Exploitation sexuelle - Conseils de sécurité

En tant qu’adultes, nous voulons développer le plus tôt possible la résistance des enfants face aux choses de la vie. Cela comprend la façon de réagir au harcèlement et aux demandes qui les mettent mal à l’aise — que ce soit à l’école ou sur Internet. Au fur et à mesure qu’ils grandissent, on les aidera à repérer et à gérer la manipulation émotionnelle. En fait, la majorité des adolescents savent gérer les demandes d’inconnus en ligne. Ce qui leur pose le plus de problèmes est la façon de gérer les avances sexuelles venant de personnes qu’ils connaissent. 

En outre, les recherches ont montré que la plupart des activités en ligne quotidiennes, telles que publier sur les réseaux sociaux, ne mettent pas les jeunes en danger d’exploitation sexuelle : un chercheur « a déclaré qu’il ne connaissait aucun cas de délinquant sexuel ayant traqué et enlevé un mineur sur la base d’informations publiées sur [les réseaux sociaux][1]. »

Il est toutefois essentiel d’expliquer aux enfants ce qu’ils doivent faire s’ils sont confrontés à une quelconque sollicitation ou exploitation sexuelle en ligne : une étude a révélé qu’un tiers des enfants victimes n’avaient parlé à personne de ce qui leur était arrivé, et la moitié d’entre eux ont indiqué que c’était parce qu’ils « ne savaient pas vers qui se tourner ou à qui en parler[2]. »

  • Aidez les enfants à comprendre la notion de consentement dès leur plus jeune âge. Par exemple, vous pouvez leur demander « veux-tu faire un câlin à mamie? » au lieu de leur ordonner de le faire.
  • Demandez aux jeunes s’ils savent comment empêcher des personnes qu’ils ne connaissent pas de les contacter dans les jeux, sur les réseaux sociaux et sur d’autres espaces en ligne, et comment limiter les personnes qui peuvent voir ce qu’ils publient en ligne. Si ce n’est pas le cas, proposez de l’apprendre avec eux.
  • Discutez avec les jeunes des relations saines et de l’importance de ne pas faire pression sur quelqu’un pour qu’il fasse quelque chose qu’il ou elle n’a pas envie de faire — comme envoyer une photo dénudée de soi ou s’exhiber devant une webcam, et de ne soi-même pas s’y sentir obligé.
  • Demandez aux enfants de vous informer si un adulte qui occupe une position de confiance ou d’autorité, comme un entraîneur ou un animateur de groupe de jeunes, commence à communiquer avec eux en privé en ligne, même si c’est pour des raisons pratiques ou qui semblent innocentes au départ[3]. Les communications en ligne entre les jeunes et les adultes devraient se dérouler dans des espaces numériques publics et visibles.
  • Ne vous attardez pas sur les cas les plus extrêmes ou les histoires rapportées dans les actualités lorsque vous en discuter avec les enfants[4].
  • Fournissez aux enfants des sources d’informations sûres et fiables au sujet de la sexualité saine[5], comme Sexandu.
  • Conseillez aux jeunes de vous parler s’ils se sentent harcelés par qui que ce soit. Demandez-leur vers qui ils pourraient se tourner s’ils venaient à ne pas être à l’aise de vous partager l’une de leurs expériences.
  • Avertissez les jeunes qu’il y a des individus qui ciblent particulièrement les adolescents s’engageant dans des discussions sexuelles sur Internet. Assurez-vous qu’ils comprennent que cela ne se limite pas aux personnes qu’ils rencontrent en ligne : les personnes qu’ils connaissent dans le monde réel peuvent essayer d’utiliser les plateformes numériques comme un espace privé pour les amadouer.
  • Expliquez-leur pourquoi le fait qu’un adulte ait des relations sexuelles avec un adolescent est problématique. Assurez-vous qu’ils comprennent que les prédateurs en ligne ne sont souvent pas des « étrangers », mais des personnes qu’ils connaissent déjà et qui utiliseront des outils numériques pour communiquer avec eux en privé.
  • Aidez-les à reconnaître les signes avant-coureurs et les tactiques de prédation sexuelle, comme :
    • la flatterie, en particulier sur leur apparence
    • le fait de demander les heures et les endroits où ils pourraient se rencontrer ou discuter en ligne de manière privée
    • le fait de demander des photos, en particulier des photos qui montrent leur visage, des photos qui se concentrent sur des parties spécifiques de leur corps, ou des photos dénudées.
    • l’introduction de sexe ou de sujets ou questions sexuels dans la conversation
    • le partage d’images à caractère sexuel, que ce soit de la pornographie ou des photos de l’expéditeur ou le fait de proposer de partager de telles images
    • le fait de demander à la victime de ne pas parler à sa famille et à ses amis de leur conversation ou de leur relation
  • Si les enfants publient des photos ou des vidéos en ligne, ou s’ils se diffusent en direct, dites-leur de se méfier des commentaires et demandes étranges comme « touche le plafond », « vérifie ta tenue » ou « il y a une araignée sur le mur ». Ces demandes peuvent avoir pour but de les amener à montrer une partie de leur corps ou de débuter le processus de prédation sexuelle[6]. Si ces demandes se produisent fréquemment, conseillez-leur de paramétrer leurs comptes en mode « amis uniquement » et de revoir leurs listes d’amis.
  • Enseignez aux jeunes des « stratégies de sortie » qu’ils peuvent utiliser pour s’extraire de conversations en ligne qui les mettent mal à l’aise, comme :
    • Dire à la personne que vous devez partir, puis quitter la conversation ou vous déconnecter
    • Dire à la personne que vous partagez ou enregistrez la conversation
    • Bloquer la personne
  • Établissez la règle que, si un jeune veut rencontrer en personne un ami virtuel, il doit le faire accompagné d’un adulte de confiance.
  • Les jeunes adolescents devraient donner leurs mots de passe pour leur messagerie instantanée ou leur réseau social à leurs parents. Les parents devraient seulement accéder aux mots de passe s’il y a un problème.
  • Si des enfants viennent chercher votre aide, assurez-vous de ne pas les blâmer pour ce qui s’est passé : « savoir qu’ils ne subiraient pas de jugement et que les personnes en qui ils ont confiance garderaient leur secret ont été des influences essentielles sur la prise de décision des enfants[7]. »
    • En règle générale, il est préférable de ne pas leur retirer l’accès à un appareil ou à une application, car cela pourrait les dissuader de vous parler si quelque chose d’autre se produit. Si toutefois vous choisissez de le faire, assurez-vous d’expliquer clairement pourquoi vous prenez cette mesure et sous quelles conditions ils pourront y accéder à nouveau[8].
    • Écoutez-les attentivement, prenez-les au sérieux, félicitez-les de venir vous voir et aidez-les à décider des prochaines étapes, telles que signaler ce qui s’est passé à la police ou à une autre autorité[9].
  • Initiez un dialogue avec les enfants afin d’explorer avec eux vers qui ils pourraient se tourner s’ils se sentaient un jour incapables ou mal à l’aise de venir vous parler. Assurez-vous qu’ils connaissent les adultes en qui ils peuvent avoir confiance dans leur entourage.
  • Aidez les jeunes qui ont été victimes d’exploitation sexuelle en ligne à obtenir de l’assistance à propos de leur expérience. Le programme Internet Child Exploitation Counselling Program du Boost Child and Youth Advocacy Centre fournit des fonds et des références aux jeunes victimes d’exploitation sexuelle en ligne.
  • Si un jeune a partagé une photo ou une vidéo à caractère sexuel, consultez cette fiche-conseil : À l’aide! Quelqu’un a partagé une image de moi sans mon consentement!
  • Si un jeune est victime de sextorsion, dites-lui de ne pas envoyer d’argent (et ne le faites pas non plus). Prenez note de toutes les communications avec le coupable, puis bloquez-le pour qu’il ne puisse plus contacter la victime. Ensuite, signalez l’incident aux plateformes concernées et contactez la police.
    • Il en va de même si l’image ou la vidéo est un hypertrucage. Bien que les hypertrucages impliquant des adultes ne soient actuellement pas illégaux au Canada, les hypertrucages de personnes de moins de 18 ans les montrant nus ou engagés dans des activités sexuelles sont soumis aux lois contre la création et la distribution de matériel d’exploitation sexuelle des enfants[10].

[1] Wurtele, S. K. (2017). Preventing cyber sexual solicitation of adolescents. Research and practices in child maltreatment prevention, 1, 363-393.

[2] ECPAT International & UNICEF Office of Research – Innocenti (2022). Children’s Disclosures of Online Sexual Exploitation and Abuse. Disrupting Harm Data Insight 2. Global Partnership to End Violence Against Children.

[3] Zammit, J., et al. (2021). Child sexual abuse in contemporary institutional contexts: An analysis of Disclosure and Barring Service discretionary case files. Independent Inquiry Child Sexual Abuse.

[4] FrameWorks UK. (2021) How to talk about child sexual abuse in the digital world. WeProtectGlobal Alliance.

[5] Wurtele, S. K., & Miller‐Perrin, C. (2017). What works to prevent the sexual exploitation of children and youth. The Wiley Handbook of What Works in Child Maltreatment: An Evidence‐Based Approach to Assessment and Intervention in Child Protection, 176-197.

[6] Levine, A. (2022) How TikTok Live Became A Strip Club Filled With 15 Year Olds. Forbes. Consulté sur le site https://www.forbes.com/sites/alexandralevine/2022/04/27/how-tiktok-live-became-a-strip-club-filled-with-15-year-olds/?sh=69d0886d62d7 [12 janvier 2024].

[7] ECPAT International & UNICEF Office of Research – Innocenti (2022). Children’s Disclosures of Online Sexual Exploitation and Abuse. Disrupting Harm Data Insight 2. Global Partnership to End Violence Against Children.

[8] Children’s Commissioner for England. (2021) The Things I Wish My Parents Had Known: Young People’s Advice on Talking to Your Child About Online Sexual Harassment. Consulté à https://assets.childrenscommissioner.gov.uk/wpuploads/2021/12/cco_talking_to_your_child_about_online_sexual_harassment_a-guide_for_parents_dec_2021.pdf

[9] Commit to Kids. (2017) Training Handout. Consulté à https://content.c3p.ca/pdfs/C2K_CSA_PreventionTraining_Handout_en.pdf

[10] Serebrin, J. (2023) Quebec man sentenced to prison for creating AI-generated synthetic child pornography. The Canadian Press.