Impacts sur les jeunes

« Ils t’envoient par courriel un lien vers un site extra et tu cliques dessus et ça t’amène vers un site totalement différent qui est très dérangeant… D’abord, je clique ailleurs et si c’est vraiment sérieux, j’en parle à mes parents. Autrement, je l’ignore tout simplement. » [traduction] (Fille, Toronto, 11-12.) [1]

Nous savons que les jeunes accèdent à du contenu explicite en ligne. Nous en savons moins sur la façon dont cette exposition influence leurs attitudes et comportements. Si les enfants trouvent des renseignements exacts et appropriés à propos de la santé sexuelle ou de relations saines, alors il s’agit d’une chose positive, mais s’ils sont principalement exposés à la pornographie, alors ils pourraient plutôt recevoir des messages faussés, voire violents et déviants, sur les relations et les comportements sexuels.

De nombreuses préoccupations relatives à l’exposition des jeunes à du contenu sexuellement explicite ont été soulevées par les professionnels de la santé et d’autres intervenants. Elles comprennent la sexualité active à un âge précoce, la violence accrue ou l’abus dans les relations sexuelles, une acceptation accrue des stéréotypes sexuels et une grande obsession à l’égard de l’image corporelle. Ces préoccupations sont légitimes, mais elles ne s’appliquent pas nécessairement à tous les jeunes. Alors que la pornographie est devenue facilement disponible en ligne, par exemple, le taux de grossesse chez les jeunes a en réalité chuté de plus d’un tiers au Canada[2]. La plupart des effets qui peuvent être énoncés avec assurance (comme le faible taux d’utilisation du condom chez les hommes qui ont regardé de la pornographie[3]) s’appliquent également à l’exposition aux médias sexualisés en général[4]. Selon les recherches, certains jeunes sont plus vulnérables que d’autres pour une variété de raisons qui peuvent inclure la victimisation interpersonnelle, les problèmes de santé mentale et les comportements à risque. Une étude réalisée dans les Pays-Bas indique que la pornographie pour l’utilisateur en général ne mène pas, par exemple, à des attitudes de violence envers les femmes. Mais pour un petit groupe de personnes, la pornographie semble accroître la probabilité que ces attitudes se forment ou se développent et aussi d’agressions sexuelles[5].

Il existe également des questions sur les jeunes qui recherchent fréquemment du contenu violent coté X : une étude indique un taux six fois plus élevé de comportements sexuellement agressifs autodéclarés par les jeunes qui recherchaient ce type de contenu (par opposition à une exposition à du matériel coté X non violent, laquelle n’était pas statistiquement importante). Cependant, une revue de la littérature sur les études sur les jeunes et le contenu violent coté X indique que les preuves de ce phénomène sont incohérentes[6]. Leurs effets sur les attitudes pourraient être encore plus importants que les effets de la pornographie ou du matériel sexualisé sur le comportement des jeunes : par exemple, les adolescents qui sont plus souvent exposés à du matériel sexuellement explicite en ligne sont plus susceptibles de considérer les femmes comme des objets sexuels[7]. Blake Spence, cocréateur du programme WiseGuyz de Calgary, dit que « le scénario sur les relations sexuelles a été écrit pour les jeunes hommes : ils doivent être les agresseurs et tout est fait en fonction de leur plaisir et pas nécessairement celui de leur partenaire féminine. Ils doivent comprendre que ces messages peuvent être dommageables et qu’ils ne sont pas vraiment réalistes[8]. » [traduction] De nombreux jeunes croient eux-mêmes que la pornographie peut affecter leurs attitudes : selon une étude de la National Society for the Prevention of Cruelty to Children du Royaume-Uni, 28 pour cent des jeunes estiment qu’elle affecte la façon dont les jeunes se comportent dans une relation et 32 pour cent estiment qu’elle affecte « parfois » la façon dont les jeunes interagissent avec leurs partenaires romantiques[9].

 


[1] Steeves, Valerie. Jeunes Canadiens dans un monde branché phase III : Discuter de la vie en ligne entre parents et jeunes. Ottawa : HabiloMédias, 2012.
[2] Bielski, Zosia. « Canada’s teen birth and abortion rate drops by 39.6 percent. » The Globe and Mail, 14 mai 2012.
[3] Luder, Marie-Therese et al. « Associations between online pornography and sexual behavior among adolescents: Myth or Reality? » Archives of Sexual Behavior 40 (5) pages 1027-1035
[4] Leung, Wendy. « Porn’s negative effect on teen sexuality exaggerated, study says. » The Globe and Mail, 25 avril 2013.
[5] Duquet F., Quéniart A. Perceptions et pratiques de jeunes du secondaire face à l’hypersexualisation et à la sexualisation précoce, 2 novembre 2009. <http://www.er.uqam.ca/nobel/jeunes/rapport.recherche.texte.pdf>
[6] Hough, Andrew. « Teenagers can be corrupted by Hollywood sex scenes. » The Telegraph, 18 juillet 2012.
[7] Jochen Peter et Patti M. Valkenburg. « Adolescents’ Exposure to Sexually Explicit Internet Material and Notions of Women as Sex Objects: Assessing Causality and Underlying Processes. » Journal of Communication 59 (2009) 407–433
[8] Bielski, Zosia. « In the age of Internet porn, teaching boys to be good men. » The Globe and Mail, 21 avril 2012.
[9] Peacock, Louisa et Emma Barnett. « NSPCC: Girls think they have to act like porn stars to be liked by boys. » The Telegraph, 3 septembre 2013.