La diversité raciale et culturelle et la politique canadienne sur la radiodiffusion

La Loi sur la radiodiffusion du Canada, modifiée pour la dernière fois en 1991, énonce les lignes directrices de l’industrie en matière de représentation de la diversité.

Selon la Loi, la radiodiffusion canadienne doit « répondre aux besoins et aux intérêts, et refléter la condition et les aspirations, des hommes, des femmes et des enfants canadiens, notamment l’égalité sur le plan des droits, la dualité linguistique et le caractère multiculturel et multiracial de la société canadienne ainsi que la place particulière qu’y occupent les peuples autochtones ». La Société Radio‑Canada est spécifiquement chargée de « refléter le caractère multiculturel et multiracial du Canada » et les autres radiodiffuseurs ont pour instruction de « refléter le caractère multiculturel du Canada et rendre compte de sa diversité régionale[1] ».

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) est chargé d’appliquer la Loi sur la radiodiffusion. En plus des exigences de la Loi, le CRTC a imposé des exigences obligatoires sur le contenu pour la radio et la télévision canadiennes. Bien qu’il n’y ait pas d’exigences relatives au contenu pour la radio parlée, la radio musicale doit inclure un minimum de 35 % de contenu canadien, tandis que toutes les stations de télévision doivent inclure un minimum de 50 % de contenu canadien pendant les heures de grande écoute (de 18 h à 23 h). Toutefois, en 2015, le CRTC a supprimé le quota obligatoire de 55 % pour les stations de télévision montrant du contenu canadien pendant la journée[2]. Malgré l’existence de ces politiques, de nombreux réseaux parviennent à trouver des moyens de contourner l’inclusion de contenu minoritaire ou canadien aux heures de grande écoute. Ces stratégies incluent notamment l’arrêt de la diffusion pendant la nuit pour diminuer le temps d’antenne total et la diffusion de contenu canadien destiné principalement au marché américain. La Politique relative à la radiodiffusion à caractère ethnique exige que toutes les stations de radio et de télévision des « minorités visibles » consacrent au moins 60 % de leur programmation au contenu des minorités visibles. De plus, la moitié du contenu de tous ces médias doit être dans une troisième langue (autre que l’anglais, le français ou une langue autochtone).

En 2020, un projet de loi visant à moderniser la Loi sur la radiodiffusion a été présenté « pour guider l’utilisation de ses nouveaux outils réglementaires pour favoriser l’épanouissement d’une expression canadienne diversifiée, comme soutenir les émissions menées par des créateurs issus de communautés racisées », mais il n’a pas été adopté avant la fin de cette assemblée législative. Au moment de la rédaction du présent document, une nouvelle version de ce projet de loi n’avait pas encore été présentée.

Les recherches menées par le CRTC ont permis d’élaborer six suggestions pour améliorer la diversité dans les médias canadiens :

  • assurer une plus grande diversité culturelle parmi les membres du CRTC;
  • revoir la représentation dans les médias avec les membres des groupes représentés;
  • s’adresser aux divers groupes eux-mêmes pour savoir comment ils veulent être représentés;
  • fournir des lignes directrices aux radiodiffuseurs concernant la représentation et le portrait des groupes de la société;
  • demander à un comité d’examiner et d’analyser un échantillon de programme et de formuler des recommandations;
  • se concentrer davantage sur l’image que la représentation (la façon dont les personnes sont représentées est plus importante que leur représentation)[3].

Codes de diversité volontaires

En 1999, l’Association canadienne des radiodiffuseurs a créé un code volontaire pour la représentation de la diversité dans les médias. Les lignes directrices du Code sur la représentation équitable exigent que l’engagement des radiodiffuseurs envers la diversité culturelle se reflète dans les pratiques d’embauche et de formation. Presque tous les médias canadiens sont membres de l’Association et, à ce titre, ils doivent :

  • s’assurer d’une couverture équilibrée de nouvelles et respecter le principe de la représentation équitable de toutes les personnes;
  • s’abstenir de diffuser des histoires, des nouvelles ou des images susceptibles d’inciter à la haine ou au mépris d’autrui, en fonction de l’origine ethnique ou nationale, de la couleur de la peau ou de la religion;
  • être sensible à l’utilisation d’un langage offensant ou de représentations stéréotypées des minorités;
  • éviter de diffuser du contenu ayant pour effet de tourner indûment en dérision les mythes, les traditions ou les pratiques de groupes sur la base de leur race ou de leur origine nationale ou ethnique[4].

La question de la diversité est également abordée dans le code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs. Ce code interdit la diffusion de matériel abusif ou discriminatoire fondé sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le genre, l’orientation sexuelle, la situation de famille ou les incapacités physiques ou mentales[5].

L’application de ces lignes directrices est supervisée par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision, un organisme de l’industrie qui entend les plaintes des téléspectateurs au sujet du contenu des émissions et tente de les résoudre par la médiation à l’échelle locale, entre le radiodiffuseur et le plaignant. La plupart des plaintes sont résolues de cette façon.

L’industrie canadienne de la presse écrite n’est pas réglementée de la même manière que la télévision et la radio. De nombreux organes de presse écrite et en ligne sont membres du Conseil national des médias du Canada[6], qui fournit également des liens vers des ressources comme le guide de style sur la diversité et les médias ethniques [en anglais]. Bien que le Conseil ne dispose pas d’un code de pratique concernant les questions de diversité, il statue sur les plaintes relatives à ces questions. Le Québec a également son propre conseil de presse, le Conseil de presse du Québec[7]. Les industries canadiennes de la musique et des jeux vidéo n’ont actuellement aucune directive sur la représentation de la diversité, mais les consommateurs peuvent se plaindre directement auprès des entreprises qui créent ces produits et peuvent influencer la représentation de la diversité raciale et culturelle dans les médias en choisissant de soutenir les œuvres qui présentent la diversité de manière positive.

Consultez le guide Réagissez! Comment intervenir en matière de questions médiatiques pour plus d’informations sur le dépôt d’une plainte auprès d’un média ou d’un organisme de réglementation.

 

[1] Loi sur la radiodiffusion (L.C. 1991, ch. 11) Consulté à l’adresse : https://laws-lois.justice.gc.ca/fra/Lois/B-9.01/index.html.

[2] (2015) « CRTC eases Canadian-content quota for TV ». CBC News. Consulté à l’adresse : https://www.cbc.ca/news/business/crtc-eases-canadian-content-quotas-for-tv-1.2992132.

[3] (2017) « La diversité culturelle dans les médias canadiens ». Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. Consulté à l’adresse : https://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/301/pwgsc-tpsgc/por-ef/crtc/2017/063-16-f/rapport.html.

[4] (2008) Code sur la représentation équitable de l’Association canadienne des radiodiffuseurs. Association canadienne des radiodiffuseurs. Consulté à l’adresse : https://www.cbsc.ca/codes/cab-equitable-portrayal-code.

[5] (2002) Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs. Association canadienne des radiodiffuseurs. Consulté à l’adresse : https://www.cbsc.ca/fr/les-codes/code-de-deontologie-de-acr/.

[6] (sans date) Member News Organizations. National NewsMedia Council. Consulté à l’adresse : https://www.mediacouncil.ca/fr/qui-sommes-nous/organismes-membres/.

[7] (sans date) Conseil de presse du Québec. Conseil de presse du Québec. Consulté à l’adresse : https://conseildepresse.qc.ca/.