Masculinité et médias consacrés au sport
Une étude menée par l’Amateur Athletic Foundation de Los Angeles rapporte que 98 % des garçons américains entre 8 et 17 ans lisent ou regardent des textes et émissions sportives. [1] Comme les sports professionnels sont presque complètement dominés par les hommes, des joueurs aux entraîneurs, jusqu’aux commentateurs ou journalistes, les médias qui se consacrent au sport sont en mesure de communiquer un puissant message concernant virilité et masculinité.
Des études ont établi que les commentaires sportifs renforçaient la perception d’une « masculinité violente ». Le monde du commentaire sportif à dominante masculine renforce également le fait que les femmes ne sont pas les bienvenues dans le monde du sport à majorité masculine. Dans l’ensemble, 90 % des commentateurs sportifs aux États-Unis sont des hommes. Ni le Monday Night Football ni le tournoi de basketball universitaire « March Madness » n’ont eu de femmes comme commentateurs avant 2017[i]. En faisant l’éloge de joueurs qui, même blessés, n’abandonnent pas, en utilisant systématiquement le langage de la guerre et du combat pour décrire l’action en cours, les commentateurs contribuent à donner un caractère excitant et positif à la violence et à l’agression. Lorsqu’ils parlent des hommes dans le sport, les commentateurs utilisent des verbes comme « maîtriser », « battre », « gagner », « combattre » et « dominer », alors qu’ils utilisent d’autres verbes pour les femmes comme « rivaliser », « participer » et « s’efforcer ». La différence : lorsqu’ils parlent des hommes, les commentateurs utilisent un champ sémantique de guerre et de bataille, les comparant à des combattants insinuant la violence même dans un jeu équitable[ii].
Toutes ces études en arrivent à la conclusion que l’accent mis sur les rivalités personnelles, les conflits et la compétition féroce renforcent l’idée que violence et agression sont des expressions normales et naturelles de la personnalité masculine. L’on voit toutefois poindre les signes encourageants d’un changement dans la culture sportive, comme le projet You Can Play, lequel a fait appel à des équipes de la LNH, des vedettes de hockey et des diffuseurs sportifs pour contrer l’homophobie dans le monde du hockey.[iii]
[i] Serazio, M (2019) The enduring power of sexism in sports media. CNN. Retrieved from https://www.pri.org/stories/2019-06-13/i-still-get-tweets-go-back-kitchen-enduring-power-sexism-sports-media
[ii] University of Cambridge (2016) Aesthetics over athletes when it comes to women in sports. Retrieved from https://www.cam.ac.uk/research/news/aesthetics-over-athletics-when-it-comes-to-women-in-sport
[iii] Johnston, Chris. NHL stars back Patrick Burke’s push to eliminate homophobia in hockey. Canadian Press, March 4 2012.