Discuter du contenu haineux dans les médias avec vos enfants - Fiche-conseil

En plus des images de désastres naturels et de violence, le reportage des crimes haineux, un sujet assez commun aux nouvelles, peut également être troublant pour les enfants. Le fait de voir ou d’entendre dans les médias les agressions motivées par la haine et le vandalisme des maisons, des cimetières et des lieux de culte, peut susciter de la peur ou de l’anxiété chez les jeunes, en particulier s’ils appartiennent à des groupes vulnérables. Dans plusieurs cas, l’effet sera pire parce que les jeunes canadiens ne sont pas témoins de racisme et de haine que dans les actualités : près de la moitié voit du contenu haineux en ligne au moins une fois par mois et un sur six en voit tous les jours.

En plus de les aider à se sentir en sécurité, il est important de discuter de la haine avec les enfants dès un jeune âge puisque les jeunes – en particulier les garçons de 12 à 17 ans – sont les plus susceptibles de commettre des crimes haineux dans leurs communautés. Les groupes haineux organisés le savent et ils tentent délibérément de radicaliser les jeunes autant en ligne qu’hors ligne. Les adolescents et les jeunes adultes sont une cible de choix pour les groupes haineux parce que plusieurs d’entre eux cherchent un groupe ou une cause qui leur donnera un sentiment d’identité.

Voici quelques conseils pour discuter d’un incident haineux aux nouvelles avec les enfants :

Discutez-en. Ne présumez pas qu’ils ignorent un événement troublant de l’actualité : demandez-leur s’ils l’ont vu et, si c’est le cas, discutez-en. Le fait de discuter d’événements traumatiques avec les enfants de façon honnête et rassurante contribue grandement à calmer leurs peurs. Il est également important que les jeunes comprennent l’effet que l’histoire peut avoir sur comment on se perçoit soi-même et comment on perçoit les autres. Il est difficile pour un jeune de comprendre la différence entre un débat raisonnable et du contenu haineux lorsqu’il ne connait pas l’histoire de l’esclavage, des droits civils ou la longue histoire de l’antisémitisme.

Soyez attentifs aux signes d’anxiété chez les enfants. Certains sont plus sensibles et plus prompts à s’inquiéter des événements rapportés par les médias. Plusieurs facteurs influencent la réaction des enfants, dont l’âge, le tempérament, une tendance naturelle à s’inquiéter ou une imagination particulièrement vive. Les jeunes sont également plus vulnérables à certaines nouvelles diffusées par les médias si des personnes qu’ils connaissent bien font partie du groupe ciblé ou s’ils en font partie eux-mêmes. Pour consulter une liste de services aux victimes qui offrent du counseling, rendez-vous à l’adresse suivante : http://www.justice.gc.ca/fra/jp-cj/victimes-victims/rsv-vsd/agences-agencies.aspx

Prenez le temps de les écouter et de répondre à leurs questions. Répondez-leur honnêtement. Mais, quand il s’agit de jeunes enfants, ne donnez pas des réponses  longues ou élaborées. Il se peut également que certains enfants ne veulent pas y penser pour éviter les sentiments dérangeants. S’ils ne veulent pas discuter de ce qui s’est passé, dites-leur que c’est tout à fait acceptable. Ils ont le droit d’être simplement des enfants.

Dites-leur ce que vous ressentez. Soyez conscients de l’influence de l’actualité sur vos émotions et votre comportement. Faites-en part à vos enfants. Cela aidera les plus vieux à comprendre que ce genre d’événements dramatiques affecte aussi les adultes. Souvenez-vous cependant que les jeunes enfants risquent de s’effrayer davantage s’ils sentent de l’inquiétude et de la tension chez les adultes qui les entourent.

Insistez sur l’importance de la tolérance et du respect. Expliquez aux jeunes que la façon dont les médias parlent de certains conflits internationaux suscite parfois dans le public des sentiments d’angoisse et de colère, qui peuvent aller jusqu’à la haine envers certains groupes de personnes.

  • Montrez-leur comment les stéréotypes négatifs peuvent mener à la conception simpliste et dangereuse d’un monde divisé entre « bons et méchants ». Soulignez que la résolution pacifique des conflits est toujours préférable à la vengeance et à la violence.
  • Le fait de communiquer clairement vos valeurs à vos enfants est une des façons les plus efficaces d’influencer leurs comportements : des études menées par HabiloMédias ont révélé que les jeunes ayant des règles à la maison sur comment traiter les autres avec respect sont considérablement moins susceptibles d’être méchant ou cruel envers les autres en ligne.
    • Il est particulièrement important de discuter de ce sujet avec les garçons car ils sont beaucoup plus susceptibles que les filles de dire que « ça ne veut rien dire » lorsqu’eux et leurs amis disent des choses racistes ou sexistes.

Apprenez aux enfants d’être sceptiques des sources d’information en ligne. Étant donné que les jeunes se sentent très à l’aise lorsqu’ils se servent d’un ordinateur et d’Internet, il se peut qu’ils croient qu’ils possèdent déjà toutes les compétences en littératie numérique dont ils ont besoin pour comprendre et gérer le contenu haineux en ligne. En fait, même les jeunes les plus connaissant du Web peuvent avoir de la difficulté à reconnaître le réel message des sites haineux. Les groupes haineux déploient beaucoup d’efforts pour que leurs sites paraissent légitimes en se servant par exemple d’adresses Web se terminant par .org, en se faisant passer pour des experts, et en ayant une conception graphique attrayante et professionnelle. Les jeunes doivent apprendre à fouiller en profondeur afin de vérifier les sources, par exemple déterminer qui ont des hyperliens vers ce site, savoir comment faire une recherche Whois pour déterminer à qui appartient le domaine, ou savoir comment faire une recherche sur la source elle-même.

Aidez-les à reconnaître les contenus haineux lorsqu’ils en voient en ligne. Malgré le fait que plusieurs groupes haineux tentent de dissimuler leur vraie nature, leurs messages peuvent quand-même les trahir. Voici quelques idées communes que l’on retrouve dans le contenu haineux, qu’on les trouve sur un site Web ou dans les réseaux sociaux :

  • L’altérisation : Un des éléments de base de la propagande haineuse est la notion de « l’autre » – les groupes haineux présentent les « autres » de façon à mettre en relief la différence, en les décrivant comme des êtres étranges, voire inhumains.
  • Le « passé glorieux » : Un autre élément essentiel de l’idéologie de la haine est la notion selon laquelle le groupe a été destitué de son passé autrefois glorieux. En règle générale, cette déchéance est présentée comme étant la faute de « l’autre » et que ce n’est qu’en vainquant ou en détruisant « l’autre » que ce passé glorieux pourra être reconquis.
  • La victimisation : Les groupes haineux se présentent typiquement comme étant, eux et le groupe qu’ils disent représenter, victimes de « l’autre ».

Apprenez aux jeunes à confronter la propagande haineuse. Le guide Réagir à la propagande haineuse sur Internet de HabiloMédias donne des renseignements sur comment confronter le contenu haineux mais les jeunes peuvent également entreprendre d’autres démarches. Lorsqu’un crime haineux a été commis contre une personne, un groupe ou des biens, le fait d’aider les victimes peut amoindrir leurs sentiments d’impuissance et de désespoir. Laissez les jeunes décider comment agir :

  • Selon leur âge et ce qu’ils se sentent capable de faire, ils peuvent mener une collecte de fonds, participer à une manifestation, ou écrire une lettre au journal local exprimant leurs inquiétudes. Par exemple, lorsqu’une mosquée à Peterborough en Ontario a été vandalisée, une campagne en ligne a collecté en quelques jours seulement suffisamment de fonds pour payer les réparations.
  • S’ils connaissent la victime, les jeunes peuvent également les aider en les réconfortants et en leur donnant leur appui en privé – il s’agit là d’une des stratégies les plus efficaces pour aider les personnes qui se font harceler.
  • Assurez-vous également que les jeunes savent qu’ils ont le droit de revendiquer un environnement libre de haine, que ce soit en ligne ou hors ligne, et qu’ils ont la capacité de le créer : les recherches démontrent que ça ne prend que quelques personnes pour influencer les valeurs de toute une communauté.