Utilisation excessive d'Internet - Aperçu

On ne voit pas toujours le temps passer quand on est en ligne et il en va de même pour les jeunes. Il est facile de comprendre qu’entre faire de la recherche pour les devoirs, parler aux amis, mettre à jour leurs réseaux sociaux et jouer des jeux, les enfants et les adolescents peuvent perdre la notion du temps.

Les recherches de HabiloMédias montrent que les jeunes Canadiens passent en moyenne une à deux heures par jour sur des appareils numériques la semaine (sans compter le temps passé à les utiliser pour les travaux scolaires) et plus de trois heures par jour la fin de semaine[1]. Le temps d’écran moyen en semaine se situe donc juste dans la fourchette recommandée par le Groupe de travail sur la santé numérique de la Société canadienne de pédiatrie, ce qui n’est pas le cas du temps d’écran la fin de semaine[2]. Il est toutefois prouvé que le temps d’écran excessif en semaine est associé à un certain nombre de risques et d’expériences négatives, comme le fait d’être témoin de méchanceté et de cruauté en ligne ou de s’y adonner, mais qu’il n’y a que peu ou pas de lien entre ces éléments et le temps d’écran la fin de semaine[3].

Alors que les recherches suggèrent que nous soyons vigilants au sujet du temps d’écran, elles démontrent aussi que ce que font nos enfants sur ces appareils est tout aussi important que le temps qu’ils passent à le faire, et que le message que nous envoyons par nos propres comportements en dit tout aussi long que nos paroles.

L’utilisation des écrans peut être positive ou négative

Alors qu’un temps d’écran très élevé est lié à un piètre bien-être mental, un temps d’écran très peu élevé l’est également, tout comme les vastes fenêtres de temps qui n’ont aucun lien direct avec le bien‑être.[4]

Toutefois, la plupart des recherches révèlent que le temps d’écran est moins important que l’utilisation qu’ils en font, et que « les technologies numériques peuvent avoir à la fois des effets positifs et négatifs sur le bien-être des enfants, en fonction de l’activité exercée et du temps qui y est consacré ».[5] Aussi, les différentes activités à l’écran peuvent avoir des impacts négatifs ou positifs sur différents enfants, ou encore sur le même enfant à différents âges ou périodes de leur vie.

Comment l’utilisation des écrans peut nuire au bien-être mental

Les écrans peuvent nuire au bien-être mental puisqu’ils ont clairement un impact sur le sommeil. Un grand nombre de jeunes utilisent des appareils numériques dans leur chambre après être allés au lit et sont souvent réveillés par des textos et des notifications[6], ce qui signifie un sommeil moindre et perturbé[7], entraînant ainsi des impacts négatifs sur le bien-être mental général et le développement du cerveau.[8] Malheureusement, près de la moitié des enfants canadiens utilisent fréquemment un appareil à écran après être allés au lit la plupart des soirs[9]. Outre son impact sur le sommeil, les jeunes qui gardent leur téléphone dans leur chambre sont plus susceptibles d’être victimes, témoins et auteurs de méchanceté et de cruauté en ligne[10], et de voir des contenus racistes ou sexistes en ligne[11]. Le sondage de HabiloMédias Jeunes Canadiens dans un monde branché révèle que tous les jeunes interrogés qui avaient envoyé un sexto gardaient également leur téléphone dans leur chambre la nuit (toutefois, il faut noter que seul un petit nombre [12 %] des plus jeunes qui gardaient leur téléphone dans leur chambre à coucher avaient envoyé un sexto[12]).

L’utilisation des écrans est plus susceptible de causer des problèmes lorsqu’elle répond à un besoin qui n’est pas comblé ailleurs, ou qui est plus facile à satisfaire au moyen d’appareils numériques. L’un des problèmes les plus fréquents associés aux téléphones intelligents, par exemple, est l’anxiété causée par la peur de rater ce que font ou disent leurs amis sur les médias sociaux. Ce que veulent vraiment ces jeunes : une relation avec leurs amis et le sentiment de faire partie de leur vie, ce qu’offrent les médias sociaux.[13] Ainsi, un téléphone intelligent n’est pas très différent de celui que bon nombre d’entre nous utilisions pendant des heures lorsque nous étions adolescents, mais il existe tout de même des différences importantes : les réseaux sociaux représentent un « réseau convivial » où des messages d’amis pourraient apparaître à tout moment. Lorsque les jeunes ont des problèmes avec les jeux vidéo, c’est souvent parce que les jeux leur offrent quelque chose, comme une amitié, un sentiment de maîtrise et d’accomplissement, qu’ils ne peuvent pas obtenir, ou obtenir aussi facilement, dans d’autres parties de leur vie.

Selon certaines données sur l’utilisation des écrans, il peut devenir difficile pour les enfants de gérer leurs émotions, en partie parce que les communications numériques n’offrent pas de manifestations émotionnelles et aussi parce que les adolescents utilisent parfois les médias numériques pour fuir des situations émotionnelles déplaisantes.[14]

Utilisation des écrans et enfants vulnérables

Les impacts négatifs de l’utilisation des écrans sont plus forts sur les enfants vulnérables, mais les impacts positifs le sont tout autant. Les adolescents qui indiquent ne pas avoir un bon bien-être mental sont plus susceptibles de dire qu’ils se sentent mal si personne n’aime ou ne commente leurs publications, de dire qu’ils se sentent rejetés après avoir vu des publications de leurs amis, et d’avoir eu de mauvaises expériences en général sur les médias sociaux. Toutefois, ces mêmes jeunes sont plus susceptibles de dire que les médias sociaux ont un impact positif global sur eux, qu’ils se sentent mieux dans leur peau, et qu’ils se sentent moins seuls. [15]

Les médias sociaux et les jeux peuvent être une bouée de sauvetage pour les jeunes vulnérables, mais peuvent avoir un impact négatif démesuré sur eux également. Comme pour d’autres parties de la vie de ces jeunes, les parents des jeunes vulnérables doivent participer étroitement à la vie numérique de leurs enfants et s’assurer qu’ils soutiennent les aspects positifs tout en les aidant à gérer les mauvais côtés.

Ce que disent les jeunes sur le temps d’écran

Les études qui ont demandé aux jeunes ce qu’ils pensent de l’utilisation des écrans estiment en général qu’elle a un impact plus positif que négatif sur eux. À leur avis, les avantages sont nombreux : ils se sentent moins seuls[16], ils peuvent se faire de nouveaux amis et rester en contact avec leurs amis actuels et leur famille[17], et ils peuvent obtenir des services de soutien et de santé.[18]

Cependant, les adolescents disent souvent que l’utilisation des écrans a aussi des impacts négatifs, surtout sur les autres adolescents[19] et leurs propres parents.[20] Bon nombre de jeunes ont pris au moins certaines mesures pour gérer leur utilisation des écrans, comme tenter de limiter le temps qu’ils passent sur les médias sociaux ou à jouer à des jeux vidéo. [21]

Les jeunes Canadiens ont des opinions contradictoires en ce qui concerne l’utilisation de leurs appareils. Un peu moins de la moitié d’entre eux s’inquiètent parfois de passer trop de temps en ligne. Cependant, les jeunes qui s’inquiètent de passer trop de temps en ligne déclarent essentiellement les mêmes niveaux de temps d’écran que ceux qui ne s’en inquiètent pas, ce qui suggère que cette inquiétude n’entraîne pas de changements significatifs dans le comportement[22]. Toutefois, il est possible que ces inquiétudes soient liées non pas au temps que les jeunes passent en ligne, mais à ce qu’ils vivent pendant ce temps : par exemple, les jeunes qui ont été victimes ou auteurs de méchanceté et de cruauté en ligne étaient plus susceptibles de s’inquiéter de passer trop de temps en ligne[23], tout comme ceux qui ont envoyé des sextos[24].

Alors que les jeunes reconnaissent souvent qu’ils ont de la difficulté à gérer leur utilisation des écrans, plusieurs reçoivent des messages de leurs parents : les parents disent passer trop de temps sur leurs téléphones intelligents, et 68 % d’entre eux déclarent être distraits par leur téléphone lorsqu’ils passent du temps avec leurs enfants[25]. Lorsque nous demandons aux jeunes quelles règles leurs parents devraient suivre sur le temps d’écran, ils sont d’avis que les parents devraient déposer leur téléphone lorsque leur enfant essaye de leur dire quelque chose d’important, ne pas passer tout leur temps libre sur des appareils, et de prêcher par l’exemple. [26]

[1] HabiloMédias. (2022). « Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La vie en ligne. » HabiloMédias. Ottawa.

[2] Ponti, M., & Canadian Pediatric Society Digital Health Task Force. (2022) Screen time and preschool children: Promoting health and development in a digital world. https://cps.ca/en/documents/position/screen-time-and-preschool-children

[3] HabiloMédias. (2023). « Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La méchanceté et la cruauté en ligne. » HabiloMédias. Ottawa.

[4] Przybylski, Andrew K., et Netta Weinstein. «A Large-Scale Test of the Goldilocks Hypothesis. » Psychological Science, vol. 28, no. 2, 2017, pp. 204–215., doi:10.1177/0956797616678438.

[5] Kardefelt-Winther, D. (2017) How does the time children spend using digital technology impact their mental well-being, social relationships and physical activity? An evidence-focused literature review. UNICEF Office of Research [traduction]

[6] Karsay, K., Schmuck, D., Stevic, A. & Matthes, J. (2022) « Sleeping with the smartphone: a panel study investigating parental mediation, adolescents’ tiredness, and physical well-being. » Behaviour & Information Technology. DOI: https://doi.org/10.1080/0144929X.2022.2100277

[7] Karsay, K., Schmuck, D., Stevic, A., & Matthes, J. (2022). « Sleeping with the smartphone: a panel study investigating parental mediation, adolescents’ tiredness, and physical well-being. »Behaviour & Information Technology, 1-12.

[8] Cramer, C & Inkster B. (2017) « #StatusOfMind: Social media and young people’s mental health and wellbeing. » Status of Mind, Royal Society for Public Health.

[9] HabiloMédias. (2022). « Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La vie en ligne. » HabiloMédias. Ottawa.

[10] HabiloMédias. (2023). « Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La méchanceté et la cruauté en ligne. » HabiloMédias. Ottawa.

[11] HabiloMédias. (2022). « Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : Le contenu préjudiciable et malaisant en ligne. » HabiloMédias. Ottawa.

[12] HabiloMédias. (2023). « Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : Les relations et la technologie – Le sextage. » HabiloMédias. Ottawa.

[13] Veissière SPL and Stendel M (2018) Hypernatural Monitoring: A Social Rehearsal Account of Smartphone Addiction. Front. Psychol. 9:141. doi: 10.3389/fpsyg.2018.00141

[14] Hoge, E., Bickham, D., and Cantor, J. (2017). Digital media, anxiety, and depression in children. Pediatrics, 140(Supplement 2):S76{S80.

[15] Rideout, V., & Robb, M.B. (2018) « Social Media, Social Life. » Common Sense Media.

[16] Rideout, V., & Robb, M.B. (2018) « Social Media, Social Life. » Common Sense Media.

[17] Frith, E. (2017). Social media and children’s mental health: a review of the evidence. Accessed from: https://epi.org.uk/wp-content/uploads/2017/06/Social-Media_Mental-Health_EPIReport.pdf

[18] Cramer, C & Inkster B. (2017) « #StatusOfMind: Social media and young people’s mental health and wellbeing. » Status of Mind, Royal Society for Public Health.”

[19] Pew Research Centre (2022) « Connection, Creativity and Drama: Teen Life on Social Media in 2022. »

[20] Pew Research Center, août 2018, « How Teens and Parents Navigate Screen Time and Device Distractions. »

[21] Pew Research Center, août 2018, « How Teens and Parents Navigate Screen Time and Device Distractions. »

[22] HabiloMédias. (2022). “Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La vie en ligne.” HabiloMédias. Ottawa.

[23] HabiloMédias. (2023). « Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : La méchanceté et la cruauté en ligne. » HabiloMédias. Ottawa.

[24] HabiloMédias. (2023). « Jeunes Canadiens dans un monde branché, phase IV : Les relations et la technologie – Le sextage. » HabiloMédias. Ottawa.

[25] Pew Research Center, July 2020, « Parents attitudes – and experiences – related to digital technology. » 

[26] Hiniker, A., Schoenebeck, S. Y., Kientz, J. A. (2016, fevrier). Not at the dinner table: Parents’ and children’s perspectives on family technology rules. In Proceedings of the 19th ACM Conference on Computer-Supported Cooperative Work & Social Computing (pp. 1376–1389). ACM. Google Scholar, Crossref