De meilleures actualités politiques et électorales en quatre étapes

  1. Élargir son appétit pour les actualités. La chose la plus importante à faire est probablement de vous assurer que vous ne recevez pas uniquement des actualités qui confirment ce que vous croyez déjà. Parallèlement, il est important de ne pas « exagérer » en consultant des sources qui ont un parti pris totalement à l’opposé du vôtre, ce qui vous mettra presque assurément en colère et renforcera vos opinions actuelles. Comme l’indique Eli Pariser, auteur de l’ouvrage The Filter Bubble : « Nous avons tendance à aller dans la direction complètement opposée. Par exemple, "Si je penche vers la gauche, je me mettrai alors à lire du Breitbart", une situation qui se termine rarement bien et qui rendra généralement les gens malheureux et contrariés[1] ». Trouvez plutôt des sources ayant un point de vue modérément différent.

Une autre option consiste à utiliser un agrégateur de nouvelles comme AllSides (https://www.allsides.com/blog) qui fournit des résumés et des liens vers des nouvelles de tous les types pour vous aider à comprendre comment des personnes ayant des points de vue différents voient les enjeux différemment, ou encore une source de nouvelles collaboratives comme WikiTribune (www.wikitribune.com), laquelle vous permet de voir qui a rédigé et modifié chaque partie de l’article. Il peut également s’avérer utile de consulter des sources proposant une opinion diamétralement opposée à la vôtre, notamment des quotidiens d’autres pays : même s’ils ont aussi leurs partis pris, ils proviennent d’un contexte si différent du vôtre qu’ils sont moins susceptibles de déclencher vos sentiments de loyauté[2]. Vous pouvez également utiliser un outil comme « Blue Feed, Red Feed » du Wall Street Journal (http://graphics.wsj.com/blue-feed-red-feed/) pour voir ce dont les personnes ayant d’autres opinions politiques discutent sur les réseaux sociaux.

Il est important de se rappeler que les nouvelles qui vous parviennent par le biais de moteurs de recherche et des réseaux sociaux ont déjà été filtrées. Une partie de ce filtrage repose sur la façon dont ces plateformes évaluent la pertinence générale (par exemple, elles peuvent fournir davantage de renseignements au sujet d’un candidat qui reçoit déjà beaucoup plus de mentions dans les nouvelles, soit parce qu’il est en tête des sondages ou parce qu’il tient des propos controversés)[3] ou, comme il est mentionné ci-dessus, le filtrage peut être manipulé par des agents de la désinformation.

Le plus important est qu’il faut se rappeler que les moteurs de recherche et les réseaux sociaux sont conçus de façon à publier le contenu qui est pertinent pour vous. En ce qui concerne les actualités, il s’agit de contenu avec lequel vous êtes déjà d’accord. La meilleure façon d’éviter un tel piège est de restreindre les techniques de collecte de vos données des moteurs de recherche et des réseaux sociaux afin qu’ils ne soient pas en mesure d’établir un profil. Pour ce faire, vous pouvez :

  • prendre l’habitude d’utiliser Incognito ou le mode de navigation privée;
  • modifier vos paramètres afin de restreindre le suivi fait par les navigateurs comme Chrome, Safari, Firefox et Edge;
  • utiliser un moteur de recherche qui ne retient aucune donnée comme DuckDuckGo;
  • installer un module d’extension de blocage comme Privacy Badger;
  • régler le suivi des publicités et les préférences de votre fil de nouvelles de vos comptes de réseaux sociaux et moteurs de recherche afin qu’ils ne publient aucun contenu personnalisé.

Consulter une gamme élargie de sources améliorera le filtrage de votre fil de nouvelles et des recommandations que vous voyez.

Vous devez vous rappeler le but d’élargir votre appétit pour les actualités est de remettre en question vos propres partis pris. Comme l’affirme Brooke Gladstone de la National Public Radio : « C’est là le plus difficile : intégrer au débat des sujets que vous pourriez trouver difficiles, qui pourraient vous surprendre[4] ». Il est probablement plus important de faire preuve de plus d’empathie envers les personnes ayant des points de vue différents que de recueillir des faits : les personnes qui voient le monde en noir et blanc sont plus susceptibles de croire les théories du complot[5].

  1. Prendre l’habitude de vérifier les faits. Notre fiche-conseil sur les renseignements utiles propose des conseils utiles pour vérifier les faits présentés dans les actualités en général, mais particulièrement en ce qui concerne les nouvelles politiques et électorales.
  • D’abord, consultez des sites de vérification des faits comme Snopes et PolitiFact, qui vous éviteront la lourde de tâche de démystifier les fausses nouvelles.
  • Ensuite, tournez-vous plutôt vers des sources générales telles que des encyclopédies ou des bibliothécaires, lesquels vous aideront à bien saisir le sujet. Il s’agit d’une excellente façon d’apprendre les différents termes et images utilisés par les parties relativement à un enjeu afin que vous puissiez reconnaître plus facilement la provenance de la source. (Comme toutes les autres sources, n’oubliez pas que les encyclopédies doivent aussi être examinées de façon critique. En ce qui concerne les encyclopédies créées par les utilisateurs, comme Wikipédia, examinez les bannières d’avertissement qui indiquent d’importants problèmes sur la page et vérifiez l’onglet « Discussion » pour connaître le classement de l’article.)
  • Puis, n’accordez pas trop d’importance aux anecdotes et aux analogies. Elles sont un excellent moyen d’illustrer un exemple, mais ne prouvent rien.
  • Enfin, lorsqu’une déclaration est faite à propos d’un politicien ou d’un parti politique, allez directement à la source. Si le pape devait soutenir un candidat particulier, par exemple, cet appui figurerait assurément sur le site Web du candidat. (Assurez‑vous d’avoir consulté le site véritable plutôt que de suivre des liens qui vous mèneront possiblement vers un site fictif.) Pour bien comprendre la position d’un candidat relativement à une question, visionnez les débats télévisés auxquels participent tous les candidats. Vous pouvez toujours consulter des sources hors ligne en assistant à des débats dans votre circonscription, en visitant un bureau de campagne ou en discutant avec un solliciteur qui fait du porte-à-porte dans votre quartier pour vérifier la véracité des renseignements publiés.
  1. Soyez responsable lorsque vous partagez et discutez des actualités en ligne. N’aggravez pas le problème en partageant des histoires non vérifiées (près du quart des Américains ont partagé de fausses nouvelles en ligne)[6] et soyez respectueux lorsqu’il est question de politique. En 2016, un plus grand nombre de personnes ont signalé avoir été victimes de harcèlement en ligne en raison de leurs opinions politiques que pour toute autre raison, que ce soit leur sexe, leur race, leur religion ou leur orientation sexuelle[7]. Cette situation peut diviser et polariser nos communautés et le monde de l’information.
     
  2. Plaignez-vous des fausses nouvelles et de la désinformation lorsque vous en voyez. Malgré l’amélioration des outils de filtrage de la désinformation, les plateformes en ligne se fient encore aux utilisateurs pour signaler les problèmes de défaillance, ce qui peut s’avérer particulièrement important lors d’une campagne électorale ou dans la foulée d’un événement d’envergure dans l’actualité alors que les plateformes peuvent être inondées de renseignements erronés ou que la désinformation n’a pas été suffisamment répandue pour justifier une correction. Par exemple, les sources niant que l’Holocauste ait eu lieu ne se trouvent plus au palmarès des résultats de recherche ou dans les suggestions de saisie semi-automatique, mais les résultats des recherches niant l’existence de la famine soutenue par l’Union soviétique en Ukraine de 1932 à 1933 à la question « L’Holodomor a-t-il eu lieu? » obtiennent encore un classement élevé. La plupart des réseaux sociaux, tout comme YouTube, proposent des options de signalement de publications individuelles, alors que Google offre l’option générale « Envoyer des commentaires » au bas de chaque page de résultats de recherche et vous permet de signaler toute suggestion de saisie semi-automatique inappropriée (un petit lien en gris au bas de la fenêtre de suggestions vous propose de « Signaler des prédictions inappropriées »).

Si le signalement de renseignements erronés n’incite pas la plateforme à les retirer, envisagez le dépôt d’une plainte auprès des entreprises qui y font de la publicité. (Consultez notre guide Réagir à la propagande haineuse sur Internet pour savoir comment réagir à la propagande haineuse.) Presque tous les moteurs de recherches et les réseaux sociaux tirent leurs revenus de la publicité et bon nombre des changements qu’ils ont effectués quant à leurs pratiques commerciales découlent des pressions exercées par les annonceurs, qui ont habituellement eux-mêmes réagi aux pressions des consommateurs[8].

 


[1] Ponsot, Elisabeth. A complete guide to seeing the news beyond your cozy filter bubble, Quartz, 23 février 2017. [traduction]
[2] Stray, Jonathan. How Do You Tell When the News is Biased? It Depends on How You See Yourself, Nieman Lab, juin 2012. [traduction]
[3] Diakopoulos, Nicholas. Understanding bias in computational news media, NiemanLab, décembre 2012. [traduction]
[4] Pitts, Rebecca. 5 Steps to Improve Your Media Literacy, Teen Vogue, 26 ;avril 2017. [traduction]
[5] Oliver, J. Eric, Wood, Thomas. J. Conspiracy Theories and the Paranoid Style(s) of Mass Opinion, American Journal of Political Science, 58.10.1111/ajps.12084, 2014. [traduction]
[6] Pitts, Rebecca. 5 Steps to Improve Your Media Literacy, Teen Vogue, 26 avril 2017. [traduction]
[7] Dewey, Caitlin. The most compelling reason to never talk politics on Facebook, The Washington Post, 4 août 2016. [traduction]
[8] A Brave New World: How the Internet Affects Societies, Chatham House, 11 mai 2017.