voulant que « minceur soit synonyme de beauté » est profondément ancrée dans notre société.

Couverture du magazine Men's Health avec Chris HemsworthLa recherche démontre que cette croyance est déjà présente chez des enfants d’à peine trois ans [1]. Toutefois, c’est à l’adolescence qu’on risque surtout de développer une attitude malsaine vis-à-vis notre propre corps en raison, justement, de cette croyance. À cet âge, les jeunes sont à construire leur identité [2] et sont particulièrement vulnérables à la pression sociale et à l’image médiatique [3]; ces facteurs peuvent grandement influencer l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et de leur corps. [4]

Une piètre image de soi peut avoir des effets nocifs : le plus répandu est sans doute le manque d’estime de soi qui, à son tour, génère d’autres risques. Selon le Rapport mondial sur la beauté et la confiance de Dove, lorsque les jeunes n’aiment pas leur apparence, « 7 sur 10 d’entre eux arrêtent de manger ou mettent leur vie en danger d’autres façons ». Cette faible estime d’eux peut aussi avoir des impacts profonds sur leur avenir : 17 % des femmes n’ayant pas confiance en elles disent qu’elles n’iraient pas passer une entrevue d’emploi[5].

Par ailleurs, on établit un lien entre piètre image de soi et intimidation [6] en particulier chez les jeunes; ceux qui ont peu d’estime personnelle risquent davantage d’adopter le comportement de l’agresseur ou de la victime d’intimidation [7]. (Veuillez consulter nos ressources sur les stéréotypes sexuels et l’intimidation pour savoir comment agir en pareilles circonstances).

Si l’image corporelle fut longtemps considérée comme un sujet propre au genre féminin, on a vu se multiplier les recherches portant sur l’image corporelle chez les garçons depuis une dizaine d’années : en 2012, une étude démontre que, dans les classes de 10e année / Secondaire IV, 50 p. cent des garçons et des filles ont le sentiment d’être soit trop minces, soit en surpoids [8]. Une étude australienne a révélé que les problèmes d’image corporelle chez les hommes étaient liés à une qualité de vie moins élevée tant chez les hommes que les femmes[9]

Publicité dans un magazine féminin mettant en vedette BeyoncèPar le passé, l’appartenance à un groupe ethnique était vue comme un élément protecteur puisqu’on retrouvait moins d’insatisfaction, face à son propre corps, chez les filles et les femmes noires. Mais culture et ethnicité n’ont plus cet effet positif. De récentes études montrent que même chez les groupes culturels ayant traditionnellement une perception favorable de personnes de forte taille, au Mexique et dans les Samoa notamment, on adopte graduellement les mêmes critères de beauté minceur [10]; qui plus est, on demande également aux mannequins et animateurs noirs de se conformer de plus en plus aux normes des Blancs en matière de beauté et de minceur.

Dans un monde où nous sommes bombardés d’images médiatiques qui nous imposent des critères de beauté irréalistes – et provoquent notre déception lorsqu’on ne parvient pas à les atteindre – nous nous devons d’enseigner aux garçons et aux filles la littératie numérique afin de les doter des compétences voulues pour qu’ils soient en mesure de poser un regard critique sur les images masculines et féminines véhiculées dans les médias. Dans le prochain segment, nous verrons comment différents médias influencent le regard que nous portons sur nous-mêmes; enfin, nous examinerons le rôle que ces médias peuvent jouer en modifiant les représentations médiatiques qu’ils véhiculent et, du coup, notre regard et nos perceptions.  

 

[1] Harriger, J.A., R.M. Calogero, D.C. Witherington et al. 2010. Body size stereotyping and the internalization of the thin ideal in preschool girls. Sex Roles: A Journal of Research 63: 1-5.

[2] Slater, A., & Tiggemann, M. (2002). A test of objectification theory in adolescent girls. Sex Roles, 46(9/10), 343–349.

[3] Tiggeman, M., & Pickering, A. S. (1996). Role of television in adolescent women’s body dissatisfaction and drive for thinness. International Journal of Eating Disorders, 20(2), 199–203.

[4] Clark, L., & Tiggemann, M. (2007). Sociocultural influences and body image in 9 to 12 year-old girls: The role of appearance schemas. Journal of Clinic Child and Adolescent Psychology, 36(1), 76-86.

[6] Brixval, Carina et al. Overweight, body image and bullying – an epidemiological study of 11- to 15-year-olds. European Journal of Public Health, 7 mars 2011.

[7] Shelton, Sarah and Laura Liljequist. Characteristics and behaviors associated with body image in male domestic violence offenders. Eating Behaviors Volume 3, Issue 3, automne 2002, 217-227.

[8] Freeman et al. (2012). The Health of Canada’s Young People: A Mental Health Focus. Public Health Agency of Canada.

[9] Griffiths, S. et al (2016) Sex differences in the relationships between body dissatisfaction, quality of life and psychological distress. Australian and New Zealand Journal of Public Health, 40(6). 518-522.

[10] Alexandra Brewis, Amber Wutich, Ashlan Falletta-Cowden, and Isa Rodriguez-Soto, «Body Norms and Fat Stigma in Global Perspective.» Current Anthropology 52:2 (April 2011).