Maintenir le rythme des enfants dans un monde sans fil
Par Samantha McAleese, associée de recherche chez HabiloMédias et
David Fowler, vice-président en marketing et communications de l’ACEI.


Par Samantha McAleese, associée de recherche chez HabiloMédias et
David Fowler, vice-président en marketing et communications de l’ACEI.


Les jeunes d’aujourd’hui adorent Internet. Qu’ils le fréquentent dans un but éducatif, social ou ludique, ils y trouvent toujours quelque chose de nouveau et d’excitant à voir et à faire

Peu de questions reflètent notre anxiété concernant les jeunes et les médias sociaux comme le sextage. Comme pour les technologies qui remontent au moins au télégraphe, une grande partie de cette anxiété concerne précisément les filles et les femmes, ce qui est logique dans une certaine mesure : bien que les garçons et les filles envoient des sextos à peu près dans les mêmes proportions et que les sextos envoyés par les garçons soient plus susceptibles d’être transférés, il est vrai que la société désapprouve davantage les filles qui envoient des sextos et, par conséquent, que le tort qui leur est fait est plus grand lorsque des sextos qu’elles ont envoyés rejoignent un public plus élargi que prévu.

Noël approche, c'est donc l'époque de l'année où beaucoup s'apprêtent à célébrer le Dieu de la consommation.

Le sectarisme, sous ses diverses formes, est présent depuis longtemps, au moins depuis que les Grecques ont inventé le terme « barbare » pour signifier « toute personne qui ne fait pas partie de notre groupe » et probablement depuis encore plus longtemps. Il n’est donc pas surprenant que le racisme, le sexisme et les autres préjudices se soient frayé un chemin sur Internet. Le nouveau rapport de HabiloMédias intitulé Jeunes Canadiens dans un monde branché : Contenu raciste et sexiste en ligne examine la fréquence à laquelle les jeunes sont exposés aux préjudices, comment ils se sentent face à ceux-ci et comment ils y réagissent.

Alors qu’Internet est de plus en plus central dans nos vies, nos identités en ligne et hors ligne sont de moins en moins indissociables. Alors qu’Internet était autrefois un endroit où personne ne savait qui nous étions et où nous vivions une « deuxième vie » sous un avatar personnalisable, nous naviguons aujourd’hui le Web surtout sous notre véritable visage.

Huit ans, c’est long quand il s’agit d’Internet. Entre 2005, moment où HabiloMédias publiait la phase II de notre étude Jeunes Canadiens dans un monde branché, et 2013, lorsque nous avons réalisé le sondage national des élèves pour la phase III, Internet a connu une énorme transformation : les vidéos en ligne, auparavant lentes et pleines de bogues, sont devenues l’une des activités les plus populaires sur le Web, tandis que le réseautage social est maintenant largement répandu tant chez les adultes que chez les jeunes. Les expériences vécues en ligne par les jeunes ayant également changé, nous avons interrogé 5 436 élèves canadiens de la 4e à la 11e année, dans des classes de chaque province et territoire, afin de découvrir comment.

Quoiqu’en pensent les adultes, le respect de la vie privée compte aux yeux de nos jeunes. Mais plusieurs d’entre eux découvrent au fil du temps que leurs activités en ligne sont surveillées de près – par leurs parents, leurs enseignants et l’industrie. Une directrice d’école secondaire se crée un faux profil sur une page Facebook et ajoute, comme ami-e-s, plus de 300 élèves de son école ; la direction d’une école secondaire du Texas songe à émettre des cartes d’identité munies de puces électroniques que les élèves devront obligatoirement porter sur eux en tout temps ; dans une école de l’Indiana, un élève du secondaire est explusé après qu’un tweet profane (envoyé au milieu de la nuit à partir de l’ordinateur personnel de cet élève) dénonce le système de surveillance ayant cours dans son école.

Les jeunes se soucient-ils de leur vie privée? Les participants à des groupes de discussion de HabiloMédias en 2012 nous ont dit qu’ils se souciaient grandement de leur vie privée, même s’ils participent activement à des plateformes et à des activités que les adultes considèrent comme étant seulement des sites de partage et de diffusion. En examinant les conclusions de notre étude Jeunes Canadiens dans un monde branché réalisée auprès de plus de 5 000 élèves des provinces et des territoires du Canada, nous pouvons maintenant commencer à comprendre cette contradiction : les jeunes ne se soucient peut-être pas de notre définition de la vie privée, mais ils veulent avoir le contrôle, le contrôle de ceux qui peuvent voir leurs publications, de ceux qui peuvent savoir où ils se trouvent et, surtout, de la façon dont les autres les perçoivent.

Depuis plus de 25 ans, les enseignants canadiens encouragent les élèves à aller en ligne et les préparent à utiliser Internet de façon sécuritaire, intelligente et responsable. Grâce au programme Rescol des années 1990, de nombreux jeunes canadiens ont eu leurs premières expériences des technologies réseautées dans les classes et les bibliothèques des écoles.