La diversité raciale et culturelle dans les médias de divertissement
Il ne fait aucun doute que les médias de divertissement peuvent avoir un effet profond sur la façon dont les jeunes se perçoivent et perçoivent les autres. Dans une étude réalisée en 2021, des enfants âgés de 9 à 12 ans qui devaient préciser de quelle façon ils distribueraient divers rôles étaient au moins 2 fois plus susceptibles de donner le rôle du héros à un acteur blanc (52 % contre 19 % pour un acteur noir et 12 % pour un acteur asiatique) et au moins 2 fois plus susceptibles de donner le rôle du pauvre à un acteur noir. Ce constat est valable quelle que soit la race de l’enfant : par exemple, seulement 16 % des enfants noirs ont choisi un acteur noir comme héros[1].
Groupes racialisés à la télévision
Minelle Mahtani, de l’Institute for Social Justice de l’Université de la Colombie-Britannique, soutient que les médias de divertissement canadiens partagent de nombreux problèmes avec les émissions américaines, et qu’ils ont aussi tendance à sous-représenter et à mal représenter les groupes racialisés. À son avis, cette sous-représentation « évoque la faible importance ou l’inexistence de ces groupes[2] ». Des recherches plus récentes suggèrent que la situation n’a pas beaucoup changé. Une étude menée en 2018 qui a analysé 780 films de 1970 à 2018 révèle que « les acteurs blancs sont au moins trois fois et demie plus susceptibles de parler que la taille de leur population ne le laisserait entrevoir, entraînant la sous-représentation de tous les autres groupes[3] ».
Le récent succès international d’émissions de télévision canadiennes comme Anne with an E et Schitt’s Creek fait écho à cette tendance. Malgré l’amélioration de la diversité dans d’autres domaines, ces émissions mettent principalement en scène des acteurs blancs[4]. Alors que les personnes racialisées représentent 16,3 % des rôles parlants dans l’ensemble des émissions de télévision canadiennes[5], il a fallu attendre en 2019 pour qu’un acteur noir canadien obtienne un rôle principal dans une émission de télévision canadienne diffusée aux heures de grande écoute (Vinessa Antoine dans Diggstown)[6]. Même aujourd’hui, le lancement ou l’annulation d’une seule émission, comme Kim’s Convenience[7] ou The Porter[8], a un impact important sur le nombre de rôles non blancs à l’écran.
Jusqu’à récemment, il était encore assez courant que des acteurs blancs jouent des personnages non blancs dans des émissions de télévision animées comme The Simpsons, Family Guy et Bojack Horseman. Toutefois, les choses ont commencé à changer : notamment, Hank Azaria, qui a interprété le personnage d’Apu dans The Simpsons, probablement le personnage sud-asiatique le plus connu à la télévision nord-américaine des trois dernières décennies, a décidé en 2021 de ne plus jouer ce rôle, déclarant qu’« il est préférable, si le personnage est indien, latino-américain ou noir, de laisser une personne de cette descendance interpréter le personnage. C’est plus authentique. Elle y apportera son expérience. N’enlevons pas des emplois à des gens qui n’en ont déjà pas assez[9]. »
La façon dont les personnages racialisés sont représentés peut également être problématique. Bien que les stéréotypes négatifs soient encore fréquents[10] (p. ex. les personnages immigrants dans les émissions de télévision américaines sont souvent présentés comme moins éduqués et plus susceptibles de commettre des crimes qu’ils ne le sont en réalité[11]), une distribution daltonienne agressive des rôles est de plus en plus fréquente, ce qui peut se produire dans des émissions qui prétendent simplement que la race et l’origine ethnique ne sont plus pertinentes dans la vie des jeunes, comme Riverdale de la CW, ou encore dans des émissions qui imaginent des mondes alternatifs où ces concepts sont dénués de sens, comme Wheel of Time de Prime. Si la distribution daltonienne des rôles permet d’offrir plus de rôles de personnages non blancs, le daltonisme en tant que valeur positive peut, paradoxalement, désensibiliser les téléspectateurs aux défis réels auxquels sont confrontées les communautés diversifiées : « Le daltonisme, ce n’est pas seulement montrer et ajouter de la couleur à la télévision. C’est aussi n’attribuer aucune importance à la couleur, en plaçant tous les groupes ethnoraciaux sur le même pied d’égalité[12]. »
De même, les émissions consacrées à l’application de la loi et à la criminalité offrent généralement une vision « daltonienne » du système judiciaire, dépeignant rarement des éléments communément vécus par les groupes racialisés, comme les préjugés raciaux et les inconduites policières motivées par le racisme[13].
Bien que la distribution daltonienne de rôles puisse être un point de départ intéressant, les émissions devraient en fin de compte permettre à leurs personnages de vivre des histoires « grand public » tout en reconnaissant et en abordant l’identité spécifique de leurs personnages et les défis qui y sont associés, comme Never Have I Ever sur Netflix et Sort Of à la CBC. Chris Van Dusen, créateur et directeur de la série Bridgerton sur Netfilx, a adopté une approche qu’il décrit « non pas comme daltonienne, mais consciente de la couleur[14] » : les producteurs avaient « la liberté de donner un rôle à des personnes d’origine diverses, mais la race d’un personnage pouvait tout de même jouer un rôle dans son histoire[15] ».
Distribution de la deuxième saison de Bridgerton sur Netflix
La représentation derrière l’écran est également un problème. Une enquête de 2017 a révélé que 91 % des salles de rédaction de la télévision américaine étaient dirigées par des directeurs blancs[16], et que 64 % des auteurs issus de la diversité à la télévision avaient été victimes de préjugés, de discrimination et de harcèlement au travail[17].
L’avènement des plateformes de diffusion en continu a entraîné une hausse de la diversité, tant à l’écran qu’ailleurs[18], possiblement parce que ces services sont mieux à même d’assurer une diffusion axée sur des publics plus restreints que la télévision traditionnelle[19]. Si les plateformes de diffusion en continu facilitent l’accès à des contenus internationaux, comme le succès sud-coréen Squid Game, elles proposent peu de contenus canadiens et peuvent donner un portrait de la diversité tout aussi inexact pour le public canadien que la télévision américaine.
Les groupes racialisés au cinéma
Le racisme et les stéréotypes au cinéma ne datent pas d’hier. Le premier « film à succès », Birth of a Nation, non seulement valorisait le Ku Klux Klan, mais a mené à sa renaissance (et inspiré certains gestes, comme la destruction de croix par le feu, que l’incarnation originale du groupe ne pratiquait pas)[20]. Il y a eu des progrès significatifs dans la représentation des groupes racialisés au cinéma. Par exemple, dans la version originale de West Side Story, tous les personnages portoricains, sauf un, étaient joués par des acteurs blancs, tandis que la réédition de 2021 met en vedette des acteurs latino‑américains dont les dialogues en espagnol ne sont ni traduits ni sous-titrés[21]. Cependant, d’importants problèmes et défis subsistent.
Grâce à un certain nombre de facteurs, dont la petite taille de l’industrie cinématographique canadienne et la prédominance de l’Office national du film, le cinéma canadien est un bon exemple de participation raciale et culturelle diversifiée, tant devant que derrière la caméra. Des longs métrages canadiens comme White Elephant et Night of the Kings présentent des portraits réalistes et responsables d’expériences raciales et culturelles diverses, tandis que l’Office national du film a produit des dizaines de films sur tous les sujets, des questions brûlantes de multiculturalisme aux histoires familiales des cinéastes.
Pourtant, ces films ne représentent qu’une infime partie des films regardés par le public canadien et trop peu pour empêcher les acteurs d’être attirés vers les États-Unis. Comme l’a dit Fabienne Colas, fondatrice du Toronto Black Film Festival : « Aux États-Unis, il y a des rôles pour les Noirs. Nous n’avons pas ces rôles, ici. Ils n’existent pas vraiment[22]. » De plus, la petite taille de l’industrie cinématographique canadienne accroît le pouvoir d’un petit nombre de « gardiens » qui, pendant la majeure partie de son histoire, étaient principalement blancs[23].
L’éventail des rôles disponibles pour les acteurs racialisés reste assez étroit, tant dans l’industrie cinématographique canadienne qu’américaine. Une étude des 1 300 films les plus rentables sortis entre 2007 et 2019, par exemple, a révélé que seulement 44 d’entre eux, soit 3,4 %, comportaient un acteur asiatique dans un rôle principal[24] (7,1 % de la population américaine s’identifie comme « asiatique ou insulaire du Pacifique[25] » et 14 % de la population canadienne s’identifie comme asiatique du Sud, chinoise, philippine, asiatique du Sud-Est, coréenne ou japonaise[26]). De ces 44 rôles, seulement 13 % étaient considérés comme tridimensionnels, c’est-à-dire n’étant pas définis comme des étrangers, des acolytes ou des méchants, par les auteurs de l’étude[27].
Bien qu’un petit nombre d’acteurs issus de la diversité raciale et culturelle, comme Viola Davis et Dwayne Johnson, figurent parmi les plus grands noms du box-office, la quasi-totalité des visages derrière la caméra sont blancs. Le rapport de 2020 de la Writers Guild of America sur l’inclusion précise que les personnes racialisées représentent 20 % des scénaristes aux États-Unis, alors qu’elles constituent 40 % de la population[28]. De plus, les acteurs issus de la diversité raciale et culturelle ne sont souvent considérés que pour des rôles spécifiquement écrits comme racialisés, tandis que les rôles d’ethnicité non spécifiée sont blancs par défaut. Selon Kelly Edwards, vice-présidente du développement des talents et de la diversité d’entreprise chez NBC Universal, les directeurs de distribution et les producteurs ont également tendance à se tourner vers des acteurs qu’ils connaissent déjà, créant ainsi souvent une diversité moindre à l’écran[29].
Les groupes racialisés dans la musique
Traditionnellement, la musique canadienne était un moyen pour les minorités de gagner de la visibilité, et c’est encore le cas aujourd’hui : The Weekend, artiste éthiopien-canadien, et Drake, artiste biculturel de père noir américain et de mère juive canadienne, ont trouvé le succès tant au Canada qu’à l’étranger.
La musique populaire affiche fréquemment certains thèmes raciaux. Toby Jenkins, professeur d’études intégratives et d’enseignement supérieur, mentionne que le rap et le hip-hop expriment les réalités du racisme institutionnel et trouvent leurs racines dans le mouvement des droits civiques des années 1960 et l’intégration des étudiants noirs dans la société blanche, donnant à ces communautés marginalisées un moyen d’exprimer leurs pensées et leurs difficultés à une époque où elles étaient souvent réduites au silence et ignorées dans les salles de classe ou la société. Comme l’affirme Toby Jenkins, « la musique hip-hop raconte ce que c’est que d’être Noir en Amérique. La musique hip-hop est l’un des rares espaces culturels où les Afro-Américains peuvent exprimer leur mécontentement à l’égard des structures de pouvoir américaines qui rendent difficile la réussite des Noirs[30] ».
Comme le hip-hop américain, une grande partie du hip-hop canadien s’intéresse aux questions de race, de culture et d’identité, mais à celles des Noirs canadiens, dont les origines, les expériences et l’histoire sont différentes de celles des Noirs Américains. Bien que le hip-hop canadien soit né d’une étroite imitation du hip-hop américain, des artistes canadiens comme Kardinal Offishall et Boogat produisent une musique beaucoup plus influencée par les traditions des Caraïbes (les deux tiers des Afro-Canadiens sont d’origine caribéenne) alors que des immigrants de première génération comme K’naan expriment leurs expériences personnelles et culturelles en produisant leur propre musique et que des artistes hip-hop francophones comme Alaclair Ensemble s’inspirent de la musique folklorique québécoise traditionnelle.
D’autres groupes diversifiés sur le plan racial et culturel ont également commencé à se faire connaître sur la scène musicale. L’importance croissante de la culture sud-asiatique, représentée surtout par les films de « Bollywood », a donné une plus grande visibilité à des groupes comme Delhi 2 Dublin, qui incorpore des paroles en punjabi et des instruments comme le sitar, le dhol et le tabla. Comme pour le hip-hop canadien, cette nouvelle vague de musique sud-asiatique n’est pas seulement une transplantation de formes traditionnelles, mais un mélange d’influences, dans ce cas la banghra sud-asiatique, le folk celtique et le reggae. Raghav Mathur, dont la musique mêle les rythmes bollywoodiens et le hip-hop et dont les paroles sont à parts égales en anglais et hindi, compare la musique sud-asiatique au Canada à celle d’artistes latins comme Shakira et Camila Cabello, qui ont trouvé le succès auprès d’un public à la fois diversifié et général.
L’adoption des plateformes de diffusion en continu n’a pas eu les mêmes effets positifs pour la musique diversifiée que le cinéma et la télévision, les utilisateurs étant peut-être plus susceptibles de laisser l’algorithme de recommandation faire des choix pour eux sur les plateformes de diffusion de musique en continu. Il peut alors en découler un cycle permettant aux « riches de s’enrichir », c’est-à-dire que les artistes grand public sont privilégiés encore plus que ne le faisaient les médias traditionnels[31]. TikTok, qui constitue pour de nombreux jeunes le principal instrument pour découvrir de la nouvelle musique[32], a l’habitude de favoriser les créateurs blancs qui utilisent la musique d’artistes noirs[33]. Parallèlement, contrairement aux médias traditionnels, il est possible de trouver des artistes diversifiés sur Spotify et d’autres plateformes similaires, même si la nécessité de les trouver et d’en faire le tri constitue un obstacle important. Dans certains cas, ces mêmes algorithmes ont également favorisé la musique qui n’aurait peut-être jamais été largement diffusée sur les radios traditionnelles, comme Old Town Road de l’artiste noir homosexuel Lil Nas X.
Les groupes racialisés dans la publicité
La publicité a toujours été un média particulièrement enclin aux stéréotypes[34]. Les publicités, qui sont par définition non désirées par leur public, doivent faire une forte impression en peu de temps[35] et les stéréotypes provoquent les réactions émotionnelles qui motivent la fidélité à la marque et l’intention d’achat[36]. Bien qu’Aunt Jemima, l’image du sirop issue des spectacles de ménestrels du XIXe siècle, n’existe plus[37], une étude menée en 2021 révèle que la moitié des personnes issues de communautés historiquement sous-représentées ont vu des publicités qui les stéréotypent[38].
Les annonceurs ont mis du temps à s’adresser directement aux groupes racialisés. Par exemple, en 1963, Pepsi est devenue l’une des premières grandes entreprises à faire de la publicité directement auprès du public noir[39]. Toutefois, plus récemment, un nombre croissant d’annonceurs ont compris l’intérêt de s’adresser aux groupes racialisés[40] ainsi qu’aux jeunes qui attendent des marques qu’ils soutiennent qu’elles reflètent leurs valeurs[41]. Comme l’explique Allen Adamson, cofondateur de la société de stratégie de marketing Metaforce, « c’est une question de coût et de bénéfices. La plupart des spécialistes du marketing ont compris que, quoi qu’ils fassent, un certain segment de la population sera offensé. Mais l’avantage, c’est-à-dire paraître inclusif, l’emporte sur le risque de froisser certaines personnes[42]. »
Les publicités utilisant des stéréotypes raciaux existent encore, même de la part de marques qui ont une longue histoire avec ces communautés. Par exemple, en 2017, une publicité de Dove mettait en scène une femme noire se transformant en femme blanche et une publicité de Pepsi semblait prendre à la légère les manifestations du mouvement Black Lives Matter[43]. En ligne, les influenceurs noirs gagnent habituellement moins par publication que leurs homologues blancs[44], alors que les réseaux sociaux qui s’appuient sur leur contenu permettent également aux annonceurs de les cibler dans des publicités d’une manière qui peut être discriminatoire[45], voire illégale[46].
Publicité du nettoyant pour le corps Dove, qui a été retirée en réponse aux protestations
Les groupes racialisés dans les jeux vidéo
Contrairement à d’autres médias, il n’existe pas d’industrie canadienne du jeu vidéo. Bien qu’un certain nombre d’éditeurs de jeux vidéo extrêmement prospères comme BioWare et Ubisoft soient basés au Canada, leurs produits sont créés pour le marché américain. Par conséquent, la représentation de la diversité raciale et culturelle dans les jeux vidéo ne peut être considérée que dans un contexte américain.
Les jeux vidéo ont probablement le pire bilan en matière de représentation raciale et culturelle. Alors que 87 % des adolescents noirs jouent à des jeux vidéo, soit plus que tout autre groupe démographique d’adolescents[47], seulement 2 % des développeurs de jeux sont noirs[48]. La plupart des personnages noirs des jeux vidéo se voient attribuer des rôles de second plan ou « des rôles qui renforcent les stéréotypes racistes[49] » et, lorsque les jeux proposent des personnages diversifiés, ils sont souvent réservés à des extensions complémentaires téléchargeables vendues séparément[50].
La violence est assurément fréquente dans les jeux vidéo, mais si les personnages blancs sont plus susceptibles d’être montrés en train de s’adonner à une violence fantaisiste, utilisant des épées ou des pistolets lasers contre des monstres ou des extraterrestres, les personnages de races et de cultures différentes sont beaucoup plus susceptibles de prendre part à des actes violents réalistes comme des fusillades en voiture, des agressions violentes et des bagarres entre gangs de rue[51]. Les personnages asiatiques sont encore plus stéréotypés puisqu’ils sont presque exclusivement montrés en train de pratiquer des arts martiaux. De nombreux groupes racialisés, comme les Sud-Asiatiques et les Hispaniques, sont quasi ou entièrement absents[52]. De même, les jeux vidéo sont, comme les films d’animation, l’un des rares médias où il est encore courant que des acteurs blancs incarnent des personnages non blancs[53].
C’est peut-être parce que l’industrie du jeu vidéo est en grande majorité blanche[54] qu’elle s’est souvent montrée insensible aux questions raciales. Par exemple, il a fallu 20 ans à Nintendo pour qu’il soit possible de changer la couleur de la peau d’un personnage dans le célèbre jeu Animal Crossing. Le personnage d’Alloy dans Horizon: Zero Dawn porte des dreadlocks (tresses rastas) « inappropriées et dégoûtantes[55] ». Le jeu World of Warcraft présente des personnages appelés « Pandarens », lesquels adoptent un maniérisme et portent des vêtements chinois stéréotypés[56], et Fortnite a reproduit des mouvements de danse créés par des artistes noirs sans leur en donner le crédit ni les rémunérer, « bien qu’il s’agisse du plus important phénomène au chapitre des jeux vidéo[57] ». Ian Sundstrom, un développeur de jeux vidéo indépendant, parle de ces exemples : « Lorsqu’il s’agit des jeux AAA les plus populaires dont les budgets sont énormes, il n’y a vraiment aucune excuse pour ne pas embaucher des artistes et des concepteurs noirs pour travailleur sur un jeu. Le strict minimum est de passer le temps nécessaire avec les personnes dont vous disposez afin d’ajouter ces différentes options et de permettre aux gens d’incarner un personnage qui leur ressemble[58]. »
Contrairement à d’autres médias comme la télévision et le cinéma, l’ajout de diversité dans les jeux vidéo peut représenter un défi technique, bien que l’on abuse parfois de cette excuse. Ion Hazzikostas, réalisateur de l’extension Shadowlands du jeu World of Warcraft, a expliqué pourquoi le jeu n’avait pas proposé auparavant une gamme diversifiée de caractéristiques faciales et de coiffures : « C’est en partie en raison de contraintes techniques, qui remontent à la façon dont les choses étaient faites, et du nombre de textures différentes qui pouvaient être intégrées à un modèle unique du moteur il y a 15 ans. Mais ce sont des lignes de code qui peuvent être modifiées. Et oui, la vraie question est : pourquoi ne l’avons-nous pas fait plus tôt? C’est une bonne question. Nous aurions dû le faire plus tôt, honnêtement[59]. »
Options de création de nouveaux personnages dans World of Warcraft: Shadowlands
Les groupes racialisés dans les médias sociaux
En raison de leur nature réseautée, les médias sociaux ont eu un impact mitigé sur les groupes racialisés. D’une part, la possibilité de publier du contenu en ciblant plus ou moins directement le public a permis aux communautés racialisées de contourner les gardiens associés aux médias traditionnels. Les communautés noires utilisent Twitter comme source de nouvelles[60] et ressource pour trouver des entreprises sympathiques[61], et les communautés noires et asiatiques utilisent les médias sociaux pour démontrer à des publics blancs sceptiques la réalité du racisme au Canada[62] et ailleurs[63].
Mais les réseaux sociaux sont eux-mêmes loin d’être exempts de racisme. Il existe de nombreux exemples d’utilisateurs blancs qui publient des messages racistes[64] ou s’adonnent au « blackface » (maquillage noir) numérique, en s’appropriant d’autres cultures ou en utilisant des filtres pour se donner littéralement l’apparence d’un Noir ou d’un Asiatique[65]. D’autres applications font la promotion du colorisme en encourageant les utilisateurs à éclaircir virtuellement leur peau[66]. Les algorithmes de recommandation de certaines plateformes dévalorisent les messages relatifs à des questions de justice raciale comme le mouvement Black Lives Matter[67], tandis que bon nombre de celles qui permettent aux utilisateurs de tirer des revenus de la publicité les empêchent de monétiser ces messages par mesure de « protection de la marque » afin d’empêcher les publicités d’apparaître aux côtés de « contenus controversés[68] ».
Comme dans d’autres secteurs des médias, cette situation s’explique en partie par la sous-représentation des communautés raciales : seulement 6 % des effectifs de Twitter sont noirs et 4 % le sont chez Facebook[69]. Parmi les décideurs, les chiffres sont encore plus bas. Une étude menée en 2016 auprès de 177 grandes entreprises technologiques américaines a révélé que seulement 1,4 % des cadres et des cadres supérieurs étaient noirs[70]. D’autres formes de préjugés raciaux et ethniques peuvent également limiter la participation et la représentation dans l’industrie technologique. Si les Sud-Asiatiques sont bien représentés dans la Silicon Valley, par exemple, les travailleurs des classes inférieures sont souvent victimes de discrimination et de harcèlement fondés sur la classe, et ressentent une pression pour dissimuler leur classe d’origine lorsqu’il leur est possible de le faire[71].
Pour de plus amples renseignements sur la façon de lutter contre la haine ciblant les groupes racialisés et d’autres communautés diverses, consulter notre section sur la haine en ligne.
[1] Green, M.M., Strauss, A., et Johnson, C.R. (2021). « How would kids cast themselves? » Kidscreen. Consulté à l’adresse : https://kidscreen.com/2021/06/15/how-would-kids-cast-themselves/.
[2] Mahtani, M. (2001). « Representing minorities: Canadian media and minority identities ». Études ethniques au Canada, 33(3), 99-133. [traduction]
[3] Yoon, J. (2018). « Canada’s diversity not reflected on the silver screen, say actors, screenwriters of colour ». CBC News. Consulté à l’adresse : https://www.cbc.ca/news/canada/montreal/canada-s-diversity-not-reflected-on-the-silver-screen-say-actors-screenwriters-of-colour-1.4745785. [traduction]
[4] Lopez, S. (2020). « The lack of representation in Canada’s TV and Film industry is failing BIPOC creatives ». CanCulture. Consulté à l’adresse : https://www.canculturemag.com/film/2020/12/5/yeytgw118f6qecdzxntx40ng83b1kb.
[5] Nordicity (2016). « Review of Cultural Diversity within Canadian Television Programming: Prepared for the CRTC ». Nordicity.
[6] Parris, A. (2019). « There’s never been a show about a Black female Canadian lawyer – until now ». CBC News. Consulté à l’adresse : https://www.cbc.ca/arts/there-s-never-been-a-show-about-a-black-female-canadian-lawyer-until-now-1.5043520.
[7] Weaver, J. (2021). « How Kim’s Convenience showcases the difficulties faced by diverse creators ». CBC News. Consulté à l’adresse : https://www.cbc.ca/news/entertainment/kim-s-convenience-end-diverse-1.5988267.
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[10] Dow, D. (2018). « The Never-Ending Task of Shielding Black Kids from Negative Stereoypes ». The Atlantic. Consulté à l’adresse : https://www.theatlantic.com/family/archive/2018/04/black-parents-media-stereotypes/557408/.
[11] Rosenthal, E., et autres (2020). « Change the Narrative, Change the World: How Immigration Representation on Television Moves Audiences to Action ». Define American. Consulté à l’adresse : https://defineamerican.com/research/change-the-narrative/.
[12] Mora, A.R. (2017). Seeing color and television: what do Millennials' television practices tell us about post‑raciality? (thèse de doctorat).
[13] (2020) « Normalizing Injustice: The Dangerous Misrepresentations That Define Television’s Scripted Crime Genre ». Color of Change. Consulté à l’adresse : https://hollywood.colorofchange.org/crime-tv-report/.
[14] Van Dusen, C. (2021). « Bridgerton Showrunner on Creating a Color Conscious Series ». Hollywood Reporter. Consulté à l’adresse : https://www.hollywoodreporter.com/tv/tv-news/bridgerton-showrunner-creating-color-conscious-series-guest-column-1234998873/. [traduction]
[15] Neal-Holder, P., et Powell S. (2022). « Bridgerton: South Asian faces on TV makes me happy ». BBC News. [traduction]
[16] Giorgis, H. (2021). « Most Hollywood Writers’ Rooms Look Nothing Like America ». The Atlantic.
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[18] (2020) « Being Seen on Screen: Diverse Representation and Inclusion on TV ». Nielsen. Consulté à l’adresse : https://www.nielsen.com/insights/2020/being-seen-on-screen-diverse-representation-and-inclusion-on-tv/.
[19] Giorgis, H. (2021). « Most Hollywood Writers’ Rooms Look Nothing Like America ». The Atlantic.
[20] Smith, F. (2021). « Lessons on dangers of using media to spread racial hatred and violence ». Harvard Kennedy School. Consulté à l’adresse : https://www.hks.harvard.edu/faculty-research/policy-topics/fairness-justice/lessons-dangers-using-media-spread-racial-hatred.
[21] Benchetrit, J. (2021). « West Side Story aims to improve on original’s Latino representation ». CBC News.
[22] Ahearn, V. (2016). « Canada lacks roles for people of colour, says black film fest founder ». The Toronto Star. Consulté à l’adresse : https://www.thestar.com/entertainment/2016/02/09/canada-lacks-roles-for-people-of-colour-says-black-film-fest-founder.html. [traduction]
[23] Weaver, J. (2021). « How Canada is failing its Black filmmakers ». CBC News.
[24] Yuen, N.W., et autres (2021). « The Prevalence and Portrayal of Asian and Pacific Islanders across 1,300 Popular Films ». USC Annenberg. Consulté à l’adresse : http://assets.uscannenberg.org/docs/aii_aapi-representation-across-films-2021-05-18.pdf.
[25] (2019) « United States Census American Community Survey: Detailed Race ». Consulté à l’adresse : https://data.census.gov/cedsci/table?t=Race%20and%20Ethnicity%3ATwo%20or%20More%20Races&tid=ACSDT1Y2019.B02003.
[26] Statistique Canada (sans date). « Minorités visibles (15), statut des générations (4), âge (12) et sexe (3) pour la population dans les ménages privés du Canada, provinces et territoires, régions métropolitaines de recensement et agglomérations de recensement, Recensement de 2016 – Données-échantillon (25 %) ». Consulté à l’adresse : https://www12.statcan.gc.ca/census-recensement/2016/dp-pd/dt-td/Rp-fra.cfm?TABID=2&LANG=F&A=R&APATH=3&DETAIL=0&DIM=0&FL=A&FREE=0&GC=01&GL=-1&GID=1341679&GK=1&GRP=1&O=D&PID=110531&PRID=10&PTYPE=109445&S=0&SHOWALL=0&SUB=0&Temporal=2017&THEME=120&VID=0&VNAMEE=&VNAMEF=&D1=0&D2=0&D3=0&D4=0&D5=0&D6=0.
[27] Yuen, N.W., et autres (2021). « The Prevalence and Portrayal of Asian and Pacific Islanders across 1,300 Popular Films ». USC Annenberg. Consulté à l’adresse : http://assets.uscannenberg.org/docs/aii_aapi-representation-across-films-2021-05-18.pdf.
[28] (2020) WGAW Inclusion Report. Writers Guild of America. Consulté à l’adresse : https://www.wga.org/uploadedfiles/the-guild/inclusion-and-equity/2020_WGAW_Inclusion_Report.pdf.
[29] Dixon, G. (2010). « The colour of money: Hollywood invests in Canada's ethnic diversity ». The Globe and Mail.
[30] Herold, C. (2010). « Hip Hop Songs and Black Racism ». Suite101.com: Online Magazine and Writers’ Network. Consulté à l’adresse : https://web.archive.org/web/20120522011723/http:/cathy-herold.suite101.com/hip-hop-songs-and-black-racism-a247425 [traduction]
[31] Tett, G. (2021). « Not OK, computer: music streaming’s diversity problem ». DUK News. Consulté à l’adresse : https://dailyuknews.com/business/not-ok-computer-music-streamings-diversity-problem/.
[32] Lea, T. (2021). « How Do Kids Discover New Music? » Kids Know Best. Consulté à l’adresse : https://www.kidsknowbest.co.uk/thinking/how-do-kids-discover-new-music/.
[33] Justich, K. (2020). « As dances go viral on TikTok, black content creators find they are left out of the fame ». Yahoo! Life. Consulté à l’adresse : https://www.yahoo.com/lifestyle/black-content-creators-left-out-of-viral-tiktok-fame-213642436.html.
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