La diversité raciale et culturelle dans la salle de presse
Lorsque des personnes racialisées sont embauchées pour travailler dans les salles de presse, elles font souvent face à des difficultés que les journalistes blancs ne rencontrent pas nécessairement. Tanya Talaga, auteure anishinaabe et journaliste au Toronto Star, soutient que les médias d’information canadiens « refusent systématiquement l’accès à l’emploi, à l’avancement, aux postes permanents et aux libertés créatives aux journalistes de couleur, ce qui en pousse plusieurs à démissionner[2] ».
Soraya Roberts, journaliste de couleur, explique qu’au cours de ses 13 années de carrière dans les médias d’information canadiens, jamais un poste à temps plein dans une grande entreprise médiatique ne lui a été proposé. Selon elle, « les journalistes de couleur sont isolés dans des espaces médiatiques multiculturels ou de plus petites publications où ils défendent constamment la diversité et en sont le symbole dans leur milieu de travail[3] ». L’étude de 2021 de l’Association canadienne des journalistes a révélé que cette situation prévalait dans l’ensemble de l’industrie canadienne de l’information : 84 % des journalistes blancs travaillent à temps plein, contre 64 % des journalistes noirs[4].
Certains sous-domaines de l’information, comme le journaliste sportif, peuvent avoir des taux de représentation encore plus faibles. Savanna Hamilton, animatrice de l’émission Raptors Today, estime qu’il n’y a que deux femmes noires au Canada qui travaillent à temps plein sur les ondes dans le domaine des sports[5].
Un manque de diversité dans la salle de presse peut également éroder la confiance des communautés sous-représentées à l’égard des organes de presse. Une étude américaine a révélé que l’embauche d’un plus grand nombre de journalistes noirs, l’établissement de liens avec les communautés noires et la diversification des perceptions des journalistes à l’égard des Noirs constituaient des stratégies clés pour regagner la confiance du public noir[6].
Les animateurs de l’émission The National à CBC en 2022 : Rosemary Barton, Andrew Chang, Adrienne Arsenault et Ian Hanomansing
Comme l’a dit Angela Steritt, de CBC Vancouver, « si les Noirs, les Autochtones et les personnes de couleur ne travaillent pas comme journalistes, producteurs, animateurs et gestionnaires, nous tournons le dos non seulement à notre public, mais aussi à nos communautés qui ont souvent été effacées de notre couverture, biaisées dans notre couverture ou pire, les médias ont en fait perpétué le racisme au Canada[7] ».
[1] (2021) Canadian Newsroom Diversity Survey. Association canadienne des journalistes. Consulté à l’adresse : https://caj.ca/programs/diversity-survey/current-survey/.
[2] Kwak, A. (2020). « The Colour of Canadian Media ». The McGill International Review. Consulté à l’adresse : https://www.mironline.ca/the-colour-of-canadian-media/. [traduction]
[3] Ibidem. [traduction]
[4] (2021) Canadian Newsroom Diversity Survey. Association canadienne des journalistes. Consulté à l’adresse : https://caj.ca/programs/diversity-survey/current-survey/.
[5] Flores-Chan, C. (2021). « Levelling the playing field in Canadian sports media ». J-Source. Consulté à l’adresse : https://j-source.ca/levelling-the-playing-field-for-racialized-women-in-sports-media/.
[6] Kilgo, D.K., Wilner, T., Masullo, G.M., et Bennett, L.K. (2020). « News Distrust among Black Americans Is a Fixable Problem ». Center for Media Engagement. Consulté à l’adresse : https://mediaengagement.org/research/news-distrust-among-black-americans/.
[7] (2020) « Breaking News: Canadian Media Fails to Represent – A Multimedia Recap ». Université Simon-Fraser. Consulté à l’adresse : https://www.sfu.ca/publicsquare/events/2020/breaking-news.html. [traduction]