Une étude révèle que seulement 10 % des jeunes Canadiens interviennent lorsqu’ils sont témoins d’incidents haineux en ligne

Les plateformes et les parents ont des rôles cruciaux à jouer pour changer les cultures de la  haine pour les jeunes en ligne.

OTTAWA, 29 mai 2019 – Selon une nouvelle étude de recherche menée par HabiloMédias, le centre canadien d’éducation aux médias et de littératie numérique, même si les jeunes Canadiens estiment qu’il est important de s’opposer lorsqu’ils sont témoins de haine en ligne, seulement 10 % d’entre eux le font fréquemment.

Réalisé auprès de 1 000 jeunes Canadiens âgés de 12 à 16 ans, le sondage national avait pour but d’examiner les attitudes et les expériences des jeunes quant aux préjudices fortuits qu’ils rencontrent sur les plateformes virtuelles, allant des insultes homophobes dans les communautés de jeux aux mèmes racistes dans les médias sociaux.

Les jeunes interrogés ont dit qu’ils n’intervenaient généralement pas parce qu’ils ne savaient pas quoi faire pour faire une différence, alors que 70 % d’entre eux ont dit qu’ils seraient plus susceptibles de s’opposer si les plateformes établissaient des outils et des règles clairs pour signaler ces comportements.

« Je ne crois pas que de dire quoi que ce soit en ligne fera une différence », a dit l’un des répondants. Selon un autre répondant : « C’est difficile de prendre position. Je me sens immédiatement à part. »

Lorsque les jeunes s’opposent à la haine en ligne, les deux principales méthodes privilégiées sont les suivantes :

  • arrêter de communiquer avec la personne responsable ou la bloquer;
  • en parler à leurs parents.

« Plus les jeunes se sentent habilités à s’opposer à la haine en ligne, plus les autres vont suivre leur exemple, a indiqué Kara Brisson-Boivin, directrice de la recherche chez HabiloMédias. Inversement, lorsque la situation est présentée comme un consensus, les jeunes pourraient croire que le fait d’intervenir est une réaction exagérée, et il est ensuite plus difficile pour eux de se faire entendre. C’est un cercle vicieux. La bonne nouvelle est qu’on peut le transformer en un cercle vertueux grâce aux bons outils et à l’éducation. »

Financée par le Fonds pour la résilience communautaire de Sécurité publique Canada, la recherche renforce l’importance du rôle des parents et des éducateurs. Ils doivent être prêts à encourager les jeunes à s’opposer aux préjudices fortuits en ligne de façon sécuritaire et respectueuse. L’étude démontre également la nécessité d’offrir  aux utilisateurs des règles de conduite claires et des outils de signalement conviviaux.

L’étude a révélé ce qui suit.

Les jeunes sont affectés par la haine en ligne.

  • La plupart des jeunes ont été témoins de préjudices fortuits en ligne au moins à quelques reprises.
  • Dans l’ensemble, 70 % des jeunes disent que les préjudices fortuits sont blessants, et 80 % d’entre eux disent qu’il est important de faire quelque chose pour intervenir.
  • Les préjudices fortuits sont plus fréquents que les adultes le pensent. Un répondant a dit : « Je ne pense pas que les adultes savent véritablement à quel point les enfants souffrent de cette situation. »

Les jeunes vivent des préjudices fortuits sur les plateformes qu’ils utilisent régulièrement.

  • Twitter, Facebook, Snapchat, Instagram et YouTube étaient les cinq principales plateformes nommées sur lesquelles les jeunes sont témoins de préjudices fortuits ou y participent.
  • Tous (100 %) les jeunes qui utilisent Facebook ont observé de la haine sur leur fil d’actualités à un moment ou à un autre.

Les jeunes sont influencés par leurs pairs lorsqu’ils décident de la façon d’intervenir.

  • Les jeunes étaient plus susceptibles d’intervenir si quelqu’un qu’ils connaissent leur disait qu’un incident l’avait blessé (70 %), si quelqu’un s’y était déjà opposé (60 %), ou s’ils croyaient que la plupart des gens étaient d’accord avec eux (60 %).

Les adultes et les éducateurs de confiance peuvent faire une différence.

  • Parler à leurs parents ou tuteurs arrivait au deuxième rang des réponses les plus populaires chez les jeunes qui font face à de la haine en ligne.
  • Les jeunes s’inspirent du comportement des adultes Ils observent si les adultes prennent part à des débats sains des débats sains ou s’ils exercent une citoyenneté numérique éthique Ils ont vu des adultes participer à des incidents haineux en ligne : « Les adultes le font aussi et les enfants le voient […] comme un exemple. »
  • Un des jeunes a dit : « J’aurais aimé en avoir appris davantage à l’école sur le préjudice fortuit […] Je pense que la plupart des adolescents ne savent pas qu’ils causent un préjudice lorsqu’ils s’expriment en ligne. »

« Ces recherches fournissent un aperçu indispensable de la façon dont les jeunes vivent les cultures de la haine  sur Internet en offrant des comptes rendus de première main, a mentionné Kara Brisson-Boivin. Les résultats de cette étude représentent un appel à l’action pour les parents, les éducateurs, les décideurs politiques et les développeurs de plateformes afin d’habiliter les jeunes Canadiens à s’opposer à la haine en ligne. »

« Les jeunes ont le pouvoir de changer la culture d’Internet en s’opposant aux incidents haineux lorsqu’ils en sont témoins, a déclaré l’honorable Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile. Le gouvernement du Canada est fier d’appuyer la recherche sur les expériences virtuelles des jeunes Canadiens, laquelle permet de réunir les preuves nécessaires pour aider les jeunes à prévenir et à confronter la propagation de la haine et de la violence sur Internet. »

HabiloMédias a dressé une liste de recommandations à l’intention des plateformes, disponible ici.

Pour de plus amples renseignements et pour consulter le rapport de recherche intégral, cliquez ici.

Nous encourageons les parents à parler à leurs enfants des façons dont ils peuvent contribuer à un environnement virtuel positif en s’opposant lorsqu’ils sont témoins d’incidents haineux en ligne. HabiloMédias offre des fiches-conseils et des guides sur son site Web pour aider les parents à guider ces conversations.

À propos de HabiloMédias

HabiloMédias est le centre national bilingue sans but lucratif d’éducation aux médias et de littératie numérique. Depuis les 25 dernières années, HabiloMédias offre des programmes pour avancer l’éducation aux médias et la littératie numérique dans les écoles, les foyers et les communautés du Canada. Il fournit des ressources et des programmes de grande qualité en matière d’éducation aux médias et de littératie numérique, et mène des recherches cruciales qui contribuent à l’élaboration de politiques publiques éclairées au sujet des médias.

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