Jeunes Canadiens dans un monde branché, Phase IV : Discuter avec les jeunes et les parents de la résilience numérique

Aperçu

HabiloMédias a organisé des groupes de discussion avec des jeunes âgés de 11 à 17 ans et leurs parents pour mieux comprendre ce qui fonctionne pour les jeunes en ligne et ce qui doit être changé ou amélioré afin que ceux-ci tirent le meilleur parti de leurs expériences et de leurs interactions avec la technologie numérique, tant à la maison qu’en classe.

Grâce à ces discussions, nous avons découvert que les jeunes sont profondément conscients des pièges et des avantages de la technologie numérique. Bien qu’Internet et les appareils technologiques personnels des jeunes les aident à joindre leurs amis et à faire leurs devoirs, ceux-ci rencontrent également divers facteurs externes (comme la surveillance et le contrôle) qui entravent leur volonté d’être plus créatifs et engagés dans le monde en ligne. Cette recherche attire l’attention sur la façon dont nous pourrions aider les jeunes partout au Canada à être plus résilients en ligne (avec plus d’équilibre, de confiance et de soutien) et constitue le fondement de la phase IV de notre enquête sur les Jeunes Canadiens dans un monde sans fil qui aura lieu fin 2021.

Lisez le rapport complet ici.

Qu’est-ce que la résilience?

Ce rapport se concentre sur la résilience, qui est la capacité d’une personne de réagir à des environnements ou à des circonstances changeants et parfois stressants, ou de s’en remettre.

Dans le contexte numérique, la résilience est le plus souvent exprimée par la nécessité pour un jeune d’autoréguler efficacement son utilisation de la technologie numérique et des médias en ligne afin qu’il puisse mieux répondre à des contenus ou à des expériences potentiellement nuisibles ou inappropriés.

Alors que la résilience est souvent comprise comme un trait individuel, nous attirons dans ce rapport l’attention sur une forme de résilience plus communautaire ou collective, qui montre comment des groupes de personnes (jeunes, parents et enseignants) peuvent travailler ensemble pour répondre à l’environnement en constante évolution et parfois stressant, qu’est le monde en ligne et numérique.

Points clés à retenir :

  • Les jeunes utilisent les réseaux sociaux pour joindre leurs camarades et s’impliquer dans la culture populaire, mais ils craignent de devenir « dépendants » de leurs appareils et préfèrent en réalité les interactions en personne.
    • « Je sais que beaucoup de gens deviennent accros à presque tout, et je ne veux pas devenir l’une de ces personnes, qui, j’imagine, devient accro à son téléphone et ne veut rien faire d’autre » (Keeshia, 14 ans)
  • En ligne, on dispose d’énormément d’informations à portée de main, mais l’importante présence de contenu inexact fait qu’il est difficile pour les jeunes d’utiliser la technologie pour apprendre.
  • Les écoles offrent des occasions d’utiliser la technologie pour faire progresser l’apprentissage, ce que les jeunes apprécient, mais elles exigent parfois que les élèves utilisent un appareil alors qu’ils auraient préféré écrire à la main.
    • « J’avais vraiment envie d’écrire... et que c’est probablement plus éducatif que de rester en ligne et de regarder un écran » (Miranda, 11 ans)
    • « parce que parfois quand je les fais le soir, ça me fait un peu mal aux yeux parce qu’il fait sombre et que je fixe l’écran depuis longtemps [donc] je préfère les faire sur papier » (Aalim, 12 ans)
  • La surveillance en classe mine la confiance des jeunes envers les adultes, qui sont là pour les aider à apprendre, et le facteur « dérangeant » de la surveillance a souvent été mentionné.
    • « Ouais, c’est un peu bizarre d’espionner les enfants » (Hayden, 11 ans)
  • Les filtres, les bloqueurs et les logiciels de surveillance aident à faire la distinction entre les comportements en ligne appropriés et inappropriés, mais les jeunes savent contourner ces types de contrôles quand ils le veulent.
    • « C’est un peu une question de respect. Comme lorsqu’on s’habille mieux pour aller à l’école que pour rester à la maison. Si une personne veut aller sur des sites louches, qu’elle le fasse chez elle plutôt qu’à l’école » (Megan, 16 ans)
  • Bien que les jeunes comprennent les craintes de leurs parents au sujet du monde en ligne, les contrôles qu’ils subissent entravent leur utilisation de la technologie à des fins d’expression créative ou d’engagement communautaire.
    • « de nos jours, derrière toute technologie qui possède une caméra se cache une personne qui écoute et enregistre tout ce qui se passe » (Sachi, 15 ans)
    • « je n’écris rien de très personnel en ligne... parce que je sais que beaucoup de gens peuvent le voir » (Miranda, 11 ans)
  • Les contrôles gâchent également la confiance entre les jeunes et les adultes, ce qui empêche les jeunes de commettre des erreurs et d’apprendre de celles-ci. Aussi, les jeunes préfèrent alors ne pas se tourner vers les adultes lorsqu’ils rencontrent des problèmes.
    • « Je suis ton enfant. Tu devrais croire en moi un minimum… Me faire confiance » (Tejal, 16 ans).

Et après?

« Les adultes ont beaucoup de stéréotypes à propos des enfants » (Xander, 12 ans)

« Beaucoup de ces applications ont été commercialisées pour nous, donc je pense que ce serait juste que nous puissions avoir un mot à dire sur la façon dont elles sont conçues » (Amrita, 15 ans)

Ce rapport de recherche qualitative a mis en évidence certains fossés qui existent entre les jeunes et les adultes en ce qui concerne la technologie numérique, mais a également réaffirmé que nous devrions continuer à parler aux jeunes, qui sont les mieux placés pour expliquer aux adultes à quoi ressemble le monde en ligne et comment ils peuvent les aider à en tirer le meilleur parti.

La phase IV de Jeunes Canadiens dans un monde sans fil continuera d’explorer et d’approfondir ces résultats et se concentrera sur les points suivants :

  • Les supports de littératie numérique pour les parents et les éducateurs
  • L’utilisation de la technologie en classe
  • Les initiatives d’éducation et de transparence publique concernant la vie privée, le consentement et la collecte et l’utilisation des données
  • Les occasions pour les jeunes partout au Canada de partager leurs expériences avec les développeurs de technologies et de plateformes
  • Le développement d’espaces réservés aux jeunes dans le monde en ligne
  • La recherche sur les expériences en ligne des jeunes, afin de pouvoir approfondir notre compréhension de leurs points de vue, qui sont souvent absents de la recherche (et des politiques), sur les appareils et les technologies numériques

Dans l’ensemble, ces discussions avec les parents et les jeunes démontrent que la résilience est toujours un élément important de la littératie numérique, mais que pour assumer notre responsabilité commune en matière de bien-être numérique, nous devons favoriser une forme plus collective de résilience fondée sur la confiance, l’information et l’autonomisation des jeunes.