Cyberintimidation

L'une des images les plus célèbres de la vie en ligne est celle d'un dessin humoristique du New Yorker qui comportait la légende suivante : « On the Internet, nobody knows you’re a dog » (sur Internet, personne ne sait que vous êtes un chien). Le dessin humoristique, publié en 1993, a eu une énorme influence sur l'image imprimée dans l'imagination de l'opinion publique quant à Internet en tant que lieu où régnait l'anonymat. Il n'a pas fallu longtemps pour que cette vision humoristique de l'anonymat prenne une tournure sombre, car les parents ont commencé à craindre que les prédateurs d'Internet utilisent cette invisibilité pour attirer leurs enfants en se faisant passer pour des filles de douze ans. Il est toutefois instructif de considérer à quand remonte la publication de ce dessin humoristique et à quel point Internet a changé depuis.

Il n'y a pas si longtemps, l'inquiétude provoquée par les prédateurs sexuels en ligne était à ce point prédominante que quiconque essayait d'attirer l'attention sur le problème de la cyberintimidation avait l'impression de parler dans le désert. Mais, ces dernières années, de nouvelles études ont non seulement tracé un portrait plus réaliste des risques de la sollicitation en ligne à des fins sexuelles, mais ont aussi sensibilisé le public à la gravité de la cyberintimidation. Malheureusement, toute l'attention médiatique maintenant dirigée vers la cyberintimidation risque de créer dans le public une perception aussi erronée et limitée que ce fut le cas pour le phénomène de prédation sexuelle sur Internet.

En 2007, la cyberintimidation a été le sujet non académique numéro un dans les écoles canadiennes. Intimider sur Internet est plus facile qu'intimider dans la réalité: on peut opérer anonymement, sans peur des représailles, et on ne voit pas les conséquences de ses actes sur autrui – comme l'a joliment exprimé mon fils : « On n'a jamais vu un ordinateur pleurer ! »