Parler aux enfants des préjugés irréfléchis en ligne

Huit enfants canadiens sur dix croient qu’il est important de dénoncer les préjugés en ligne pour que les gens sachent que ce n’est pas bien1. Cependant, plus de la moitié des jeunes sondés disent qu’ils ont parfois décidé de ne pas réagir aux préjugés dont ils ont été témoins en ligne parce qu’ils n’étaient pas certains s’il s’agissait d’une blague ou non.

C’est pourquoi il est important de parler aux jeunes des préjugés irréfléchis, c’est-à-dire l’utilisation de mots ou de phrases qui sont péjoratifs envers un groupe en particulier, et de les aider à apprendre à réagir à des situations dans lesquelles ils ne sont pas certains des intentions de la personne.

Voici quelques conseils afin d’aider vos enfants à répondre aux préjugés irréfléchis en ligne :

1. Apprendre aux enfants à réagir aux préjugés sans que les gens se sentent attaqués

Dites aux enfants de se concentrer sur la façon dont ils se sentent face aux préjugés en ligne. Même si aucune personne du groupe ciblé n’est présente pour les entendre, les jeunes peuvent s’y opposer parce qu’ils les blessent personnellement.

Que ce soit intentionnel ou non, les préjugés en ligne sont blessants : sept enfants canadiens sur dix disent que les préjugés contre qui que ce soit, même les personnes qu’ils ne connaissent pas, les blessent.

Encouragez les enfants à ne pas se demander si la personne a causé du tort à quelqu’un. Rappelez-vous qu’il n’y a personne de parfait! Les gens peuvent avoir de bonnes intentions, mais utiliser malgré tout un mot sans savoir qu’il est très offensant. Proposez plutôt aux enfants de se concentrer sur le message : pourquoi il est inexact, pourquoi il est blessant et pourquoi ils ne sont pas d’accord avec celui-ci.

Voici quelques phrases que vous pouvez suggérer afin de dénoncer les préjugés sans attaquer les personnes les utilisant :

  • « Je ne veux pas te faire la morale, mais ce sont des mots qui peuvent être très blessants. »
  • « Je n’aime pas entendre ces mots. »
  • « Ce mot ou cette phrase me rend vraiment mal à l’aise. »
  • « Je ne trouve pas ça drôle. »

2. Apprendre aux enfants les concepts d’ironie et de satire, et qu’aucun des deux n’excuse les préjugés

Les jeunes enfants ont souvent des difficultés à identifier l’ironie, et même les adolescents ont parfois du mal à faire la différence entre l’ironie (dire quelque chose que l’on ne pense pas pour faire valoir un point), la satire (se moquer d’une idée) et la moquerie (se moquer d’une personne ou d’un groupe).

Près de la moitié des jeunes Canadiens ont déclaré qu’il leur arrivait de ne pas réagir à des préjugés en ligne parce qu’ils n’étaient pas sûrs que la personne était sincère, et presque autant ont déclaré qu’il leur arrivait de ne pas intervenir parce qu’ils pensaient que les gens ne faisaient que plaisanter.

Quand les jeunes voient de la haine ou des préjudices déguisés en « ironie » ou en « plaisanterie », encouragez-les à considérer qu’il s’agit peut-être d’une plaisanterie, mais aussi à répondre à son auteur que tout le monde ne la trouverait pas drôle.

Il est également important d’aider les enfants à comprendre que s’ils sont victimes de préjugés, il n’y a pas de différence entre un vrai préjugé et un préjugé « ironique ». Peu importe l’intention, un préjugé est blessant.

3. Apprendre aux enfants qu’il y a toujours une façon d’aider

Il peut arriver que les enfants ne soient pas à l’aise d’intervenir, mais assurez-vous qu’ils savent qu’il y a toujours quelque chose à faire pour aider. S’ils ne veulent pas intervenir directement dans une situation de préjugé irréfléchi, ils peuvent toujours répondre par une question. Par exemple :

  • « Je ne comprends pas ce que tu veux dire, peux-tu m’expliquer? »
  • « Peux-tu me fournir un exemple? »
  • « Tu le penses vraiment? »
  • « Qu’est-ce que tu ferais si une personne de ce groupe avait entendu ce que tu as dit? »

De cette façon, si la personne n’avait pas l’intention de dire quelque chose de blessant, elle peut clarifier son message. Mais si son intention était d’être blessante, elle peut alors retirer ses paroles ou les défendre.

4. Apprendre aux enfants qu’ils ne sont pas obligés de réagir immédiatement

Il peut être difficile de réagir immédiatement lorsque l’on voit quelque chose de préoccupant en ligne. Encouragez les enfants à prendre un moment pour réfléchir à la façon dont ils souhaitent répondre. Dites-leur qu’ils ont le droit de prendre une pause et de se demander « Quelle est la bonne chose à faire? ».

Pour obtenir plus de conseils sur la manière d’aider les enfants à gérer les préjugés en ligne, consultez les ressources HabiloMédias ci-dessous :

Pour les enseignants et les éducateurs, consultez le plan de cours : Juste une blague? Aider les jeunes à réagir aux préjugés irréfléchis.

 

1 Brisson-Boivin, Kara (2019). « Les jeunes Canadiens en ligne : repoussant la haine ». HabiloMédias. Ottawa.
https://habilomedias.ca/sites/default/files/publication-report/full/jeunes-canadiens-repoussant-haine.pd