Représentation de la religion dans les médias - Vue d'ensemble

Les enseignants des médias Anita Day et Guy Golan ont constaté une tension grandissante, depuis les années 1990, entre gens de foi et organes de presse [1]. Les médias et la religion sont deux concepts difficiles à concilier : la religion est souvent déformée dans les médias pour une multitude de raisons, que ce soit par fausses convictions ou par la dramatisation de la religion pour vendre des journaux ou attirer des téléspectateurs.

Les stéréotypes sur la religion envahissent toutes les formes de médias et tous les types de religions, allant des représentations de religions orientales dans les films Kung Fu Panda et Avatar : Le dernier maître de l’air englobant différentes confessions comme le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme en une même tradition « mystique » aux représentations vivantes du christianisme comme dans Le Da Vinci Code. En même temps, de nombreux groupes religieux considèrent les médias comme étant profanes par nature et les nouveaux médias comme une menace aux religions traditionnelles [2].

Il faut donc être conscient des façons dont les organes de presse stéréotypent la religion ainsi que les questions religieuses les plus courantes abordées dans les médias contemporains. Le christianisme, le judaïsme et l’islam sont trois religions faisant fréquemment l’objet de reportages dans les médias canadiens. Plus de 70 pour cent des Canadiens déclarent pratiquer une religion chrétienne ; un pourcentage significatif de Canadiens se définissent pour leur part comme musulmans ou juifs [3]. En outre, les reportages sur l’islam ont augmenté considérablement au Canada après les attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center.

Le paysage médiatique canadien est très restreint, et de nombreuses religions font face à un manque ou à une absence totale de représentation dans les médias. Les Canadiens qui ne pratiquent aucune religion en particulier ou qui se définissent eux-mêmes comme athées ou agnostiques – approximativement 16 pour cent de la population canadienne [4] – sont également sous-représentés dans les médias. Quand on parle d’eux, ils sont souvent dépeints comme des êtres agressifs, fanatiques et insensibles [5]. Il n’y a pratiquement aucun reportage sur les bouddhistes et les hindous même si ces communautés comptent approximativement chacune le même nombre de fidèles que la communauté juive au Canada. La faible couverture consacrée à la communauté sikhe porte presque exclusivement sur des questions d’accommodements (le port du kirpan, par exemple) ou de violence (l’enquête sur l’attentat à la bombe contre le vol d’Air India). Puisque le christianisme, le judaïsme et l’islam sont les trois religions occupant le plus de place dans les médias canadiens, les sections suivantes exploreront les questions liées à la façon dont ces croyances y sont représentées. Toutefois, puisque nombre de ces questions s’appliquent à toutes les croyances, ces sections peuvent aider les personnes de n’importe quelle confession à mieux comprendre les façons complexes dont la religion est abordée.

 


[1] Day, A., & Golan, G. (2010). In God we trust: religiosity as a predictor of perceptions of media trust, factuality and privacy invasion. American Behavioural Scientist, 54(2), 120-136.
[2] Draper, S., & Park, J. Z. (2010). Sunday celluloid: visual media and Protestant boundaries with secular culture. Sociological Spectrum, 30(4), 433-458; Engelke, M. (2010). Religion and the media turn: a review essay. American Ethnologist, 37(2), 371-379.
[3] Statistics Canada. (2001). Religions in Canada. Accéder : 4 janvier 2011. http://www12.statcan.ca/english/census01/products/highlight/religion/
Page.cfm?Lang=E&Geo=PR&View=1a&Code=01&Table=1&StartRec=1&
Sort=2&B1=Canada&B2=1
[4] Statistics Canada, 2001.
[5] Goldberg, R. T. (2010). Counterpublics and media policing: Atheism and the challenge to public sphere boundaries. Dissertation Abstracts International, 70(9).