Adopter de meilleures habitudes technologiques : un guide pour le bien-être numérique

« Les médias sont de puissants outils : ce sont notre manière de les utiliser, les contenus que nous choisissons et les contextes dans lesquels nous les utilisons qui déterminent s’ils nous aident ou nous nuisent. » - Dr. Michael Rich

Adopter de meilleures habitudes technologiques : un guide pour le bien-être numérique

D’après les recherches de HabiloMédias, le temps passé devant les écrans est l’une des principales préoccupations des parents en matière de technologie, et la cause la plus fréquente de conflits entre parents et jeunes au Canada. Les enfants eux-mêmes s’en inquiètent : près de la moitié admettent passer trop de temps sur leur cellulaire.

Il y a peu de preuves que les appareils et applications que nous utilisons sont addictifs au même titre que des substances comme le tabac ou des activités telles que les jeux d’argent. En outre, parler d’addiction peut s’avérer contre-productif, en donnant l’impression qu’il n’y a rien à faire pour changer l’importance des écrans dans notre vie. 

« Le terme d’addiction n’est pas constructif lorsqu’il fausse notre réponse et n’offre pas aux jeunes les moyens de rééquilibrer une utilisation des médias devenue problématique… Parler d’addiction remet non seulement en question la volonté du jeune, mais lui donne aussi une excuse pour se déclarer impuissant face à l’attraction des écrans. » - Dr. Michael Rich, Digital Wellness Lab

Penser en termes d’addiction peut aussi laisser croire que la seule solution est l’abstinence – ce qui est peu réaliste, étant donné que les élèves ont besoin d’accéder à Internet pour leurs études et que la plupart des métiers impliquent l’utilisation d’appareils numériques. 

Contrairement aux substances vraiment addictives, les cellulaires et les médias sociaux apportent aussi de nombreux bénéfices aux jeunes, comme la connexion sociale, l’apprentissage, et l’expression de soi. 

Différentes activités peuvent avoir des effets variés. 

« Ce n’est pas tant le temps passé devant les écrans, mais la façon dont on utilise ce temps qui est le meilleur indicateur de la solitude et du bien-être. Utiliser les médias sociaux pour interagir avec ses amis et sa famille et trouver du soutien – au lieu de simplement naviguer sans fin sur Instagram, en se comparant aux autres et se sentant exclu – peut avoir un effet positif sur le bien-être. » - Dr. Luca Magis-Weinberg

À part pour les très jeunes enfants, notre objectif ne devrait pas être de réduire au maximum le temps d’écran, mais plutôt d’encourager le développement d’habitudes qui permettent de contrôler l’utilisation des applications et des appareils. Pour cela, il est important de maintenir un dialogue ouvert et constant avec nos enfants sur leurs activités en ligne et leurs ressentis à ce sujet.

Conception accrocheuse

Les médias sociaux sont conçus de manière à nous inciter à y passer plus de temps et à y revenir régulièrement – ce que les concepteurs d’applications appellent « Conception accrocheuse ».

Ce n’est pas parce qu’une application vous offre le contenu que vous aimez qu’elle est forcément bonne pour vous. 

C’est qu’en expliquant aux enfants comment les applications utilisent des stratégies pour les rendre accros – comme les flammes de Snapchat ou la page Pour Toi de TikTok – on peut les aider à mieux contrôler leur utilisation d’Internet.

Faire des pauses

Faire des pauses dans l’utilisation des appareils peut être bénéfique, même de courtes pauses peuvent avoir un effet comparable à une « détox numérique ». 

Réduire le temps passé sur certaines activités en ligne à des moments précis – comme éviter de regarder les vidéos suggérées sur YouTube ou ne pas utiliser Instagram à la bibliothèque. 

Plutôt que de chercher à réduire le « temps d’écran », il peut être plus bénéfique de développer de meilleures habitudes technologiques en planifiant des moments sans technologie pour soi et ses enfants, et en établissant des espaces sans technologie à la maison. (Consultez la fiche-conseil de HabiloMédias intitulée Accompagnez vos enfants dans leur visionnement pour obtenir des conseils sur la mise en place de ces pratiques.)

Adopter de meilleures habitudes

Gardez à l’esprit que nos actions parlent aussi fort que nos paroles, donc ces astuces peuvent également vous aider à gérer votre propre utilisation du cellulaire.

Avez-vous déjà été pris dans cette « spirale » où vous ouvrez votre cellulaire pour faire une chose et finissez par en faire plusieurs autres sans vous en rendre compte?

Pour éviter cela, essayez d’être plus intentionnel dans votre utilisation du cellulaire

  • Avant de l’allumer, dites ce que vous allez faire : « Vérifier la météo », par exemple. (Vous pouvez commencer par le dire à voix haute, puis simplement y penser.)

  • Définissez à l’avance ce qui vous indiquera que vous avez terminé – « Quand je saurai s’il va pleuvoir », par exemple.

  • Ensuite, dites ce que vous ferez une fois que vous aurez terminé, comme « Prendre un parapluie ou de la crème solaire ». Cela vous aide à éviter ces moments où vous pourriez ouvrir une autre application par habitude.

Ajouter des obstacles, comme changer régulièrement la méthode de déverrouillage ou déplacer les applications les plus tentantes hors de votre écran d’accueil. 

Pour les activités sans fin déterminée, comme naviguer sur les médias sociaux, réglez un minuteur

Il est important de ne pas être trop sévère avec nos enfants – ou avec nous-mêmes – si leurs habitudes ne s’améliorent pas immédiatement. Les habitudes demandent du temps pour se former.

Notifications

Les notifications peuvent nous stresser, mais elles nous permettent aussi de rester connectés aux autres. Plutôt que de les désactiver complètement, ce qui peut parfois augmenter le stress [1], ou de les mettre en silencieux, ce qui pourrait nous inciter à vérifier encore plus souvent, il est préférable d’aider les enfants à établir des moments précis pour les consulter

Une méthode utile à enseigner aux enfants est celle des « dans dix minutes » : lorsqu’ils ressentent le besoin de vérifier leurs notifications, ils peuvent le faire… mais dans dix minutes. Ce petit délai réduit le nombre de fois où ils consultent leur cellulaire.

Vous pouvez aussi mettre en place des règles concernant les moments et les lieux où l’utilisation des appareils est autorisée ou interdite. Par exemple, il est fortement recommandé de ne pas laisser les cellulaires dans les chambres des enfants et de définir des moments et des endroits sans écrans, comme pendant les repas.

Les enfants ont du mal à déconnecter, surtout la nuit, parce qu’ils ont peur de ne pas être là si leurs amis ont besoin d’eux[2]. Encouragez-les à expliquer à leurs amis que leurs parents/tuteurs ne les autorisent pas à vérifier leurs notifications la nuit[3].

Activité de substitution

Quand on parle des risques liés à un usage excessif des écrans, ce qui inquiète surtout, c’est que le temps passé devant un écran remplace des moments précieux avec des amis ou la famille, ou des activités importantes comme faire du sport ou bien dormir.

C’est pour cette raison qu’il est crucial de limiter au maximum le temps d’écran pour les enfants de moins de deux ans, car ils ont besoin de consacrer tout leur temps possible à ces activités fondamentales.

Pour les enfants plus âgés, demandez-vous si une activité sur écran ne substitue pas quelque chose de bénéfique :

  • Est-ce que cela leur permet faire de l’exercice, comme un jeu de danse ou Pokémon Go?

  • Est-ce que cela leur permet d’apprendre quelque chose, que ce soit en rapport avec l’école, avec l’un des centres d’intérêt de votre enfant, comme l’histoire ou les dinosaures, ou quelque chose de pratique, comme cuisiner ou jouer de la guitare?

  • Sont-ils en train de faire ou de créer quelque chose, comme écrire une histoire ou créer un jeu vidéo?

  • Ont-ils des relations sociales significatives avec leurs amis ou les membres de leur famille? Des recherches ont montré que les enfants qui jouent le plus souvent seuls à des jeux vidéo sont susceptibles de devenir plus solitaires avec le temps, alors que ceux qui jouent avec d’autres le deviennent moins.

Comparaison

Quand nous voyons la vie des autres sur les médias sociaux – des images soigneusement filtrées et sélectionnées pour les montrer sous leur meilleur jour – nous pouvons facilement croire que les autres sont plus beaux et plus heureux que nous. 

« Les médias sociaux ne se contentent pas de refléter les dynamiques sociales existantes; ils modifient en profondeur le vécu des adolescents. » - Emily Weinstein et Carrie James, Behind Their Screens

Pour aider nos enfants à éviter de tomber dans le « piège de la comparaison », nous pouvons les encourager à filtrer leurs flux de médias sociaux en mettant en sourdine ou en arrêtant de suivre les personnes qui les font se sentir mal dans leur peau. Nous pouvons également influencer les algorithmes pour qu’ils montrent davantage de contenus qui nous font du bien, et moins de ceux qui ne sont pas bénéfiques.

Il est aussi important de faire comprendre aux enfants que tout le monde ressent la pression d’être toujours disponible et de montrer une image parfaite de soi. En publiant honnêtement sur nos vies, ses hauts et ses bas, nous facilitons l’honnêteté chez les autres. 

Conclusions  

Il est crucial de s’engager à développer de meilleures habitudes, tout en se montrant indulgent envers soi-même si les choses ne changent pas immédiatement. Bien que les parents doivent poser des limites et instaurer des routines, cela fonctionne mieux quand ils se positionnent comme des guides et des soutiens plutôt que comme des dictateurs.

Les médias sociaux jouent un rôle essentiel dans la manière dont les adolescents gardent le contact avec leurs amis et leur famille, et ils peuvent être un moyen précieux de socialiser. La psychologue Dre. Tara Porter propose de demander aux enfants : « Utilises-tu ton cellulaire pour te connecter aux autres ou pour te comparer à eux? »

Lisez le guide complet ici : Adopter de meilleures habitudes technologiques : un guide pour le bien-être numérique


[1] Pielot, M., Church, K., & De Oliveira, R. (2014, September). An in-situ study of mobile phone notifications. In Proceedings of the 16th international conference on Human-computer interaction with mobile devices & services (pp. 233-242).

[2] Heitmayer, M., & Lahlou, S. (2021). Why are smartphones disruptive? An empirical study of smartphone use in real-life contexts. Computers in Human Behavior, 116, 106637.

[3] Rich, M. (2024) The Mediatrician’s Guide. Harper Horizon.

 

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