Carrières des femmes dans les médias

Depuis les années 1960, les féministes font valoir qu'il « importe de savoir qui a du succès ». En ce qui a trait aux médias de masse, ce sont les hommes qui continuent de « réussir ».

Les femmes qui travaillent dans les médias font des percées : une étude réalisée en 2019 a révélé que les femmes représentent 41,7 % du personnel des salles de presse américaines[1]. Aussi, des études menées par l’International Women’s Media Foundation sur les organisations journalistiques canadiennes ont montré que les femmes occupent 45,5 % des postes de haut niveau en journalisme. Cependant, ce chiffre chute assez radicalement quant au nombre de femmes occupant des postes de PDG et de cadres supérieurs (seulement 39,4 % au Canada), montrant ainsi que les femmes atteignent un « plafond de verre » : même si les femmes représentent 58 % des rédacteurs de niveau inférieur, ce chiffre diminue au fur et à mesure qu’elles prennent de l’expérience dans leur travail, montrant à quel point les emplois de haut niveau sont dominés par les hommes[2]. Ce plafond de verre peut aussi être observé à l’échelle internationale : seulement 23 % des organes de presse du Royaume-Uni, des États-Unis, du Brésil, du Japon et de l’Allemagne ont une rédactrice en chef féminine[3].

Les femmes sont encore moins nombreuses à participer au secteur des médias de divertissement. En 2022, les femmes ne représentaient que 22 % du talent créatif derrière les cent films hollywoodiens les plus rentables (11 % des réalisateurs, 19 % des scénaristes, 31 % des producteurs, 21% des éditeurs et 7 % des directeurs de la photographie)[4]. Dans l’industrie de l’animation axée sur les jeunes, les femmes représentent 13 % des réalisateurs à la télévision et seulement 3 % au cinéma[5]. Alors que la part des rôles clés en production (écriture, réalisation et cinématographie) occupés par des femmes à la télévision canadienne a presque triplé entre 2014 et 2017, ce chiffre ne représente encore qu’une hausse de 11 à 28 %[6]. En outre, lorsque des femmes réalisent des films, elles sont beaucoup plus susceptibles de n’en faire qu’un seul[7], peut-être parce que le genre de la femme est plus susceptible d’être condamné pour l’échec d’un film que celui de l’homme[8].

Une étude réalisée en 2020 suggérait certaines tendances positives : « en début de carrière, les taux d’avancement des femmes sont supérieurs à ceux des hommes » et « les personnes interrogées travaillant aux ressources humaines dans le secteur des médias ont dit que leur entreprise était déterminée à atteindre une plus grande parité entre les sexes », 93 % ayant déclaré qu’il s’agissait d’une priorité au sein de leur organisation. Bien que les femmes représentent 49 % de la main-d’œuvre totale dans l’industrie des médias et du divertissement, tout comme le journalisme, elles demeurent concentrées dans les postes de premier échelon[9].

Que les femmes participent ou non en arrière-scène, des effets d’entraînement sont observables à l’écran : lorsque au moins un des scénaristes d’un film est une femme, le nombre de personnages féminins passe de 30 à 40 %. À la télévision, peut-être en raison de l’approche plus collaborative de la « salle de rédaction » adoptée dans l’industrie, la présence des femmes au sein du personnel de rédaction a un effet beaucoup plus faible, faisant passer le nombre de personnages féminins de 39 à 43 %[10]. Ce n’est pas un hasard si des scénaristes en chef comme Quinta Brunson, Rebecca Sugar et Noelle Stevenson sont à l’origine d’émissions qui ont élargi l’éventail de rôles féminins et ouvert la voie à la représentation des relations homosexuelles à la télévision pour enfants.

« Les réalisateurs masculins dépeignent souvent les femmes dans leurs films simplement comme des intérêts amoureux qui ne servent qu’à aider le héros masculin. Mais lorsque les femmes ont l’occasion de réaliser un film, les représentations des relations entre les hommes et les femmes sont souvent plus équilibrées[11]. »

Les femmes et la technologie

Bien qu’il y ait eu plusieurs femmes cadres de haut niveau dans l’industrie des technologies numériques, les dernières années ont été marquées par un exode des femmes de ces postes. De Marissa Mayer, qui a quitté Yahoo en 2017, à Susan Wojcicki, qui quittera son poste de PDG de YouTube en 2023, de nombreuses femmes très en vue ont récemment quitté leur poste dans le secteur des technologies. Elles ont été remplacées par des hommes dans chaque cas[12]. Bien que chaque femme ait quitté son poste dans des conditions propres à sa situation, cet exode de femmes dirigeantes à un moment où les entreprises technologiques font face à des conditions de marché difficiles soulève une question : les femmes occupant des postes de direction doivent-elles faire face à des pressions particulières?

Écart salarial

La question de l’écart salarial entre les genres est également un problème auquel les femmes doivent faire face dans leur milieu de travail. En 2018, les femmes canadiennes âgées de 25 à 54 ans gagnaient en moyenne 13,3 % de moins que les hommes, soit 0,87 $ pour chaque dollar[13]. Bien que les données ne soient pas divisées par secteur de l’économie, des recherches américaines ont montré que l’écart salarial est particulièrement important dans l’industrie des médias[14].


[1] Women’s Media Center (2019) The Status of women in the U.S. Media 2019. Retrieved from https://tools.womensmediacenter.com/page/-/WMCStatusofWomeninUSMedia2019.pdf

[2] Azrak, L. (2018) Women journalists and the glass ceiling. The Canadian Journalism Project. Retrieved from https://j-source.ca/article/women-journalists-and-the-glass-ceiling/

[3] Nilsoon, P. (2020) women struggle to reach the top in global news outlets. Financial Times. Retrieved from https://www.ft.com/content/e936c42e-5fba-11ea-8033-fa40a0d65a98

[4] Lauzen, Martha (2020) The Celluloid Ceiling: Behind-the-Scenes Employment of Women on the Top 250 Films of 2019.

[5] Smith, Dr. Stacy L. et al. (2019) Increasing Inclusion in Animation: Investigating Opportunities, Challenges and the Classroom to the C-Suite Pipeline. (Rep.) USC Annenberg/Women in Animation

[6] Friend, David. “Women make strides in TV film production, but some are being left behind.” Canadian Press, May 15 2019.

[7] Sun, Rebecca. “Study Finds 80 Percent of Female Directors Made Only One Movie in 10 Years.” The Hollywood Reporter, February 1 2017.

[8] Mendelson, Scott. “The Box Office Failure of Olivia Wilde’s ‘Booksmart’ is a Sadly Predictable Tragedy.” Forbes, May 27 2019. Retrieved from https://www.forbes.com/sites/scottmendelson/2019/05/27/booksmart-olivia-wilde-box-office-netflix-ghostbusters-avengers-aladdin-netflix-disney-fox/#6de6df86249c

[9] Beard, L et al (2020). Shattering the glass screen. McKinsey and Company. Retrieved from https://www.mckinsey.com/industries/technology-media-and-telecommunications/our-insights/shattering-the-glass-screen#

[10] The Writers’ Union (2018). Gender Inequality and Screenwriters. Retrieved from https://writersguild.org.uk/wp-content/uploads/2018/05/WGGB-Gender-Inequality-and-Screenwriters-Report.pdf

[11] Nath, I (2017) A director’s take on why we need more women behind the camera. Flare. Retrieved from https://web.archive.org/web/20220703212035/https://www.flare.com/tv-movies/wonder-woman-female-director/

[12] Thorbecke, C. (2023) A generation of high-profile women tech leaders have stepped aside. What's next? CTV News. https://www.ctvnews.ca/business/a-generation-of-high-profile-women-tech-leaders-have-stepped-aside-what-s-next-1.6288076

[13] Pelletier, Rachelle and Martha Patterson. The Gender Wage Gap in Canada: 1998 to 2018. Statistics Canada, October 11 2019. Retrieved from https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/75-004-m/75-004-m2019004-eng.htm

[14] Chamberlain, Andrew, Daniel Zhao and Amanda Stansell. (2019) (Rep.) Progress on the Gender Pay Gap: 2019. Retrieved from <https://www.glassdoor.com/research/gender-pay-gap-2019/>