Image corporelle – Introduction

« Il me faut une heure ou plus pour me préparer. Maquillage, coiffure, tenue. Et je dois avoir le bon éclairage, le bon angle, la bonne pose.

Maintenant, le vrai travail commence : choisir la bonne photo. Je prends plusieurs photos, en espérant qu’il y en ait une suffisamment bonne pour être publiée. Je fais défiler mes photos en disant "non, pas celle-là, pas question » à presque chacune d’entre elles.

Je suranalyse celle que j’ai choisie. Elle n’est pas parfaite, mais elle fera l’affaire. Je commence littéralement par le haut et je descends, en blanchissant tout ce qui est blanc, comme mes yeux et mes dents.

Ensuite, je m’occupe de mes imperfections, des boutons et des cicatrices. Je les efface simplement en touchant mon écran du doigt, comme s’ils n’avaient jamais existé.

Ensuite, c’est mon corps. »

– Madison O’Dell, élève de 12e année à l’École secondaire Holy Trinity[1]

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Une photographie de l'acteur Henry Cavill publiée sur les médias sociaux.

Les préoccupations relatives à l’image corporelle sont documentées : elles sont présentes chez des enfants d’à peine trois ans[2]. Toutefois, c’est à l’adolescence qu’on risque surtout de développer une attitude malsaine vis-à-vis notre propre corps en raison, justement, de cette croyance. À cet âge, les jeunes sont à construire leur identité[3] et sont particulièrement vulnérables à la pression sociale et à l’image médiatique[4]; ces facteurs peuvent grandement influencer l’image qu’ils se font d’eux-mêmes et de leur corps[5]: dès l’âge de 12 ans, les trois quarts des enfants « n’aiment pas leur corps et sont gênés de leur apparence[6] ».

S’il est de plus en plus évident qu’un corps plus gros n’entraîne pas nécessairement une détérioration de l’état de santé général[7], une piètre image de soi peut avoir des effets nocifs : une méta-analyse récente a révélé qu’un enfant ou adolescent sur cinq présentait des signes de troubles de l’alimentation[8]. En revanche, une image corporelle positive, qu’une étude a définie comme « l’acceptation, l’opinion favorable et le respect du corps, tout en rejetant les idéaux d’apparence promus par les médias comme étant la seule forme de beauté humaine », est liée à un taux de satisfaction supérieur de sa vie[9].

Les attitudes à l’égard de l’image corporelle sont également liées à l’intimidation, les enfants étant plus susceptibles d’intimider ceux qu’ils considèrent comme ayant un poids supérieur à la moyenne[10]. Les jeunes qui ont peu d’estime personnelle risquent davantage d’adopter le comportement de l’agresseur ou de la victime d’intimidation[11]. (Veuillez consulter nos ressources sur les stéréotypes sexuels et l’intimidation pour savoir comment agir en pareilles circonstances).

Dans un monde où nous sommes bombardés d’images médiatiques qui nous imposent des critères de beauté irréalistes – et provoquent notre déception lorsqu’on ne parvient pas à les atteindre – nous nous devons d’enseigner aux garçons et aux filles la littératie numérique afin de les doter des compétences voulues pour qu’ils soient en mesure de poser un regard critique sur les images masculines et féminines véhiculées dans les médias. Dans le prochain segment, nous verrons comment différents médias influencent le regard que nous portons sur nous-mêmes; enfin, nous examinerons le rôle que ces médias peuvent jouer en modifiant les représentations médiatiques qu’ils véhiculent et, du coup, notre regard et nos perceptions.

Si vous ou une personne de votre entourage avez besoin d’aide pour composer avec un trouble de l’alimentation, visitez le site du National Eating Disorder Information Centre.


[1] O’Dell, Madison. (2021) “How I used to edit my selfies to look pretty – and why I don’t anymore.” CBC News. https://www.cbc.ca/news/canada/newfoundland-labrador/unfiltered-social-media-and-mental-health-1.6267941 [traduction]

[2] Harriger, J.A., R.M. Calogero, D.C. Witherington et al. 2010. Body size stereotyping and the internalization of the thin ideal in preschool girls. Sex Roles: A Journal of Research 63: 1-5

[3] Slater, A., & Tiggemann, M. (2002). A test of objectification theory in adolescent girls. Sex Roles, 46(9/10), 343 – 349

[4] Tiggeman, M., & Pickering, A. S. (1996). Role of television in adolescent women’s body dissatisfaction and drive for thinness. International Journal of Eating Disorders, 20(2), 199 – 203

[5] Clark, L., & Tiggemann, M. (2007). Sociocultural influences and body image in 9 to 12 year-old girls: The role of appearance schemas. Journal of Clinic Child and Adolescent Psychology, 36(1), 76-86.

[6] Hill, A. (2023) “Social media triggers children to dislike their own bodies says study.” The Guardian. https://www.theguardian.com/society/2023/jan/01/social-media-triggers-children-to-dislike-their-own-bodies-says-study [traduction]

[7] Visaria, A., & Setoguchi, S. (2023). Body mass index and all-cause mortality in a 21st century US population: A National Health Interview Survey analysis. Plos one, 18(7), e0287218.

[8] Kite, J., Huang, B. H., Laird, Y., Grunseit, A., McGill, B., Williams, K., ... & Thomas, M. (2022). Influence and effects of weight stigmatisation in media: A systematic review. EClinicalMedicine, 48.

[9] Swami, V., Tran, U. S., Stieger, S., Aavik, T., Ranjbar, H. A., Adebayo, S. O., ... & Lukács, A. (2023). Body appreciation around the world: Measurement invariance of the Body Appreciation Scale-2 (BAS-2) across 65 nations, 40 languages, gender identities, and age. Body image, 46, 449-466. [traduction]

[10] Thompson, I., Hong, J. S., Lee, J. M., Prys, N. A., Morgan, J. T., & Udo-Inyang, I. (2020). A review of the empirical research on weight-based bullying and peer victimisation published between 2006 and 2016. Educational Review, 72(1), 88-110.

[11] Shelton, Sarah and Laura Liljequist. Characteristics and behaviors associated with body image in male domestic violence offenders. Eating Behaviors Volume 3, Issue 3, automne 2002, Pages 217-227.