Pour contrer les biais structurels et les figures narratives sensationnalistes qui dominent actuellement la couverture médiatique du crime, les salles de rédaction doivent volontairement réorienter leurs pratiques vers la reddition de comptes, la contextualisation et l’humanisation des personnes concernées. Améliorer la couverture médiatique du crime exige que les journalistes redéfinissent leur mission et privilégient l’analyse structurelle aux dépens des détails anecdotiques.
Journalisme et actualités
La production de l’actualité criminelle est « invariablement le résultat d’un long processus de sélection où la matière brute est triée, façonnée, éditée et recréée ». Les choix effectués au cours de ce processus privilégient souvent la facilité de production, le sensationnel et les discours policiers.
L’actualité criminelle utilise des cadres narratifs spécifiques pour simplifier des enjeux complexes, ce qui conduit souvent à des représentations biaisées et stigmatisantes.
L’actualité criminelle est un sous-genre bien établi qui reflète les priorités des organisations, les préférences du public et certains biais systémiques. En effet, « les médias d’information ne couvrent pas de manière systématique toutes les formes de criminalité et de victimisation. Ils mettent l’accent sur certains crimes tout en en ignorant d’autres. Ils compatissent avec certaines victimes tout en en blâmant d’autres. »
Pour l’actualité, peut-être plus que pour tout autre type de source, il est essentiel de suivre les deux étapes du tri de l’information : d’abord la lecture d’accompagnement, pour déterminer si une source mérite qu’on s’y attarde, puis la lecture attentive, pour s’assurer de bien tout saisir.
Le journalisme est encadré par un ensemble de normes qui reflètent le rôle qu’il aspire à jouer dans la société, même si celles-ci sont sans cesse débattues et remises en question. Il existe cependant des pratiques établies qui guident le fonctionnement de l’industrie.
Les figures narratives dans l’actualité servent de raccourcis pour le public, permettant une construction narrative plus efficace et réduisant l’effort cognitif, mais souvent au prix d’une simplification excessive de réalités complexes.
Même si les jeunes consomment et interagissent avec l’information différemment des générations plus âgées, ils continuent d’accorder de l’importance à des valeurs comme la fiabilité et l’équité