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Au hasard du Net, je suis récemment tombée sur une série d’articles commentant la libération de l’otage franco-colombienne Ingrid Bétancourt, détenue par les Farc depuis six ans. Cette libération a embrasé la France à la manière des événements du 11 septembre : une immense émotion collective –mais qui dans le cas présent était positive. Or plusieurs articles s’interrogeaient sur le traitement médiatique de cette libération en des termes pour le moins inattendus : l’un d’entre eux allait jusqu’à arguer que si cette libération a provoqué un tel engouement public, c’est parce que l’otage était une jeune femme (comptez cela comme un premier argument), « sans défense », « frêle et menue », mais néanmoins « glamour ». La question qui vient alors à l’esprit est la suivante : est-ce réellement les médias qu’on déconstruit, ici ? N’est-ce pas plutôt la réalité qu’on reconstruit pour nous, par la lorgnette étroite des stéréotypes sexuels et sexistes ?
Il existe une inquiétude grandissante à propos de la retouche d’images. En octobre dernier, la photo altérée de Filippa Hamilton dans une publicité de Ralph Laurencréait un petit scandale médiatique, et relançait la polémique à propos de l’incitation à l’anorexie provoquée par de telles photos. Cet incident arrivait au même moment que la proposition de loi française de la députée UMP Valérie Boyer relative à la signalisation des images retouchées : « Les photographies publicitaires de personnes dont l’apparence corporelle a été modifiée par un logiciel de traitement d’image doivent être accompagnées de la mention : “Photographie retouchée afin de modifier l’apparence corporelle d’une personne”. »
Le 6 décembre 1989, à l’École Polytechnique de Montréal, Marc Lépine tuait quatorze femmes, puis se suicidait en blâmant le féminisme pour tous les échecs de sa vie. Le Parlement du Canada commémora ce drame en décrétant le 6 décembre comme Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes.
Toute personne qui découvre aujourd’hui Internet croira sans doute que ce monde fut créé précisément pour les adolescents… Et qui s’en étonnerait ? De fait, on peut affirmer qu’Internet semble subir une constante cure de rajeunissement depuis sa création – ce monde virtuel fut d’abord celui des scientifiques, puis le monde des étudiants universitaires en 1990, et enfin le monde des enfants et des ados. Il en va de même de plusieurs sites populaires : seuls les étudiants universitaires avaient accès à Facebook à ses débuts mais il est dorénavant tout aussi prisé par les ados (en réalité, les dernières recherches nous révèlent que chez les jeunes de 8 à 12 ans au Royaume-Uni, il y en a un sur cinq qui possède son compte Facebook, bien qu’en théorie, les conditions d’utilisation spécifient qu’il faut être âgé d’au moins 13 ans pour y avoir droit). Que ce soit le réseautage social, Wikipedia ou iTunes, Internet semble être conçu sur mesure pour les ados : un environnement social intense mais donnant une impression d’intimité, offrant une stimulation constante et des résultats immédiats. Malheureusement, on enseigne rarement aux ados comment utiliser Internet et quand on le fait, on se limite à transmettre des habiletés strictement techniques, plutôt que d’enseigner aux jeunes à jeter un regard critique sur les médias numériques et à faire preuve d’éthique et de discernement sur Internet. On néglige de leur enseigner la littératie numérique parce qu’on est persuadé que les jeunes connaissent parfaitement le sujet. Ils sont très habiles et fort à l’aise lorsqu’ils utilisent les outils et les environnements virtuels, c’est vrai – mais leur situation est comparable à celle d’un élève de 10e année parlant couramment le français : il se sent très à l’aise à converser en français, sans pour autant savoir rédiger correctement un texte français…surtout si on néglige de lui enseigner les rudiments et les règles de la langue écrite. C’est ici qu’entre en jeu la littératie.
Pour les parents d’adolescents et de préadolescents, Internet peut parfois ressembler à une liste sans fin de sites Web : Facebook, Twitter, Tumblr, SnapChat, etc., en plus des nombreux autres sites qui viennent s’y ajouter tous les quelques mois. Bien que les risques pour la sécurité de ces sites soient souvent exagérés (il est plus efficace de développer une pensée critique plus large que de se concentrer sur les particularités des derniers sites préférés des enfants) [en anglais seulement], certains autres sites présentent des risques très réels et précis que les parents sont moins susceptibles de connaître. Ces soi‑disant « sites indésirables » offrent un accès non autorisé à du contenu protégé par le droit d’auteur comme de la musique, des films et des jeux vidéo.
Cela fait bientôt 15 ans que Mark Prensky a inventé le terme « enfants du numérique » pour décrire les jeunes ayant grandi avec Internet et les médias numériques. En fait, les enfants nés l’année de la publication de son livre sont maintenant au secondaire. Si, pour beaucoup de gens, l’image des jeunes naviguant comme des poissons dans l’eau sur les plateformes numériques persiste – ainsi que celle des adultes, les parents particulièrement, considérés (souvent par eux-mêmes) comme complètement dépassés –, il reste à savoir si cette perception correspond vraiment à la réalité. Les jeunes Canadiens ont-ils réellement des connaissances numériques de base ? Et s’ils ne sont pas des « enfants du numérique » qui acquièrent leurs compétences sans effort par eux-mêmes ou grâce à leurs pairs, les élèves apprennent-ils ce qu’ils ont besoin de savoir de leurs parents ou de leurs professeurs ?