Représentation de la diversité dans les médias – Vue d’ensemble

Représentation de la diversité dans les médias – Vue d’ensemble

Les médias contribuent à bâtir notre perception du monde dans lequel nous vivons. Mais que se passe‑t‑il lorsque les représentations médiatiques omettent ou déforment la façon dont nous percevons des groupes entiers de personnes? Dans cette section, nous explorons les questions de représentation de la diversité et traitons des efforts déployés pour lutter contre les stéréotypes et promouvoir des représentations plus exactes.

Enjeux de la représentation dans les médias

Ce que nous voyons, et ne voyons pas, dans les médias affecte notre perception de la réalité. Les œuvres médiatiques peuvent être imaginées comme des miroirs qui reflètent la propre expérience du public, des fenêtres qui lui donnent accès à des expériences qu’il n’aurait pas connues autrement ou, dans certains cas, les deux : selon Rosemary Truglio, vice-présidente principale à Sesame Workshop, la diversité de la distribution de l’émission Sesame Street donne aux enfants « un miroir pour qu’ils se voient eux-mêmes et une fenêtre pour qu’ils apprennent à connaître les autres[1] ».

 

The original cast of Sesame Street


Sesame Street was a milestone in representation of race and disability in children’s media.

L’émission Sesame Street a été un tournant important dans la représentation de la race et des incapacités dans les médias destinés aux enfants.

Les représentations médiatiques peuvent être des miroirs pour différents publics, mais pas des fenêtres, ou inversement, et l’absence de l’un ou l’autre peut avoir un impact négatif. La première fois que les membres de groupes historiquement sous-représentés « se voient dans les livres, les films ou la musique est renversante[2] ». De même, « pour les enfants issus de groupes dominants, les moments charnières des histoires surviennent lorsque les enfants réalisent qu’ils occupent une place puissante dans la société et qu’il y a quelque chose d’injuste dans cette situation[3] ». Malheureusement, moins de la moitié des Canadiens estiment que « la télévision canadienne est un miroir dans lequel tous les Canadiens peuvent se voir[4] ».

Dans les médias de masse, ces enjeux se manifestent généralement de trois façons.

Sous-représentation : De nombreux groupes ont historiquement été sous-représentés dans les médias. Aujourd’hui encore, nous sommes moins susceptibles de rencontrer différentes formes de diversité dans les médias de masse que dans la vie réelle, et les communautés diversifiées sont généralement encore moins bien représentées en arrière-scène. La sous-représentation peut également aggraver d’autres problèmes de représentation puisqu’une représentation moindre signifie moins d’occasions pour des représentations authentiques de la diversité au sein d’un groupe.

En plus d’être simplement sous-représentés, les groupes peuvent également être décentrés, c’est-à-dire que nous faisons d’eux ou de leur culture une toile de fond pour des protagonistes plus « traditionnels » (p. ex. blancs, apte, cisgenres, etc.). Dans certains cas, cette représentation peut prendre la forme d’un personnage blanc qui excelle dans des compétences associées à une culture non blanche, comme les arts martiaux, d’histoires où des personnages issus de groupes sous-représentés ont besoin d’un personnage blanc ou issu d’une autre culture majoritaire pour les « sauver »[5], ou encore de cas où des aspects d’une culture sous-représentée servent littéralement d’accessoires[6].

Stéréotypes : Les membres d’un groupe particulier sont représentés dans un seul type ou un petit nombre de rôles. C’est particulièrement vrai lorsque le stéréotype est négatif, mais les stéréotypes peuvent également être nuisibles en ne représentant un groupe que dans un nombre restreint de contextes. Même les stéréotypes dits « positifs » peuvent avoir un impact négatif puisqu’ils limitent la façon dont nous voyons les membres de ce groupe, ainsi que la façon dont nous nous percevons nous-mêmes. Par exemple, si vous appartenez à un groupe stéréotypé comme étant doué pour le sport, mais que vous n’êtes pas particulièrement athlétique, vous pouvez vous sentir inadéquat parce que vous êtes mauvais dans un domaine où vous êtes « censé » être bon.

L’exoticisation est une autre forme de stéréotype : elle met l’accent sur les différences entre un personnage ou une culture et le public (présumé), par exemple en insistant trop sur les aspects d’une culture que le grand public est le plus susceptible de trouver étranges ou dérangeants ou en s’appuyant sur des éléments comme les accents ou les caractéristiques stéréotypées pour faire de l’humour. Sa forme la plus extrême, l’altérisation, consiste à montrer des groupes comme étant fondamentalement différents du public.

Les stéréotypes peuvent également survenir lorsque des identités diverses jouent toujours le même rôle dans l’histoire. Selon l’auteure Corinne Duyvis, l’identité d’un personnage peut faire partie d’une œuvre de trois façons : les histoires « à enjeux » où l’identité et les difficultés qui l’accompagnent sont le sujet de l’histoire, les histoires « indirectes » où l’identité d’un personnage est manifeste, mais pas pertinente pour l’histoire, et les histoires « intermédiaires » où l’identité n’est pas le point central de l’histoire, mais est reconnue comme étant toujours pertinente. Comme le dit Corinne Duyvis, « le capacitisme, l’homophobie et le racisme influencent d’innombrables aspects de la vie quotidienne des gens ». Bien sûr, il y a de la place pour ces trois types d’histoires et aucune n’est nécessairement meilleure que l’autre : les stéréotypes apparaissent lorsque l’un des deux premiers types domine[7].

Blanchiment : S’il est devenu rare que des acteurs blancs jouent des personnages noirs ou asiatiques, il est encore courant que des personnes ayant une incapacité, des membres de la communauté 2SLGBTQINA+ et d’autres groupes soient joués par des acteurs qui n’appartiennent pas à ces communautés. De même, lorsque des œuvres sont adaptées d’un média à l’autre, par exemple lorsqu’un livre ou une bande dessinée est transformé en film ou émission de télévision, il est encore assez fréquent que des personnages issus de la diversité soient remplacés par des personnages blancs ou que l’orientation sexuelle ou les incapacités des personnages soient minimisées ou modifiées.

Il est important de souligner que le blanchiment d’un personnage ne se produit que lorsqu’un personnage appartenant à un groupe historiquement sous-représenté est modifié ou remanié de manière à ce qu’il ne fasse plus partie de ce groupe, entraînant une représentation réduite de ce groupe et une diversité moindre en général. Par exemple, attribuer un rôle de personnage asiatique dans le film Doctor Strange à un acteur blanc serait considéré comme du blanchiment, alors que d’attribuer à un acteur noir un rôle de personnage blanc dans le même film ne serait pas problématique[8].

Ces trois enjeux sont assurément liés. Le blanchiment contribue tant à la sous-représentation qu’aux stéréotypes puisqu’il y a à la fois moins de représentations des groupes historiquement sous‑représentés en général et, en particulier, moins de représentations authentiques. De même, la sous‑représentation contribue aux stéréotypes et en augmente l’impact puisqu’un nombre moins élevé de personnages représentant un groupe particulier signifie moins d’occasions de montrer des membres de ce groupe jouant des rôles différents dans les histoires et la société.

Pour d’autres exemples de la façon dont ces enjeux touchent différentes communautés, consultez les articles sur la représentation de chaque groupe.

Impacts de la représentation dans les médias

Tous ces enjeux de représentation peuvent avoir des impacts importants, tant sur les spectateurs qui sont membres de groupes historiquement sous-représentés que sur ceux qui ne le sont pas. Voir son propre groupe victime de stéréotypes peut entraîner du stress, une image négative de soi[9] et une baisse des résultats scolaires[10], tandis qu’être exposé à des représentations stéréotypées d’autres personnes peut contribuer à des préjugés implicites ou explicites[11]. Plus encore que le changement des attitudes individuelles, les représentations médiatiques, étant considérées comme représentant la façon dont les autres perçoivent un groupe, peuvent avoir un impact sur les attitudes sociales élargies envers différents groupes[12]. Parallèlement, l’exposition à des représentations authentiques de soi-même peut améliorer l’estime de soi et promouvoir une vision plus positive de son identité[13], même améliorer le rendement scolaire[14], alors que de voir des représentations authentiques d’autres groupes, qui ne doivent pas nécessairement être uniformément positives[15], peut véritablement réduire les préjugés[16].

 

« Les œuvres d’art sont la seule arme secrète dont nous disposons contre le racisme, le sexisme et la haine. […] L’art engendre l’empathie d’une manière que la politique ne le fait pas, et d’une manière que rien d’autre ne le fait vraiment. L’art crée un changement dans le cœur des gens, mais ce changement est lent[17]. » – Lin-Manuel Miranda

Des répercussions peuvent également se faire sentir si différents groupes ne sont pas représentés en arrière-scène. Dans les médias de masse, la sous-représentation en arrière-scène se traduit généralement par une sous-représentation à l’écran, mais elle peut aussi contribuer aux stéréotypes puisque les représentations ne seront pas authentiques[18]. Dans les médias numériques, en ne mobilisant pas les groupes historiquement sous-représentés dans la conception et la gestion, leurs expériences et préoccupations peuvent être ignorées ou traitées comme une arrière-pensée.

Pour d’autres exemples de la façon dont ces enjeux touchent différentes communautés, consultez les articles sur la représentation de chaque groupe.

Intersectionnalité

Bien que les autres articles de cette section traitent séparément de la représentation des différents groupes dans les médias, il est important de souligner que pour de nombreuses personnes, ces représentations ne sont pas vécues séparément. Au contraire, bon nombre de personnes s’identifient à plus d’un groupe historiquement sous-représenté, en particulier lorsque le genre s’ajoute à l’équation. La juriste Kimberlé Williams Crenshaw a inventé le terme « intersectionnalité » pour conceptualiser « la manière dont les différents marqueurs d’identité, comme la race, le genre, l’orientation sexuelle et la classe, interagissent et s’influencent mutuellement[19] ».

L’intersectionnalité ne signifie pas que les impacts des différentes identités (y compris les stéréotypes) s’ajoutent simplement les uns aux autres, mais qu’ils plutôt se transforment et entrent parfois en conflit les uns avec les autres. Par exemple, les femmes d’Asie de l’Est sont fréquemment hypersexualisées dans les médias[20], alors que le stéréotype est souvent inversé pour les hommes d’Asie de l’Est[21]. Cependant, le public a tendance à ne considérer qu’un seul aspect des identités intersectionnelles[22]. Lorsque les stéréotypes associés à deux identités entrent en conflit, les personnes qui s’identifient aux deux peuvent ressentir de la confusion[23], et même subir l’hostilité[24] des autres.

Il est important de tenir compte de l’intersectionnalité tant lors de la création des médias que lors de leur analyse. Pour les créateurs de médias, « les émissions et les films qui tentent d’élever les communautés marginalisées sans penser à l’intersectionnalité ne font que perpétuer différents systèmes de préjugés et d’oppression[25] ». De même, certaines intersections peuvent être plus faciles à « vendre » que d’autres, tant pour le public que l’industrie des médias. Alors que le personnage principal de House M.D. (2004-2012) souffrait d’une incapacité physique et était un fervent athée, il était également blanc. À l’inverse, à propos de l’agnosticisme canonique mais invisible d’un personnage de la série Abbott Elementary (2022), la réalisatrice a dit : « Honnêtement, je ne sais pas si nous pourrions diffuser la série à ABC. Ce n’est peut-être pas très important pour certains, mais pour une fille noire de Philadelphie, il y a très peu de personnes agnostiques[26]. »

Lorsque nous critiquons les médias, nous ne devons pas seulement nous demander si les personnages individuels sont stéréotypés, mais également si une vaste diversité, y compris les identités croisées, est représentée[27]. De même, nous devons reconnaître les représentations authentiques de l’intersectionnalité dans les médias, comme Reservation Dogs et Hawkeye. Adopter une approche intersectionnelle de l’éducation aux médias signifie considérer d’autres enjeux relatifs aux médias numériques, de la cyberintimidation à la publicité, en passant par l’accès numérique et la vie privée, d’une perspective intersectionnelle, ne pas supposer, par exemple, que seuls les blancs souffrent de problèmes d’image corporelle, et donner à tous les jeunes l’occasion de composer avec les différentes façons dont ces enjeux les affectent[28].

 

Alaqua Cox as Maya Lopez, a.k.a. Echo, in the Disney series Hawkeye.

Tout comme son personnage de Maya Lopez dans la série Hawkeye sur Disney+, Alaqua Cox est sourde et Autochtone.

L’importance de l’éducation aux médias

L’attitude des jeunes à l’égard des représentations médiatiques évolue au fil du temps. Les enfants de moins de 9 ans ne se demandent généralement pas si ce qu’ils voient dans les médias reflète leur réalité, à moins d’y être incités par leurs parents ou enseignants. Les préadolescents et les adolescents commencent généralement à prendre conscience des problèmes de représentation dans les médias, surtout s’ils appartiennent à des groupes sous-représentés ou stéréotypés. À la fin de leur adolescence, bon nombre d’entre eux recherchent activement des œuvres offrant une meilleure représentation[29].

L’éducation aux médias peut aider les jeunes à relativiser les images et les messages actuels en les aidant à comprendre comment les médias fonctionnent, pourquoi les stéréotypes existent, comment les décisions sont prises et pourquoi il est important de savoir qui participe à la création des œuvres médiatiques. L’éducation aux médias numériques, surtout si elle aborde explicitement les stéréotypes et d’autres enjeux liés à la représentation dans les médias, peut corriger les perceptions erronées et les préjugés à l’égard d’autres groupes[30]. Pour les jeunes qui voient des représentations stéréotypées d’eux‑mêmes dans les œuvres médiatiques, l’éducation aux médias peut également atténuer les effets négatifs sur leur estime de soi[31].

L’éducation aux médias s’est avérée être un moyen efficace d’aborder des enjeux comme le racisme, en proposant une façon de discuter de sujets difficiles qui soit plus sûre tout en remettant en question les suppositions et les idées préconçues[32] des élèves, et elle peut aussi aider les élèves touchés par les stéréotypes à en gérer les impacts[33]. Parler de la représentation de la diversité dans les médias, en particulier des représentations positives, peut également être un moyen d’affirmer l’identité des élèves et de les encourager à créer des œuvres qui reflètent cette identité.

Les représentations positives n’évitent pas seulement les stéréotypes, la sous-représentation et les autres enjeux relevés précédemment. Elles permettent aussi :

  • d’aller plus loin et de dépeindre de manière authentique les enjeux auxquels font face les membres des communautés sous-représentées, comme le racisme et les problèmes d’accessibilité;
  • de raconter des histoires d’adaptation, de résilience et de capacité face à ces difficultés;
  • de montrer les personnages dans le contexte de leur communauté et en lien avec elle[34].

L’éducation aux médias, ce n’est pas apprendre les bonnes réponses : c’est consommer des images médiatiques en faisant preuve d’un esprit actif et critique et poser les bonnes questions.

Voici quelques exemples du type de questions qui pourraient permettre de mieux comprendre comment différents groupes sont représentés dans les médias.

Qui a choisi ou créé ces images et ces histoires? Pourquoi est-ce important de savoir qui a fait ces choix?

La première leçon de l’éducation aux médias nous apprend que rien n’est objectif : chaque production médiatique est créée selon une certaine perspective et dans un but précis. La « réalité » dépeinte dans les films ou les émissions de télévision est le résultat de nombreux choix et chacun de ces choix est fondé sur l’expérience, les connaissances et les préjugés des réalisateurs en question. Plus importantes que tous les choix conscients sont les questions que les créateurs de médias ne posent pas, les choses qu’ils croient déjà savoir. Lorsque les membres de groupes historiquement marginalisés ne participent pas à la réalisation d’émissions, de films, de reportages ou d’autres médias les mettant en scène, c’est évident.

Il est également important de comprendre que les médias peuvent avoir des significations très différentes selon leur créateur et que les groupes marginalisés peuvent « reconquérir » les représentations stéréotypées à leurs propres fins.

Quelles voix se font entendre? Quelles voix sont absentes? Pourquoi?

Qui sont les personnes interviewées dans une émission d’affaires publiques? Quels « experts » sont choisis pour des extraits sonores sur un enjeu? Quels points de vue sont complètement ignorés? Si des personnages ou des cultures représentant un groupe historiquement marginalisé sont représentés dans un texte médiatique, les créateurs de ce texte ont-ils fait des efforts significatifs pour consulter ces communautés, comme l’a fait Disney pour Frozen II et Moana[35]?

La question visant à déterminer quelles voix sont entendues n’est pas seulement importante dans les médias de masse. Si la technologie numérique a permis aux gens de créer et de partager leurs propres médias beaucoup plus facilement, les plateformes virtuelles sur lesquelles ils partagent leur travail, dont les propriétaires et la main-d’œuvre restent très majoritairement blancs[36], n’offrent pas une modération suffisante et des outils pertinents pour lutter contre les discours haineux. Elles peuvent faire la sourde oreille face au harcèlement en ligne[37].

Pourquoi certaines histoires sont-elles choisies ou privilégiées et d’autres non? Certains groupes sont-ils représentés uniquement dans un petit nombre de cadres ou de contextes? Les personnages représentant des communautés diversifiées sont-ils montrés comme de véritables êtres humains dans les médias, ou sont‑ils définis exclusivement par leur identité? Les représentations respectent-elles les différences et la diversité au sein de ces communautés?

Les producteurs de médias, surtout ceux d’Hollywood, utilisent des membres de groupes historiquement marginalisés pour raconter des histoires des cultures dominantes depuis des générations. Il est rare que les personnages diversifiés se voient attribuer des personnalités complexes ou des rôles autonomes. Il est rare également qu’ils s’appuient sur leurs propres valeurs et jugements ou agissent selon leurs propres motivations. Bien que des efforts aient été déployés pour mettre fin à cette tradition, les vieux stéréotypes ont la vie dure[38].

Cette question démontre pourquoi il est important de ne pas se contenter de regarder des œuvres médiatiques spécifiques, mais d’avoir une vue d’ensemble. Chaque jeu, film ou émission de télévision individuel dont le protagoniste est blanc, apte, cisgenre, hétérosexuel et chrétien non confessionnel n’est pas nécessairement important en soi, mais lorsque tous ces éléments sont considérés comme l’identité par défaut d’un personnage principal, le message qu’envoient ces images au sujet des personnes qui peuvent assumer le rôle du « personnage principal », et celles qui ne le peuvent pas, est puissant.

Comment les considérations commerciales, y compris la « sagesse conventionnelle » dans l’industrie, entraînent-elles des problèmes de stéréotypes et de représentation?

Les considérations commerciales sont souvent invoquées pour justifier l’exclusion de membres de communautés historiquement sous-représentées, que ce soit de manière explicite (comme l’hypothèse selon laquelle le public blanc ne va pas voir de films dont les personnages principaux ne sont pas blancs)[39] ou implicite (en disant, par exemple, qu’un film a besoin d’un personnage principal « célèbre » pour avoir du succès, le fait que la plupart des personnages soient blancs, aptes, hétérosexuels et cisgenres étant une coïncidence qui se perpétue)[40]. Bien qu’il ait été prouvé que cette idée reçue de l’industrie est fausse, elle est encore largement répandue[41].

Les caractéristiques des différents secteurs des médias dans différents pays peuvent également avoir un impact sur la représentation de la diversité. L’industrie télévisuelle canadienne est souvent décrite comme très réticente face au risque, l’octroi de licences pour des émissions américaines étant considéré comme un pari plus sûr que l’élaboration d’émissions canadiennes. Par conséquent, lorsque la diversité est montrée sur les chaînes privées canadiennes comme Global et CTV, elle reflète plus souvent la population des États-Unis que celle du Canada. Lorsque les radiodiffuseurs privés créent des émissions originales, ils ont tendance à jouer la carte de la sécurité, ce qui signifie généralement des émissions destinées à un public blanc[42]. Comme l’indique le rapport Deciding on Diversity, « les récits à risque concernant les histoires et les conteurs soucieux d’équité persistent pour préserver le statu quo[43] ». Nathalie Younglai, fondatrice de BIPOC TV & Film, paraphrase plus franchement l’attitude des dirigeants de réseaux de télévision : « En quoi est-ce canadien? Comment quelqu’un de la Saskatchewan peut-il s’identifier à ce contenu?[44] »

De même, les entreprises de technologie numérique prétendent être motivées par les pressions du marché lorsqu’elles prennent des décisions, comme déterminer les langues que devraient être capables de parler les assistants numériques, ce qui ne tient souvent pas la route à la lumière de données précises : l’application Siri d’Apple, par exemple, est proposée en finlandais (qu’environ 5 millions de locuteurs natifs parlent), mais pas en swahili (que près de 100 millions de personnes parlent)[45].

Comment différents publics peuvent-ils « lire à contre-courant » ou négocier le sens d’une œuvre présentant des problèmes de représentation?

Certains publics, en particulier ceux issus de groupes traditionnellement marginalisés dans les industries médiatiques, peuvent se livrer à une « lecture résistante », interprétant les œuvres d’une manière directement contraire au sens généralement reçu. Néanmoins, il est vrai que, comme l’a dit bell hooks, « si les publics ne sont manifestement pas passifs et sont capables de choisir, il est également vrai qu’il existe certains messages "reçus" qui sont rarement modérés par la volonté du public[46] ».

En d’autres termes, si nous n’acceptons pas automatiquement le sens superficiel des œuvres médiatiques, la plupart d’entre nous en retirent un sens qui en est assez proche. Seul un petit nombre de personnes, principalement celles dont l’identité ou l’expérience les mènent à une lecture résistante, auront une interprétation sensiblement différente. Cependant, tant que les membres de ces groupes ne participeront pas de manière plus significative dans les industries médiatiques, ni les représentations ni l’interprétation qu’en fait le grand public ne changeront vraisemblablement.

De même, certains médias sont plus propices que d’autres aux lectures résistantes : dans la plupart des jeux vidéo, par exemple, le « jeu résistant », qui consiste à choisir des actions autres que celles que les concepteurs supposent que vous allez réaliser, vous empêchera de progresser très loin dans le jeu[47].

Comment les codes et les conventions du média et du genre peuvent-ils perpétuer les stéréotypes et les problèmes de représentation?

Les différents médias (comme la télévision, le cinéma ou les jeux vidéo) et genres (science‑fiction, publicité, animation, etc.) ont leurs propres codes et conventions qui peuvent amener les créateurs de médias à tomber dans les stéréotypes ou la sous-représentation, souvent inconsciemment. Par exemple, la publicité et les actualités (en particulier les manchettes) doivent attirer l’attention du public immédiatement et communiquer des informations en peu de temps. Par conséquent, elles utilisent souvent les stéréotypes comme une sorte de « raccourci » qui permet au public de compléter ce qu’il sait déjà, ou croit savoir. De même, les dessins animés et les bandes dessinées, ainsi que les œuvres d’autres médias basées sur des personnages de bandes dessinées ou de dessins animés, présentent souvent des personnages dont les origines racistes sont encore apparentes, ou pour lesquels des traits comme des cicatrices faciales, des prothèses ou des caractéristiques juives stéréotypées servent de marqueurs visuels de méchanceté.

Scar in the Lion KingJafar in Aladdin

Même lorsque les œuvres médiatiques tentent de s’attaquer au racisme, à l’homophobie et à d’autres enjeux, il est possible que des caractéristiques fondamentales de certains médias, comme la nature épisodique des nouvelles et l’importance accordée aux personnages individuels dans les médias de fiction, les amènent à présenter essentiellement ces enjeux comme des actes perpétrés par des personnes et à minimiser leurs qualités systémiques[48].

Comment les outils et les plateformes numériques peuvent-ils donner une voix aux communautés historiquement marginalisées? Comment peuvent-ils contribuer à la marginalisation?

Contrairement aux médias traditionnels, il n’y a pas de connexions à sens unique dans les médias numériques. Vous pouvez partager du contenu avec d’autres personnes aussi facilement qu’un réalisateur ou un distributeur le partage avec vous. Par conséquent, les obstacles à la participation sont moins présents que dans les médias traditionnels et tout le monde peut publier du contenu et trouver un public. Mais si le pouvoir dans les réseaux n’est pas hiérarchique, il n’est pas non plus distribué de manière égale : il réside dans les nœuds qui ont le plus de liens, ce qui signifie que ceux qui détenaient un pouvoir de contrôle dans l’ancien environnement médiatique ont vu leur influence réduite, mais pas éliminée.

Par exemple, alors que l’édition en ligne a permis à des groupes historiquement sous-représentés de « rétablir leur histoire » en créant des versions d’œuvres de la culture populaire qui incluent et même ciblent leurs propres expériences[49], les plateformes virtuelles ont également un pouvoir énorme pour promouvoir ou réprimer ces mêmes voix par le biais d’algorithmes qui déterminent le contenu qui est montré ou recommandé aux utilisateurs[50]. Comme le dit l’historien des sciences Melvin Kranzberg, les différentes technologies ne sont ni intrinsèquement bonnes ni intrinsèquement mauvaises, mais elles ne sont pas non plus neutres[51] : comme les médias de masse, elles reflètent les croyances, les préjugés inconscients et les hypothèses incontestées de leurs créateurs.

Par conséquent, l’impact des technologies réseautées sur les groupes historiquement sous-représentés est complexe. Les espaces en ligne peuvent offrir à diverses communautés, surtout celles qui sont géographiquement éloignées, un « écosystème » qui ne serait pas possible pour les médias traditionnels[52]. Parallèlement, les systèmes de modération de contenu peuvent appliquer une censure plus absolue que celle appliquée au cinéma et à la télévision, limitant ainsi la capacité des jeunes marginalisés d’accéder à des informations pertinentes sur la santé[53], de monétiser un contenu qui reflète leur communauté[54], et même de parler au nom de leur identité[55].

Les outils techniques ont un impact sur la façon dont nous les utilisons, non seulement par leurs possibilités (ce que nous pouvons en faire), mais aussi par leurs valeurs par défaut (ce que nous sommes censés en faire). Par exemple, une étude sur les jeux vidéo a révélé que si 23 % d’entre eux permettaient aux joueurs de choisir la race de leur personnage, 60 % de ces jeux proposaient par défaut un personnage blanc, à moins que le joueur ne choisisse de le modifier[56]. Le niveau de contribution des membres de diverses communautés à la conception de ces possibilités et valeurs par défaut pourrait déterminer leur efficacité lorsqu’elles sont appliquées dans ou par ces communautés : un examen des algorithmes de reconnaissance faciale a montré qu’ils étaient au moins 10 fois plus susceptibles de mal identifier un visage noir ou est-asiatique qu’un visage blanc[57], par exemple, et de nombreux assistants numériques comme Siri et Alexa comprennent souvent mal les utilisateurs noirs[58].

Les médias réseautés peuvent également amener les groupes marginalisés à subir des préjudices qui n’existaient pas ou qui étaient moins probables dans les médias traditionnels. L’amplification en fait partie[59]. Par exemple, la nature sans contact des médias réseautés permet aux groupes haineux de diffuser leurs messages plus largement et de les adapter à des publics potentiels situés à différents niveaux de la « pyramide de la radicalisation ». L’amplification ne s’applique toutefois pas uniquement aux actes intentionnels. Elle peut aussi refléter un préjudice déjà existant et le répandre encore davantage en l’intégrant au fonctionnement d’un outil réseauté. Par exemple, pendant de nombreuses années, les recherches dans Google sur des termes comme « filles asiatiques » et « filles noires » donnaient des résultats essentiellement pornographiques, reflétant ainsi la manière dont ces termes étaient le plus souvent utilisés sur Internet au sens large, alors que ce n’était pas le cas pour les termes « filles blanches »[60]. Déterminer qui apparaît dans une recherche d’images pour les termes « médecin » ou « famille heureuse » peut avoir un impact considérable sur la façon dont les différents groupes sont perçus[61].

 

 

Google search results for "happy family", showing only white families

Recherche dans Google d’images de « famille heureuse » réalisée en novembre 2022

 

Comme pour les autres termes de recherche mentionnés ci-dessus, Google a pris des mesures positives à cet égard, sous la pression des consommateurs[62], montrant ainsi pourquoi une partie essentielle de l’éducation aux médias consiste à donner aux jeunes les moyens de faire entendre leur voix en créant et en publiant leurs propres médias, de résister aux stéréotypes et aux autres représentations erronées dans les médias, et d’utiliser les outils numériques pour faire une différence dans leurs communautés en ligne et hors ligne.

Comment les éducateurs peuvent-ils limiter la résistance et les réactions hostiles lorsqu’ils abordent la diversité dans les médias?

En abordant la question de la représentation de la diversité dans les médias, les éducateurs s’exposent à deux des risques les plus courants : la résistance, c’est-à-dire que les élèves remettent en question la validité de l’éducation aux médias en tant que pratique, par exemple en rejetant l’œuvre étudiée comme étant une « simple publicité » ou en suggérant que l’enseignant donne un sens à une œuvre qu’elle n’a pas, et les réactions hostiles, c’est-à-dire que les élèves ont l’impression que l’enseignant impose ses propres points de vue ou interprétations plutôt que de les encourager à s’exprimer et à argumenter les leurs.

Pour minimiser ces effets, il faut inviter les jeunes à explorer des questions, comme celles énoncées précédemment, plutôt que de les amener vers une conclusion préétablie. S’il est important de les sensibiliser aux faits de la représentation dans les médias, les conclusions quant aux répercussions de ces faits, et les réponses appropriées, devraient émerger de la pensée critique et de la discussion.

Une autre approche importante consiste à aider les élèves à comprendre le concept clé selon lequel tous les médias ont des répercussions sociales et politiques, et que lorsque les médias ne semblent pas en avoir, c’est parce qu’ils renforcent la façon dont ces élèves voient déjà le monde. De même, si nous pouvons être tentés de rejeter l’importance des médias de divertissement par rapport à des questions comme les informations, nous sommes en fait plus susceptibles d’être persuadés par des œuvres qui nous « transportent » et contournent notre esprit critique[63].

Aussi, les élèves doivent savoir qu’il est possible que certains aspects de la représentation de la diversité d’une œuvre médiatique soient problématiques, mais que d’autres ne le soient pas. Par exemple, le film Doctor Strange sorti en 2016 comportait de nombreux éléments problématiques dans sa représentation de la diversité culturelle, mais aussi une représentation assez nuancée de l’incapacité du personnage principal et de ses efforts pour s’en accommoder[64].

Peut-être plus important encore, il faut enseigner aux élèves dès le début que de critiquer une partie d’un tout ne signifie pas qu’ils ne l’aiment pas et que de critiquer une œuvre ne signifie pas qu’ils critiquent tous ceux qui l’aiment. Critiquer les choix médiatiques de nos enfants peut facilement leur donner l’impression que nous les critiquons eux, mais il y a une différence entre une œuvre médiatique motivée par le racisme ou le sexisme et une œuvre qui découle d’un créateur de médias qui ne remet pas en question ses suppositions ou la « sagesse conventionnelle » de son industrie. La plupart du temps, les messages contenus dans les œuvres qu’ils réalisent ne sont pas intentionnels, mais résultent d’hypothèses ou de questions qu’ils n’ont pas pensé à poser. Il est important de comprendre que les personnes qui créent les médias ne connaissent pas nécessairement bien les médias au sens critique du terme.

Comme le souligne Jacqueline Steward, animatrice de Turner Classic Movies, il s’agit d’une distinction que les personnes appartenant à des groupes historiquement sous-représentés apprennent souvent très tôt. Décrivant le visionnement du film Gone With the Wind, elle note que « le public de race noire a toujours jonglé avec les plaisirs et les problèmes des médias grand public. J’ai appris que nous pouvons apprécier un film tout en le critiquant[65]. » Bien sûr, nous devons aussi prendre l’habitude d’étudier des représentations exactes et de critiquer les représentations négatives, et reconnaître qu’une œuvre peut être positive par certains aspects, mais problématique par d’autres.

Il peut également y avoir des réactions hostiles de la part des élèves concernant précisément la question de la représentation de la diversité. Elles peuvent découler d’une croyance à la valeur du daltonisme. Même si le daltonisme est généralement bien intentionné, il a été démontré que cette attitude contribue aux préjugés, plutôt que de les réduire, puisqu’elle nie les identités et les expériences des groupes historiquement sous-représentés et nous empêche d’aborder les défis et les injustices auxquels ils sont confrontés[66]. Au contraire, les stéréotypes doivent être reconnus et attaqués de front. Comme le dit Jeffrey Adam Smith, auteur de Are We Born Racist? : « Lorsque nous rencontrons un "génie oriental aux yeux bridés" (pour citer une de mes vieilles bandes dessinées), je m’arrête, je ferme le livre et je dis à mon fils que l’image est le produit de préjugés et que je pense que les préjugés sont inacceptables. J’essaye de répondre à toutes ses questions. Puis, j’ouvre le livre de nouveau et je continue de lire[67]. »

Les jeunes peuvent également vouloir s’éloigner de la perception selon laquelle ils nourrissent des préjugés ou profitent d’un système de préjugés. Pour connaître différentes façons d’aborder ce sujet, consultez notre article Le privilège dans les médias et notre guide Conversations difficiles en classe.

Pour plus de conseils sur la manière d’aborder l’éducation aux médias numériques, consultez notre article sur les principes fondamentaux de la littératie aux médias numériques.

 

[1] Fried, A. (2019). « 50 years of ‘Sesame Street’ diversity ». Axios. Consulté à l’adresse : https://www.axios.com/2019/11/10/sesame-street-50-years-diversity. [traduction]

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